À l'inverse de la reprise du secteur social sous ses diverses formes, y compris celle de l'accession aidée (+ 4 %), on assiste à un déclin brutal des activités liées aux décisions individuelles d'investissement dans la pierre. Le secteur non aidé a chuté de 4 % en 1981 et les mises en chantier de logements individuels, rarement locatifs, ont également régressé de 5 % pour la seconde année consécutive. Un phénomène voisin de la paralysie frappe le marché. Les vendeurs éventuels hésitent à transformer leurs biens immobiliers en biens financiers rongés par l'inflation et la fiscalité ; et les acheteurs, quand ils peuvent réunir les capitaux nécessaires, hésitent à les engager dans un bien taxable au titre de l'impôt sur la fortune. Seules échappent à ce marasme commercial les opérations de luxe de centre-ville, créneau où la demande l'emporte toujours sur l'offre.

Les premiers mois (janvier-février) de 1982 ont confirmé cet engourdissement, qui s'étend à présent à toutes les catégories de travaux, même à ceux d'entretien et d'amélioration. Par rapport au début de l'année 1981, l'activité des entreprises a diminué d'environ 5 %, et les mises en chantier de logements neufs de plus de 15 %. La chute du secteur non aidé (investissement) est spectaculaire : – 20,6 %. Et le collectif lui-même, après son réveil en 1981, retombe lourdement, avec un recul de 17 % des mises en chantier. Quant aux constructions neuves non destinées au logement, elles reflètent le déclin des investissements publics et privés, avec un recul de 27 % en début d'année et d'un tiers pour les seuls bâtiments industriels.

L'hypothèse la plus vraisemblable devrait être celle d'une reprise du bâtiment au cours de l'année 1982. La dépression est trop profonde, en effet, pour être durable sans provoquer le malaise social qu'entraîne toujours une crise du logement. S'il est peu probable, compte tenu des taux d'intérêt élevés, que les investissements du secteur privé soutiennent la conjoncture, en revanche, les crédits débloqués au titre du logement social et les efforts faits en matière de prêts aidés devraient au moins constituer un bon palliatif à la crise du bâtiment.

Travaux publics

À la différence du bâtiment, les travaux publics ont bénéficié jusqu'à présent d'un fort volume d'activité à l'étranger qui permet aux plus grandes entreprises d'afficher pour 1981, et de prévoir pour 1982 des résultats en forte croissance. Mais la masse des entreprises plus modestes, que leurs dimensions dissuadent de s'aventurer sur des marchés trop lointains, intervient sur un marché intérieur aussi déprimé que celui du bâtiment. La baisse d'activité, en volume, a été de 4 % en 1981 et sera de même ampleur en 1982, tandis qu'une progression de 4,8 % avait été enregistrée en 1980. Au total, ce marché intérieur est en retrait d'environ 7 % sur son niveau de 1974, ce qui représente une perte d'emploi pour 25 000 personnes.

Les entrées en carnets de commandes ont chuté à partir de l'été 1981 et le déficit est actuellement voisin de 10 % sur le premier semestre de l'an dernier. Cette situation, liée aux difficultés financières de l'État et des collectivités locales, ne paraît pas devoir s'améliorer prochainement et provoque l'inquiétude des milieux professionnels qui, au printemps 1982, multipliaient les appels aux pouvoirs publics.

Des clients importants, dont les commandes avaient compensé, ces dernières années, le recul de la plupart des programmes publics, font à présent défaut ou limitent leurs programmes de génie civil. C'est le cas de la SNCF, qui achève le TGV Paris-Lyon et n'a pas engagé d'autres voies du même type. Ou celui d'EDF, dont les commandes de grands chantiers électronucléaires diminuent. Celui encore de la Compagnie nationale du Rhône, qui, chargée du projet de liaison fluviale Rhin-Rhône, attend toujours le feu vert du gouvernement et des collectivités intéressées.

Quant au flot de petits travaux communaux, avec ou sans nouvelle initiative financière régionale, ils dépendent fatalement de la situation économique générale et des recettes des villes. Les taux de croissance prévus pour 1982 peuvent faire espérer un léger redressement des commandes de travaux publics, mais insuffisant pour rassurer vraiment les entrepreneurs. Il manque à la profession, entièrement dépendante des crédits publics, ce que l'État doit dépenser pour assister 2 millions de chômeurs. Cruel cercle vicieux...

Aérospatiale

Les exportations gardent un rythme satisfaisant

Une nouvelle fois, l'industrie aéronautique française a réussi à maintenir ses positions sur l'échiquier mondial ; 1981 a été une très bonne année en ce qui concerne les prises de commandes à l'exportation, avec 35,2 milliards de F contre 27 milliards en 1980 et 26,9 milliards en 1979. En francs constants, 1981 a été en fait une année record.

Coopération

Les programmes réalisés en coopération ont représenté (part française) 53 % de ces prises de commandes. Plus que jamais les programmes multinationaux constituent en effet la seule parade, face à la puissance de l'industrie américaine, car ils permettent de diviser les investissements et de réduire les risques.