Après l'entrée des troupes libyennes à N'Djamena, en violation flagrante des accords de Lagos, le Nigeria prie les diplomates libyens, le 5 janvier 1981, de quitter le pays. Le gouvernement fédéral est le seul en Afrique à condamner avec autant de vigueur le projet de fusion entre le Tchad et la Libye. Et c'est sous l'influence de la délégation nigériane qu'en janvier, à la conférence de Lomé, la Libye est officiellement condamnée par l'ensemble des participants.

Coordination

Les Nigérians, qui hébergent plusieurs dizaines de milliers de réfugiés tchadiens au Bornou et dont les Libyens ont violé à maintes reprises l'espace aérien, tentent de coordonner leur politique africaine avec celles de la France et des autres États occidentaux, dont ils condamnent pourtant les rapports trop étroits avec l'Afrique du Sud (Journal de l'année 1979-80).

Ishaya Audu, ministre nigérian des Affaires étrangères, expose le 26 janvier 1981 à l'Élysée la position de son pays sur la crise tchadienne et constate son identité de vues avec le président Giscard d'Estaing. Le Nigeria, qui a commandé en décembre 1980 quatre Airbus, est le premier fournisseur et le premier client de la France en Afrique noire. Une importante mission commerciale française visite le pays en mars 1981.

Le président Shagari a été officiellement reçu à Washington, en octobre 1980. Les États-Unis, où étudient plus de 20 000 jeunes Nigérians, trouvent au Nigeria 17 % de leurs importations pétrolières. La fédération est, après l'Arabie Saoudite, le deuxième fournisseur de brut des Américains, auxquels elle exporte la moitié de sa production pétrolière.

Ouganda

Kampala. 13 220 000. 56. 3,4 %.
Économie. PIB (75) : 266. Productions (71) : A 53 + I 12 + S 35. Énerg. (76) : 48. CE (75) : 9 %.
Transports. (74) : 27 000 + 8 900. (76) : 196 M pass./km.
Information. (74) : 4 quotidiens ; tirage global : 58 000. (76) : *250 000. (76) : *71 000. (76) : 9 100 fauteuils ; fréquentation : 1,3 M. (76) : 46 000.
Santé. (77) : 436.
Éducation. (76). Prim. : 1 036 920. Sec. et techn. : 66 986. Sup. (75) : 5 474.
Armée.  : *7 000.
Institutions. Indépendant le 9 octobre 1962. État fédéral. République le 8 septembre 1967. Chef de l'État : Milton Obote, après la victoire de son parti aux élections législatives du 10 décembre 1980 qui mettent fin aux activités de la Commission militaire au pouvoir depuis le coup d'État du 12 mai 1980. Vice-président de la République : Paulo Muwanga (16 décembre 1980). Premier ministre : Otema Alimadi (17 décembre 1980).

L'anarchie persiste, malgré le retour au pouvoir d'Obote

Les Ougandais, mal remis du grave traumatisme de la sanglante dictature d'Idi Amin Dada, ne parviennent manifestement pas à reprendre le chemin de la démocratie. Et les dirigeants de Kampala continuent de tenter, sans succès, une impossible remise en ordre.

Un terrible climat d'insécurité pèse sur l'ensemble du pays. Opérant à partir du Soudan et du Zaïre, où ils ont trouvé refuge, d'anciens soldats d'Idi Amin Dada ravagent la province du Nord-Ouest, obligeant l'armée ougandaise à intervenir avec le concours des troupes tanzaniennes, toujours présentes dans le pays. Des règlements de comptes entre tribus, notamment entre Acholis, décimés sous l'ancien régime, et Madis, tribus de l'ancien dictateur Idi Amin Dada, font plusieurs dizaines de morts en février 1981. Kampala admet officiellement en mars que des miliciens ont massacré plusieurs centaines de villageois dans le Nord-Est.

L'ancien président Milton Obote avait échappé en septembre 1980, quatre mois après son retour d'exil (Journal de l'année 1979-80), à une tentative d'assassinat. Au cours du seul mois d'octobre, plus de 600 personnes trouvaient la mort à Kampala dans des agressions diverses et des attaques à main armée. Devant la dégradation de la situation, plusieurs milliers d'Ougandais se réfugiaient au Soudan : ils sont plus de 50 000 à la fin de l'année 1980. Des opposants se livrent en mars 1981 à des actions de guérilla dans la banlieue de la capitale et tuent plusieurs dizaines de soldats. On découvre en avril un charnier à proximité de l'université de Kampala.