Éducation

Primaire et secondaire : lente mise en place de la réforme Haby

La réforme Haby, après deux ans de controverse (Journal de l'année 1974-75 et 1975-76), prend sa forme définitive, en même temps que son objectif se restreint à la scolarité obligatoire ; la réforme du deuxième cycle est retardée : le gouvernement décide de créer, à la rentrée 1977, des classes de seconde expérimentale, avant d'entreprendre la réorganisation proposée par René Haby, qui faisait une grande place à des enseignements à option librement choisis par les élèves. Quant à la formation des enseignants, malgré son importance, elle semble remise sine die.

Sur le premier point, les projets du ministre se heurtent à l'opposition d'Alice Saunier-Seïté, secrétaire d'État aux Universités, qui redoute que le baccalauréat Haby ne soit plus facile que l'examen actuel et n'aboutisse à un engorgement des sections littéraires des universités.

Sur le deuxième point, l'opposition vient des universitaires plus que du secrétaire d'État : René Haby veut restreindre le plus possible leur liberté d'intervention, pour donner plus d'homogénéité à la formation des professeurs.

Changements

Ils seront progressifs et limités au cours préparatoire :
– ils portent, pour l'essentiel, sur un aménagement plus souple des programmes, et la mise en place, en favorisant le travail collectif des maîtres, d'une pédagogie plus active qui tiendra davantage compte des différences entre les enfants ;
– le cours préparatoire ne sera pas étalé sur deux ans pour les élèves en difficulté. L'apprentissage de la lecture et de l'écriture pourra se prolonger au cours élémentaire ;
– en français, la priorité est donnée à l'expression orale (récit, jeux dramatiques, création de poésies ou de contes, diction), et les maîtres devront corriger les fautes et améliorer les expressions en prenant soin de « ne pas inhiber la spontanéité » ;
– en mathématiques, retour en arrière : les ensembles, qui avaient été introduits avec l'intention d'amener progressivement aux mathématiques modernes, cèdent du terrain au profit du calcul plus traditionnel et des jeux de construction et de découpage... ;
– géographie et histoire : l'initiation se limitera à un passé récent, à l'étude du quartier ou du village à l'aide de documents (cartes postales, journaux, par exemple) et d'enquêtes.

Aux activités manuelles habituelles on ajoute le maniement d'appareils courants, comme les magnétophones ou les postes de radio.

Le ministère invite les instituteurs à collaborer pour choisir les activités et les exercices. Il propose :
– d'utiliser les méthodes actives plutôt que la répétition pour faciliter l'apprentissage ;
– de doser les exercices en fonction des capacités ;
– de prévoir des travaux en groupe pour les enfants qui éprouvent des difficultés ; et, lorsque celles-ci paraissent sérieuses, « pour des raisons d'ordre physiologique ou affectif », d'organiser des séances de travail particulières, ou, si beaucoup d'élèves sont en retard, d'organiser la classe en groupes de niveaux différents selon les disciplines.

Un mélange que l'on retrouve aussi dans l'« éducation morale et civique », qui préoccupe le ministre : « il s'agit, écrit-il, de forger les cadres et les ressorts de la vie morale de l'homme et du citoyen », mais, précise-t-on, en évitant le dogmatisme et en préconisant le système coopératif pour l'organisation de la classe. La difficulté est plutôt de faire passer les principes dans les faits.

Sixième

Les changements ici seront plus visibles à la rentrée 1977 et soulèvent plus de difficultés. René Haby, partant du principe que tous les enfants doivent suivre les mêmes enseignements en sixième (les filières sont supprimées), veut définir un bagage culturel minimal que tous devront posséder à la fin de la classe de cinquième.

À la liste des matières enseignées en sixième, il en ajoute une nouvelle : les sciences physiques. R. Haby fait opérer une refonte générale des programmes, dans un sens plus réaliste : on atténue le caractère excessivement encyclopédique des programmes anciens.