De leur côté, les États-Unis s'inquiètent des progrès du pacifisme en Allemagne fédérale et s'interrogent sur la détermination de ce pays à se défendre. Le gouvernement de Washington exerce de nombreuses pressions sur Bonn pour empêcher la conclusion de l'accord germano-soviétique sur le gaz.

Par ce texte, l'URSS s'engage à livrer 10 millions de mètres cubes de gaz à l'Allemagne fédérale, à partir de 1984. L'entreprise allemande Mannesmann participera aux travaux de construction du gazoduc.

Malgré les pressions des États-Unis, les relations germano-soviétiques restent stables. Leonid Brejnev effectue un nouveau séjour à Bonn, du 22 au 25 novembre 1981. Le chef d'État soviétique renouvelle ses propositions de moratoire pour l'installation des missiles à moyenne portée en Europe pendant la durée des négociations de Genève sur les euromissiles.

Ne laissant planer aucun doute sur son attachement à l'Alliance atlantique, Helmut Schmidt se fait surtout l'interprète des thèses américaines sur la solution zéro (pas d'implantation de nouvelles fusées américaines si l'URSS retire les siennes). Le chancelier souligne à plusieurs reprises qu'il ne joue pas au médiateur entre l'Est et l'Ouest, mais qu'il conçoit son rôle comme celui d'un interprète.

La position modérée de la République fédérale dans les relations Est-Ouest s'explique par ses intérêts économiques et humains en Europe de l'Est. La rencontre entre Helmut Schmidt et Erich Honecker du 11 au 13 décembre 1981 montre les limites de cette coopération. La République fédérale ne cède pas aux exigences de Berlin-Est sur la reconnaissance des deux nationalités allemandes et sur la transformation des représentations permanentes des deux pays en ambassades.

De son côté, la République démocratique allemande refuse toute concession sur la réduction du montant du change obligatoire que les visiteurs de l'Ouest doivent effectuer pour se rendre à Berlin-Est ou en République démocratique. Le crédit commercial sans intérêt (swing) de la RFA à la RAD est cependant prolongé jusqu'en juin 1982.

Prudence

Dans le cadre d'un échange d'espions, Günther Guillaume et son épouse (Journal de l'année 1973-74), sont rendus à la RDA après avoir purgé une partie de leur peine.

La prudence de la République fédérale après la proclamation de l'état de guerre en Pologne, le 13 décembre 1981, a suscité de nombreuses critiques. Il ne faut cependant pas oublier que la réconciliation germano-polonaise est encore fragile et qu'en raison du passé national-socialiste la République fédérale ne voulait pas être soupçonnée de contribuer à la détérioration de la situation interne en Pologne.

Bonn sait aussi que la division allemande la rend très vulnérable, qu'il s'agisse de Berlin, des contacts humains entre les deux Allemagnes ou des relations économiques avec l'Europe de l'Est. La construction du Mur de Berlin en 1961 lui a appris que les protestations servent peu, face à la froide détermination des Soviétiques.

L'affaire polonaise jette une ombre sur les relations franco-allemandes, qui se sont cependant remarquablement adaptées au changement de pouvoir politique à Paris, bien que Helmut Schmidt ait soutenu Valéry Giscard d'Estaing dans la campagne présidentielle. François Mitterrand a besoin du concours de Helmut Schmidt pour des raisons économiques et le chancelier allemand apprécie le soutien sans faille du nouveau président français dans la bataille des euromissiles. La raison et les mécanismes de la coopération franco-allemande et européenne permettent de poursuivre sans heurts une œuvre amorcée dès l'année 1950.

Andorre

Andorre. 31 000. 68. 4,2 %.
Information. (78) : *6 600. (76) : *3 000.
Éducation. (75) : Prim. : 3 802. Sec. et techn. : 1 753.
Institutions. Coprincipauté indépendante. Statut réglé par les paréages de 1278. Coprinces : François Mitterrand, président de la République française, et Mgr Marti y Alanis, évêque de Seo de Urgel. Syndic du Conseil général des Vallées : Francesco Cerqueda Pascuep, élu le 4 janvier 1982 ; succède à Estanislau Sangra Font. Une réforme des institutions permet l'élection, le 8 janvier 1982, pour la première fois dans l'histoire de la Principauté d'un Premier ministre : Oscar Ribas Reig.

Gouvernement

La modernisation des institutions politiques de la principauté, vieilles de sept siècles, est résolument entamée. Pour la première fois un parti progressiste — le parti démocratique andorran (PDA) — se manifeste le 9 décembre 1981, à l'occasion du renouvellement du Conseil général des Vallées : 13 % des inscrits suivent les consignes du PDA qui appelle à voter blanc, pour manifester son opposition à la classe dirigeante qualifiée d'« incapable de promouvoir le changement ». Les 28 conseillers généraux élus élisent à leur tour, le 4 janvier 1982, un jeune syndic général des Vallées, Francesco Cerqueda Pascuep (39 ans). Autre innovation : Andorre se donne, le 8 janvier 1982, un Premier ministre, Oscar Ribas Reig élu par 20 conseillers généraux (8 se sont abstenus, sous l'influence du PDA). Juriste et homme d'affaires âgé de 46 ans, le nouveau chef de l'Exécutif se veut nationaliste libéral et réformiste. Il forme, le 11 janvier, le premier gouvernement de l'histoire andorrane.

Autriche

Vienne. 7 510 000. 89. 0.
Économie. PIB (78) : 7 730. Productions (78) : A 5 + I 42 + S 53. Énerg. (80) : 4 160. CE (78) : 21 %.
Transports. (78) : 7 308 M pass./km, 9 621 Mt/km. (*78) : 2 040 300 + 486 400. (78) : 1 030 pass./km.
Information. (77) : 31 quotidiens. Tirage global : 2 529 000. (76) : 2 185 000. (76) : 1 772 000. (77) : 173 000 fauteuils ; fréquentation : 18,1 M. (77) : 2 443 000.
Santé. (77) : 17 546. Mté inf. (79) : 14,8.
Éducation. (78). Prim. : 492 723. Sec. et techn. : 770 575. Sup. : 104 525.
Armée.  : 50 300.
Institutions. République fédérale indépendante le 27 juillet 1955. Constitution de 1920 remise en vigueur le 14 mai 1945. Président de la République : Rudolf Kirchschlaeger, réélu le 18 mai 1980 ; succède à Franz Jonas, décédé Chancelier : Bruno Kreisky.

Premières atteintes de la crise mondiale

Il est souvent question en 1981 du modèle autrichien. Il suscite des éloges du Premier ministre Pierre Mauroy, et du chef de l'État français. Extraordinaire résistance à la récession mondiale de la part de ce petit pays, charnière entre l'Est et l'Ouest : son taux de croissance est le plus élevé de l'OCDE après le Japon, son taux de chômage le plus bas de l'Europe, son inflation faible.