Désormais, la grande affaire du CNES est la réalisation de la fusée Ariane, premier lanceur important destiné, à partir de 1981, à mettre en orbite les satellites européens ; elle permettra de rompre le monopole américain, qui interdit actuellement l'exploitation commerciale des excellents satellites de télécommunications franco-allemands Symphonie. Le CNES occupe 1 040 personnes. Il fait travailler indirectement près de 3 000 personnes, qui se consacrent aux études ou à la production de l'industrie spatiale. Les deux tiers de son budget (1,2 milliard de F) concernent des programmes européens. Malgré la crise économique, les moyens mis en œuvre par la France et ses partenaires de l'Agence spatiale européenne doivent permettre, au cours des années 1980, l'accès de l'Europe aux applications pratiques et commerciales de l'espace : radionavigation, météorologie, détection des ressources terrestres et surtout télécommunications, y compris la diffusion d'images de télévision directement du satellite aux téléviseurs.

Astronomie

Le cœur de notre Galaxie est-il explosif ?

Le cœur de notre Galaxie est pratiquement inaccessible à l'observation optique. Mais, au cours de ces dernières années, la radioastronomie (grâce à la raie de 21 cm de l'hydrogène neutre) et l'astronomie en infrarouge y révèlent une extraordinaire concentration de masse et d'énergie. Dans un diamètre de 200 années de lumière autour du centre galactique, on estime qu'il existe environ 500 millions de masses solaires, soit le quart de ce que contient toute la Galaxie dans un diamètre de plus de 100 000 années de lumière. Certaines étoiles de la région centrale rayonnent autant d'énergie qu'un million de soleils. Enfin, à quelque 10 000 années de lumière du centre, on a trouvé deux nuages annulaires d'hydrogène, qui s'éloignent du centre à des vitesses l'un de 50 km/s, l'autre de 135 km/s.

Simulant ces phénomènes sur ordinateur, deux astronomes américains, Sanders et Wrixon, concluent qu'ils résultent d'une explosion libérant l'énergie correspondant à la dématérialisation de 10 000 masses solaires. De telles libérations d'énergie ne s'observent que dans des objets dits « galaxies de Seyfert. » considérés comme intermédiaires entre les galaxies et les quasars. L'hypothèse des astronomes américains est que notre Galaxie passe par des phases explosives, au cours desquelles elle se comporte comme une galaxie de Seyfert. Ensuite viendrait une période de calme, pendant laquelle la matière éjectée retomberait peu à peu vers le centre, amorçant une nouvelle explosion.

Pour comprendre ce qui se passe dans le cœur de notre propre Galaxie, il importe de mieux connaître les galaxies lointaines. Pour y parvenir, les astronomes européens disposent, depuis novembre 1976, d'un nouveau télescope, d'un diamètre de 3,60 m. Il est installé au Chili, sur le mont La Silla, à 500 km au nord de Santiago et à 2 400 m d'altitude. Il a commencé à explorer le ciel austral, beaucoup moins bien connu que l'hémisphère Nord.

À Zelentchouk, dans le Caucase, on attend la mise en service, en 1977, du plus grand télescope du monde. Avec son miroir de 6 m de diamètre, il dépasse le célèbre instrument du mont Palomar, auquel on doit jusqu'ici les plus grandes découvertes de l'astrophysique. De plus, il est couplé par ordinateur avec un radiotélescope.

Enfin, les Canadiens inaugurent, l'année prochaine, sur le mont Mégantic, un télescope de 1,58 m d'ouverture, qui entrera en service au moment où s'ouvrira, à Montréal, le congrès de l'Union astronomique internationale.

Géologie

La Terre va-t-elle vers une nouvelle glaciation ?

La sécheresse qui a frappé l'Europe, et particulièrement la France, durant le printemps et l'été 1976, donne un regain d'intérêt aux recherches en cours sur les variations du climat terrestre. Allons-nous vers une nouvelle glaciation ou, au contraire, vers un réchauffement progressif ?

La pénurie des précipitations va-t-elle s'aggraver, menaçant de transformer en déserts de vastes régions agricoles ? À ces questions, les spécialistes apportent des réponses discordantes.

CIA

À la veille de la réunion de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, la CIA (Central Intelligence Agency) ranime un rapport sur l'évolution climatologique qu'elle a établi en 1974, et lui assure une publicité massive dans les pays occidentaux. Fondée sur les travaux de Reid Bryson, de l'université du Wisconsin, cette étude prévoit, pour les prochaines années, un refroidissement accentué de la biosphère terrestre avec aggravation de la sécheresse. Conséquence : baisse (pouvant aller jusqu'à 50 %) de la production agricole en Europe, en Asie et même au Canada ; famines répétées en Chine et en Inde. Seuls les États-Unis seraient épargnés.