Le SAMU intervient très vite. Les médecins soignent le blessé sur place pendant plus d'une heure avant de le faire transporter à l'hôpital Laennec dans le service du professeur Debesse, où son état est jugé très grave. Avant de perdre connaissance, J. Fontanet a précisé qu'« on avait tiré sur lui d'une voiture ».

Bouleversés

Le projectile qui a atteint Joseph Fontanet, une balle de calibre 11,43, a perforé la cage thoracique et atteint la moelle épinière. En dépit de la rapidité des soins et d'une intervention chirurgicale longue et complexe, le patient meurt le samedi 2 février au matin. Âgé de 59 ans, il était marié et père de cinq enfants.

De nombreux hommes politiques, de la majorité comme de l'opposition, se déclarent « bouleversés » par la mort de Joseph Fontanet, dont ils s'accordent à souligner l'intégrité, la loyauté et la compétence. Rappelons quelques étapes de la vie et de la carrière de Joseph Fontanet.

Né en Savoie en 1921, il s'engage dans des études de commerce et de droit et passe son doctorat. Il milite au sein de la Jeunesse étudiante catholique. En 1943, il refuse le STO, rejoint le maquis savoyard, puis gagne l'Afrique et s'engage dans les Forces françaises libres. Il entre en politique en 1946, en adhérant au MRP dont il sera en 1951 secrétaire général adjoint. En 1956, il est député de la Savoie. Sa carrière politique commence en 1958 avec le retour au pouvoir du général de Gaulle.

Échecs

Après plusieurs postes de secrétaire d'État au Commerce et à l'Industrie, il devient ministre de la Santé. En mai 1962, il est au nombre des ministres qui quittent le gouvernement après la conférence de presse du général de Gaulle sur les dangers de l'intégration de l'Europe. En 1965, lors de l'éclatement du MRP et du lancement du Centre démocrate de Jean Lecanuet, Joseph Fontanet prend ses distances.

En 1969, avec Jacques Duhamel, il fonde le Centre démocratie et progrès, qui regroupe les partisans de Georges Pompidou. La victoire de ce dernier à l'élection présidentielle ramène Joseph Fontanet au gouvernement comme ministre du Travail puis de l'Éducation. Mais, en 1974, l'élection de V. Giscard d'Estaing marque le déclin du CDP, qui avait soutenu la candidature de Jacques Chaban-Delmas.

C'est la fin de la carrière politique de Joseph Fontanet, qui va encore connaître deux échecs :
– celui du Club de Paris, un centre de réflexion qu'il avait créé et qui ne connaît pas l'essor espéré ;
– celui du quotidien J'informe, dont la parution en 1977 cesse au bout de trois mois.

Joseph Fontanet aborde alors la dernière étape de ses activités, la SODEREC, pour laquelle il se passionnera.

Hypothèses

L'enquête sur le meurtre de J. Fontanet se révèle vite très ardue : pas de témoin, pas de piste, car la police ne prend pas au sérieux les coups de téléphone des Brigades autonomes révolutionnaires revendiquant l'attentat. Les policiers accordent plus d'attention à l'hypothèse d'un incident avec un automobiliste irascible, dont J. Fontanet aurait pu être victime. Ils écartent l'éventualité de l'agression organisée par un tueur professionnel : ce dernier aurait achevé sa victime. Et puis, rien dans la vie de Joseph Fontanet n'accrédite cette thèse.

L'enquête piétine. En février 1980, le journal le Progrès de Lyon suggère que le meurtre de Joseph Fontanet pourrait être lié au scandale du casino d'Annecy et au projet de financement d'un nouveau complexe immobilier ayant fait appel à la SODEREC. Mais cette hypothèse se révèle sans fondement.

La police trouve enfin une piste qui semble plus sérieuse, après l'arrestation d'une bande de jeunes voyous — la bande à Thérèse — et la découverte chez eux d'un pistolet qui pourrait être l'arme du crime.

Jusqu'à ce jour, aucune preuve formelle n'a pu être retenue contre le suspect numéro un. Le mystère demeure.

Raison d'État contre secret bancaire

C'est un peu du mauvais James Bond : deux douaniers français, Bernard Rui et Pierre Schultz, se font arrêter par la police suisse tandis qu'ils enquêtent sur des fuites de capitaux.