Après l'annonce officielle par Tripoli du projet de fusion entre la Libye et le Tchad, les Nigériens donnent au personnel diplomatique libyen, « qui se livre à des activités incompatibles avec son statut », 48 heures pour quitter le pays. À la conférence des ministres des Affaires étrangères des États sahariens, qui se tient en février 1981 à Alger, S. Kountche fait part de ses inquiétudes devant la pénétration libyenne au sud du Sahara. En dépit de leurs craintes, ou peut-être à cause d'elles, les Nigériens, dont l'uranium constitue la principale ressource, acceptent de vendre une partie de leur minerai aux Libyens, qui ont décidé de se doter d'une industrie nucléaire.

Uranium

Il est vrai que la France, qui assure environ 20 % de ses approvisionnements en minerai d'uranium au Niger, refuse de se plier aux exigences financières de ses partenaires nigériens. Entre Paris et Niamey, le dialogue est difficile, en dépit de la visite, du 7 au 11 mars 1981, de Robert Galley, ministre de la Défense et de la Coopération.

L'uranium est vendu en 1981 à 330 F le kg sur le marché mondial, au lieu de 490 F en 1980. Mécontents de cette chute des cours imputable, selon eux, aux spéculations des pays consommateurs, les Nigériens sont d'autant plus revendicatifs que leurs finances publiques sont gérées avec rigueur, que les efforts déployés par leurs paysans ont permis de triompher des conséquences de la sécheresse et qu'ils se sont engagés dans une politique d'investissements dont la réussite demeure conditionnée par le maintien de rentrées régulières de devises.

Le dernier tronçon de la route de l'uranium, qui relie le massif de l'Aïr à Niamey, est inauguré en mars 1981. Peu de temps auparavant, le gisement de charbon d'Anou-Araren, dont les ressources vont permettre d'alimenter en énergie les villes minières d'Arlit et d'Akokan, a été mis en exploitation. Ce qui permettra d'éviter d'onéreuses importations de produits pétroliers. Dans une zone particulièrement pauvre et que continue de dévaster la sécheresse, le Niger donne l'exemple d'un pays dont les progrès économiques sont lents, mais continus.

Nigeria

Lagos. 80 000 000. 69. 2,8 %.
Économie. PIB (75) : 399. Productions (75) : A 26 + I 44 + S 30. Énerg. (76) : 94. CE (75) : 34 %.
Transports. (74) : 785 M pass./km, 972 Mt/km. (*73) : 150 000 + 82 000. 324 000 tjb. (77) : 456 M pass./km.
Information. (75) : 12 quotidiens ; tirage global : *613 000. (76) : *5 100 000. (76) : 105 000. (74) : *60 000 fauteuils ; fréquentation : *30 M. (76) : 121 000.
Santé. (75) : 4 248.
Éducation. (73). Prim. : 4 889 857. Sec. et techn. : 566 303. Sup. (75) : 32 971.
Armée.  : 146 000.
Institutions. État fédéral indépendant le 1er octobre 1960. République proclamée le 1er octobre 1963. Nouvelle Constitution. Chef de l'État et du gouvernement : Alhaji Shehu Shagari, élu le 16 août 1979 ; succède au général Olusegun Obasanjo, qui lui remet le pouvoir le 1er octobre 1979, mettant fin à treize ans de régime militaire.

Les émeutes de Kano entraînent la rupture avec la Libye

Les troubles religieux qui se déroulent à Kano, au cours de la deuxième quinzaine de décembre 1980, entraînent la mort de plus de 2 000 personnes. Comparable à l'hécatombe de la secte de Jim Jones, survenue en 1978 en Guyana, cette tragédie est la conséquence du fanatisme religieux.

C'est dans la nuit du 18 au 19 décembre qu'un marabout d'origine camerounaise, dénommé Mohammed Marwa, appelle ses fidèles à la guerre sainte. Les circonstances de sa mort restent aussi mystérieuses que les fondements de sa doctrine religieuse et que les accusations de sacrifices humains et d'enlèvements d'enfants lancées à rencontre de ses adeptes. Il n'en demeure pas moins qu'au Nigeria, où la violence est quotidienne, jamais, depuis la guerre civile nigéro-biafraise, des désordres n'avaient entraîné la mort d'un aussi grand nombre de personnes.

Les autorités fédérales, déjà inquiètes de l'évolution de la situation au Tchad, sont extrêmement attentives à toutes les initiatives prises par la Libye au sud du Sahara. Elles n'excluent pas une ingérence ce Tripoli dans le drame de Kano — ingérence ouvertement dénoncée par plusieurs chefs d'États africains.