Le net recul des sociaux-démocrates, qui perdent plus de 5 % des voix, profite en premier lieu aux socialistes populaires, plus à gauche, et au centre démocrate, animé par un dissident social-démocrate, Erhard Jakobsen. Le scrutin confirme également le déclin des poujadistes du parti du progrès, qui, depuis dix ans, jouaient le rôle de trouble-fête de la politique danoise en déclarant la guerre aux impôts.

Leur leader, l'avocat Mogens Glistrup, fait grise mine, un mois avant les fêtes de Noël, en apprenant le verdict d'un tribunal de Copenhague qui le condamne à quatre ans de prison ferme et à dix millions de couronnes d'amendes, pour fraude fiscale qualifiée. Il fait appel et affirme que les persécutions politiques sont aussi fréquentes au Danemark que dans les pays de l'Est.

Trois semaines après les élections et malgré l'échec sévère qu'il vient de subir, Anker Joergensen forme un nouveau gouvernement social-démocrate minoritaire (59 sièges sur 179 au Folketing) et se fixe pour objectifs le redressement de la situation économique et la relance du secteur du bâtiment et de l'agriculture. La couronne est dévaluée au mois de février 1982, de 1,8 %.

Anti-américain

La priorité est toutefois donnée à la lutte contre le chômage, qui frappe au printemps 1982 plus de 300 000 Danois, soit plus de 10 % de la population active (Journal de l'année 1980-81). Les principales victimes du sous-emploi sont les jeunes, et le cabinet veut garantir à tous les Danois de moins de 25 ans un travail ou une place de formation-études, avant le début de l'année 1984.

En politique étrangère, le Premier ministre, qui doit tenir compte d'une aile gauche pacifiste et surtout anti-américaine, durcit le ton à l'égard de l'administration Reagan, en dénonçant le double langage de Washington « qui condamne les généraux de Varsovie et soutient les militaires au Salvador, qui rend hommage à la lutte de Solidarité mais qui fait tout pour briser les mouvements syndicalistes en Amérique latine ». Les Américains, dit-il, ont des œillères.

Pacifisme

Mais le mouvement pacifiste danois connaît un dur revers lorsque la presse révèle, en décembre 1981, que l'un de ses animateurs a reçu de l'argent de diplomates soviétiques en poste à Copenhague au service du KGB, pour financer ses activités.

Au Groenland, le référendum du 23 février 1982 sur les relations avec le Marché commun donne le résultat attendu : plus de 53 % des 23 795 suffrages se prononcent pour la sortie de leur pays de la Communauté économique européenne le 1er janvier 1984. Les pêcheurs sont las de voir les chalutiers-usines européens venir opérer quasiment librement dans l'une des zones les plus riches en poisson du monde. Ils préféreraient vendre des droits de pêche aux plus offrants.

Ce référendum n'était que consultatif, mais le Parlement du Groenland a ratifié en mars le verdict des urnes, et c'est le gouvernement de Copenhague qui mènera les pourparlers avec Bruxelles, puisque le Groenland ne bénéficie que d'un statut d'autonomie interne par rapport au Danemark, depuis 1979.

Le président Mitterrand a effectué, du 28 au 30 avril, une visite officielle à Copenhague — la première d'un chef d'État français depuis vingt-sept ans.

Espagne

Madrid. 37 430 000. 75. 1,1 %.
Économie. PIB (78) : 3 999. Productions (77) : A 9 + I 32 + S 59. Énerg. (80) : 2 539. CE (78) : 9 %. P (78) : 310. Ch. (78) : 7,6 %.
Transports. (78) : 16 758 M pass./km, 9 718 Mt/km. (*78) : 6 530 400 + 1 231 500. (*80) : 8 112 000 tjb. (78) : 9 380 pass./km.
Information. (77) : 143 quotidiens. Tirage global : 4 710 000. (76) : *9 300 000. (76) : *6 640 000. (77) : 3 140 000 fauteuils ; fréquentation : 211,9 M. (78) : 10 311 000.
Santé. (76) : 64 597. Mté inf. (79) : 15,1.
Éducation. Prim. (76) : 3 624 136. Sec. et techn. (75) : 3 188 619. Sup. (75) : 540 238.
Armée.  : 342 000.
Institutions. Monarchie constitutionnelle. Constitution promulguée le 27 décembre 1978. Souverain : Juan Carlos Ier, proclamé roi le 22 novembre 1975 après la mort du général Franco. Premier ministre : Leopoldo Calvo Sotelo (25 février 1981).

Madrid parvient lentement à repousser les héritiers du franquisme et à contenir le terrorisme de l'ETA

Lentement, le visage de la nouvelle Espagne se dégage de la période de transition inaugurée à la mort de Franco, il y a sept ans. De nouvelles forces surgissent, tandis que se ternissent les images d'un passé redoutable et redouté.