Le responsable de cette enquête indique qu'aucun des membres du gouvernement n'a commis d'action illégale.

Entre-temps, J. Carter a été battu par R. Reagan, mais il ne semble pas que l'épisode Billy ait pesé lourd dans l'esprit des électeurs, au regard des grands sujets à l'ordre du jour, telle l'affaire des otages ou la crise économique.

Quatre jours avant la fin de son mandat, J. Carter fait parvenir, le 16 janvier 1981, au Congrès, son dernier message sur l'état de l'Union. Il y insiste sur la croissance de la « machine de guerre » soviétique et souligne que les dépenses américaines de défense ont diminué en termes réels, chaque année, de 1968 à 1976 (date de son élection).

Leadership

Au cours de sa cérémonie d'investiture, R. Reagan exalte, le 20 janvier, le renouveau patriotique dont il entend être le symbole, et adresse à plusieurs reprises une mise en garde à peine voilée à Moscou.

Dans sa déclaration d'intention, R. Reagan dénonce également une certaine philosophie politique qui a marqué l'histoire américaine depuis Roosevelt et qui est, selon lui, trop favorable à l'ingérence de l'État dans les affaires sociales : « Nous sommes une nation qui a un gouvernement, et non le contraire. Le gouvernement semble avoir grandi au-delà de l'assentiment des gouvernés. Il est temps d'arrêter et de renverser cette tendance. »

Dès son arrivée à la Maison-Blanche, R. Reagan met les points sur les « i ». Il affirme son intention de restaurer le leadership américain, en pratiquant une politique étrangère ferme et cohérente, qui pourra redonner confiance à ses compatriotes.

Cependant, les grandes manœuvres rhétoriques animées par son secrétaire d'État Alexander Haig et lui-même ne débouchent sur aucune initiative d'envergure. Paradoxalement, la première mesure concrète prise par la nouvelle administration — à la suite d'une retentissante offensive verbale lancée en direction de Moscou — sera la levée de l'embargo sur les ventes de céréales à destination de l'URSS (Journal de l'année 1979-80).

Salvador

Pendant plusieurs semaines, Washington accorde une importance prioritaire à la situation au Salvador. Des avertissements sont adressés à l'URSS, à Cuba, au Nicaragua, accusés d'encourager les mouvements de guérilla dans la petite république. A. Haig annonce, le 27 février 1981, un sensible renforcement du nombre des conseillers américains au Salvador.

Simultanément, les États-Unis mettent en garde leurs alliés européens et canadien contre toute initiative qui pourrait contrecarrer leur politique d'endiguement des menées révolutionnaires dans cette région. Néanmoins, l'administration Reagan semble peu désireuse de mettre le doigt dans un engrenage à la vietnamienne. À la mi-mars, elle commence à baisser le ton à propos du Salvador et fait savoir que son objectif est désormais la recherche d'une « solution politique ».

Par ailleurs, la distinction entre États autoritaires et États totalitaires faite le 31 mars par A. Haig, qui laisse entendre une mise en sourdine de la défense des droits de l'homme, se traduit par un retour en grâce de certains régimes forts d'Amérique latine, tels le Chili et l'Argentine.

La politique suivie à l'égard de l'Europe occidentale témoigne, elle aussi, d'un certain flottement. Ainsi, A. Haig affirme, le 29 mars, que les rencontres qui ont eu lieu entre des membres de la nouvelle administration et les principaux responsables européens ont permis de constater « une convergence de vues totale » entre les États-Unis et leurs alliés.

Euromissiles

Pourtant, la question du Salvador, considérée par Washington comme un test de la solidarité occidentale, et les réactions mitigées des Européens à la demande américaine de ne pas cofinancer la construction d'un aéroport international à Grenade permettent de nuancer les propos du secrétaire d'État.

Toutefois, la réunion à Rome des ministres des Affaires étrangères des 15 pays de l'OTAN se concrétise, le 5 mai 1981, par un accord sur le principe des négociations proposées par Washington à l'URSS, à propos du déploiement en Europe de missiles nucléaires à moyenne portée (euromissiles).