La vie religieuse

Catholiques

La « fidélité mal comprise » des intégristes inquiète le Vatican

Au début de mars 1977, la santé de Paul VI, qui doit fêter son quatre-vingtième anniversaire en septembre, donne à nouveau quelques inquiétudes. En fait, il ne s'agit que d'une affection bénigne. Mais cela suffit pour que reprennent les spéculations, devenues habituelles depuis cinq ans, sur une éventuelle démission du souverain pontife. La plupart des observateurs en excluent l'hypothèse. Ils soulignent au contraire que le pape demeure toujours aussi actif et continue de mener les affaires de l'Église d'une main ferme. Certes, son activité réformatrice est beaucoup moins importante qu'au lendemain du Concile, mais l'administration du Vatican, sous son impulsion, poursuit ses efforts en trois directions : la préparation du synode de l'automne 1977, les relations avec les partis et les pays communistes, et le maintien de l'unité et de la discipline à l'intérieur du catholicisme.

La réunion du synode, que l'on compare souvent à un sénat de l'Église, doit être consacrée cette fois-ci à l'immense problème de l'évangélisation ; elle est surtout préparée par les commissions spécialisées et les épiscopats nationaux. Bien qu'elle représente un travail considérable, cette préparation ne suscite ni grands débats ni grandes passions.

Communisme

Les relations avec le communisme posent plus de problèmes. Tout d'abord parce que les communistes s'installent, si l'on peut dire, sous les fenêtres du Vatican, en conquérant la mairie de Rome. Le 3 janvier, le pape reçoit pour la cérémonie traditionnelle des vœux le nouveau maire communiste de la ville, Guilio Carlo Argan. On attend cette première rencontre avec d'autant plus d'intérêt que Paul VI n'avait pas hésité, avant l'élection, à dire quelles craintes lui inspirait la perspective de voir une municipalité de gauche au Capitole. Dans son discours de bienvenue, le pape manifeste une certaine réserve. Il souhaite que « le caractère unique » de Rome, centre de référence de la foi chrétienne, « soit toujours pris en considération, qu'il ne soit pas oublié et encore moins entravé ». À quoi C. Argan répond : « Le sacré est l'antithèse même de tout ce qui est marché, recherche exclusive et obsédante du profit. En combattant l'exploitation spéculative du sol romain, on défend en même temps sa sacralité et son historicité. »

Faibles résultats

Mgr Agostinho Casaroli, le prélat qui est spécialement chargé des relations avec les pays de l'Est, poursuit dans le même temps ses efforts en vue d'améliorer le sort des Églises dans ces pays. Il le fait avec autant de détermination que par le passé, mais plus de discrétion encore si c'est possible. On ne dissimule pas, pourtant, dans les milieux informés du Vatican, que les fruits de tant d'efforts demeurent bien minces. On se montre surtout inquiet du sort de l'Église tchécoslovaque, où les ordres religieux ont été interdits et qui est contrainte à une quasi-clandestinité pour certaines activités. Recevant, le 18 mars 1977, cinq évêques de ce pays, Paul VI exprime sa solidarité avec « ceux qui se trouvent dans la tribulation, dans la douleur ».

En Pologne, l'inquiétude est avivée par une conférence du ministre Kasimir Kakol, chef de l'office des cultes, qui déclare : « Nous n'admettrons jamais l'évangélisation en dehors de l'Église. Nous ne permettrons jamais l'éducation religieuse des enfants, de la jeunesse. Nous ne souffrirons pas d'influence quelconque de l'Église sur la vie culturelle et sociale. » Ce que le cardinal Wyszinski commente en ces termes, le 20 août 1976 : « Il est toujours utile d'éviter les illusions. » À la fin d'octobre, le prélat, qui vient d'avoir 75 ans, se rend à Rome et présente, comme le font d'ordinaire les évêques qui atteignent cet âge, sa démission à Paul VI, qui la refuse.

On précise à cette occasion, au Vatican, que le gouvernement polonais lui-même avait demandé au pape de ne pas l'accepter. L'Église polonaise demeure très vivante : 4 705 jeunes sont dans les séminaires, contre 4 386 en 1975 et 4 088 en 1971.