Journal de l'année Édition 1980 1980Éd. 1980

D'autre part, en première B (économique et sociale) et D (mathématiques et sciences naturelles), l'horaire de mathématiques serait accru d'une heure ; les programmes et les horaires de mathématiques et de sciences physiques seraient identiques en C, D et E. En terminale, l'horaire des sciences physiques des sections D serait aligné sur celui de C.

Ce projet suscite d'assez vives protestations. D'abord de l'Association des professeurs de mathématiques : celle-ci estime que la réduction de l'horaire de mathématiques par rapport à la seconde C actuelle favorisera les élèves les plus rapides et que l'enseignement, selon elle, sera encore plus sélectif. Des professeurs de sciences économiques et sociales ensuite. Ceux-ci contestent la disparition des sciences sociales des programmes de seconde (l'initiation prévue se limitera aux mécanismes économiques).

L'enseignement de l'histoire, d'autre part, fait l'objet d'un grand débat. Des hommes politiques de la majorité (Michel Debré comme de l'opposition (Jean-Pierre Chevènement) se joignent aux enseignants d'histoire qui dénoncent le grignotage de leur discipline. On condamne la réforme Haby (qui a introduit des questions diachroniques dans les programmes du premier cycle et rompu la chronologie) ; la fusion de l'histoire dans les activités d'éveil de l'école primaire (du coup, beaucoup d'instituteurs n'enseignent plus l'histoire) ; l'étendue jugée excessive des nouveaux programmes de quatrième (de 1789 à nos jours) ou ceux des classes terminales (de 1914 à 1945) ; l'aspect « supranational » de certains programmes d'histoire ou de géographie. Appels à l'opinion, colloques, débats se succèdent.

Trois nouveaux présidents

Les trois puissantes fédérations de parents d'élèves, qui regroupent près de deux millions et demi d'adhérents, changent de président. Dans chaque fédération, on assure que la continuité l'emporte.

Le 34e congrès de la fédération Cornec et le 61e congrès de la fédération Lagarde s'ouvrent respectivement le 24 mai à Orléans et le 15 mai à Pont-à-Mousson. Jean Cornée, à la tête de sa fédération depuis 24 ans, annonce sa démission. Son successeur, Jean Andrieu (46 ans), maître formateur à l'École normale d'instituteurs, se situe dans la même ligne politique. Objectif principal pour ce nouveau président : la bataille engagée ces derniers mois contre la fermeture des classes doit devenir une guerre de la carte scolaire.

Jean-Louis Schleret (39 ans), successeur d'Antoine Lagarde, est un libéral. Son but : poursuivre le dialogue amorcé par A. Lagarde en prônant une ouverture tous azimuts.

Henri Lefebvre, représentant des parents d'élèves de l'enseignement libre (UNAPEL), passe lui aussi la main. Il présente aux assises d'Avignon (24-26 mai) son successeur, Pierre Daniel, comme un militant chrétien et un homme d'Église.

Un mariage difficile : l'école et l'entreprise

Christian Beullac est particulièrement préoccupé par la formation professionnelle et la préparation à la vie active. Ancien ministre du Travail et ancien directeur général adjoint de la Régie Renault, le ministre de l'Éducation constate que trop de jeunes quittent l'école avant d'avoir achevé la formation qu'ils ont commencée, ou se retrouvent, à l'issue de leur scolarité, sans avoir acquis une véritable qualification. Il espère réduire le nombre des abandons, et peut-être faciliter l'accès des jeunes à l'emploi (le nombre de débutants chômeurs continue à croître en 1979-1980) en rapprochant l'enseignement du monde du travail : la formation professionnelle, affirme-t-il, est « une priorité nationale pour la décennie ».

Il poursuit les deux mesures décidées par son prédécesseur René Haby : assurer une éducation manuelle et technique à tous les élèves des collèges (de la sixième à la troisième) et l'organisation d'options technologiques en classe de quatrième et de troisième. Mais il ajoute des stages en entreprise pour les élèves et les professeurs. Il fait campagne à la fois auprès des patrons et des enseignants en faveur d'une éducation concertée rapprochant l'école et l'entreprise.

Séquences éducatives

Cette formule reçoit l'accord des responsables de la FEN — qui souhaitent aussi que l'on améliore la formation professionnelle des jeunes — et qui voient là, d'autre part, un contre-feu au développement de l'enseignement en alternance qui enlèverait aux enseignants une partie de leurs responsabilités en matière de formation. Ce sont les chefs d'établissement qui doivent trouver les stages pour les élèves. Ceux-ci sont placés sous la responsabilité pédagogique des enseignants.