Asie

Afghanistan

Kaboul. 19 800 000. 30. 2,4 %.
Économie. PIB (70) : 88. Production (75) : A 126. Énerg. (*75) : 52. C. E. (70) : 6 %.
Transports. (71) : 38 400 + 26 100. (75) : 250 M pass./km.
Information. (74) : 15 quotidiens ; tirage global : 499 000. (74) : *111 000. (70) : 12 000 fauteuils ; fréquentation : 19,2 M. (75) : 25 000.
Santé. (73) : 701.
Éducation. Prim. (73) : 621 437. Sec. et techn. (75) : *172 000. Sup. (73) : 9 399.
Institutions. État indépendant depuis 1921. République instaurée après le coup d'État du général Sadar Mohamed Daoud Khan (17 juillet 1973) qui élimine le roi Mohamed Zahir Chah. Proclamation d'une République démocratique après le coup d'État militaire du colonel Abdul Kadir qui renverse Sadar Mohamed Daoud Khan, le 27 avril 1978. Constitution en préparation. Président de la République et Premier ministre : Nur Mohamed Taraki.

Intense coopération soviéto-afghane après le coup d'État de Kaboul

Cinq ans environ après la proclamation de la république, l'Afghanistan se met à l'heure de la révolution. Une insurrection éclate au sein de l'armée, le 27 avril 1978. À Kaboul, chars et blindés encerclent le palais du président Daoud. Pendant de longues heures, insurgés et loyalistes s'affrontent dans les rues de la capitale. Le chef de l'État, sa famille et ses proches collaborateurs sont abattus « parce qu'ils refusent de se rendre ».

Sanglant

Le coup d'État est particulièrement sanglant. Le bilan, pourtant, donne lieu à controverses : 73 tués, selon un communiqué officiel ; 2 000 à 3 000 morts, d'après les estimations les plus vraisemblables. Couvre-feu et état de siège entrent en vigueur.

Un conseil révolutionnaire composé de 35 membres — dont seulement 5 militaires — est mis en place. À sa tête, un homme connu pour ses idées d'extrême gauche et sa sympathie envers l'Union soviétique : Nur Mohamed Taraki. Tout en se défendant d'être un satellite de Moscou, le nouveau régime donne la mesure du bouleversement intervenu à Kaboul : « Ce n'est pas un simple coup d'État », souligne Nur Mohamed Taraki, le 6 mai 1978, devant la presse internationale, « mais une authentique révolution préparée de longue date — depuis une quinzaine d'années — par des militants pour libérer le peuple de l'oppression de l'aristocratie. »

Qui est Nur Mohamed Taraki ? Né dans une famille de semi-paysans nomades, romancier de langue pachtou, il fut limogé de son poste d'attaché culturel à Washington pour avoir écrit un article jugé trop engagé par Kaboul. Il fonde, en 1965, le parti démocrate et populaire (PDP), qui plaide pour l'instauration d'un système socialiste. Il soutient Daoud lorsque celui-ci renverse la monarchie, le 17 juillet 1973 (Journal de l'année 1973-74). Quatre ans plus tard, le PDP, ou Khalq (le Peuple), se réconcilie avec le parti Parcham (le Drapeau), qui s'était séparé de lui en 1967, à l'instigation de Karmal Babrak. La gauche clandestine est de nouveau unie. L'assassinat, le 18 avril 1978, de Akbar Khyber, ancien chef du Parcham et professeur réputé, met le feu aux poudres. Ses obsèques tournent à la manifestation antigouvernementale. Daoud réplique en arrêtant Taraki et Babrak (26 avril). Dès le lendemain, tous deux sont libérés par le colonel Abdul Qadir, le principal auteur du putsch.

Réformes

Aujourd'hui, Taraki, à 61 ans, est président de la République et chef du gouvernement, Babrak vice-président. La plupart des nouveaux ministres appartiennent à la classe moyenne urbaine — technocrates, ingénieurs, universitaires — et aux partis Parcham et Khalq. Le cabinet comprend seulement trois militaires. Tout en refusant l'étiquette communiste, le nouveau régime afghan préconise de profondes réformes politiques et économiques. Nur Mohamed Taraki annonce le 9 mai un plan en trente points prévoyant notamment la réalisation d'une réforme agraire (amorcée par Daoud), l'abolition du féodalisme dans les régions isolées et montagneuses, la généralisation de l'enseignement primaire et l'établissement d'une stricte égalité entre les sexes.