Il y a, bien sûr, des quantités d'autres genres, moins connus, en désuétude ou qui verront le jour. Il y a aussi ces éternels inclassables, comme Frank Zappa (à Paris, en février), évoluant d'une frontière à l'autre, reculant toujours les limites de l'invention musicale. Mais les génies de cette taille sont rares, et, pour se vendre, un artiste doit se conformer à une image qui permettra au public non averti de s'y retrouver. Show business oblige.

Festivals

Le jeu des étiquettes peut s'avérer profitable à un organisateur de spectacles. Il monte alors un festival avec celle qui marche le mieux. C'est ainsi que, croyant que le jazz rock peut rameuter les foules, Michael Lang (du festival de Woodstock) loue le circuit Paul Ricard, dans le Midi, pour une autre saga de trois jours d'amour, de paix et de musique. La formule ne fait plus recette, et le jazz rock n'intéresse que cinq mille personnes. On en attendait cent mille. Première déception de l'été.

Quelque temps plus tard, l'organisateur des Rencontres musicales d'Arles se voit interdire son festival par une municipalité soucieuse d'électoralisme. Deuxième frustration et banqueroute pour un généreux mécène. Enfin, la commune d'Orange refuse à son tour de laisser les hordes de jeunes spectateurs envahir les gradins de son théâtre antique. Seul rescapé de cet été désastreux : le petit festival punk de Mont-de-Marsan. Un signe d'une époque ? La grande machinerie pop a vécu de beaux jours, mais elle nécessite trop d'investissements, trop de puissance acoustique, et elle suscite trop de difficultés, de heurts avec les forces traditionnelles. Voici venu le temps des petits concerts, des instruments bon marché, d'une musique plus simple et plus directe, faite par des jeunes qui ont l'âge de leur auditoire. Avec la crise, voici le temps des punks.

Cela n'empêchera pas le show business de continuer à fabriquer de la musique pour servir tous les goûts, et à lui inventer, bon an mal an, quelques nouveaux labels ronflants. Le public y trouvera-t-il son compte ? Il semble qu'en France on le considère de plus en plus avec mépris. La légèreté des organisateurs de festivals, pour ne pas dire leur indélicatesse, en est un triste exemple. Les concerts parisiens ont lieu dans des abattoirs désaffectés, pleins de poussière et de froid, à l'acoustique et au service d'ordre un peu trop musclés. Le rock est victime de son succès. Et les trop grands noms attirent de trop grandes foules que l'on ne sait plus où parquer — au sens littéral du mot.

Quelques organisateurs ont cependant essayé d'apporter des remèdes à une situation qui se dégrade rapidement. L'un d'eux, par exemple, monte régulièrement des spectacles où, au cours d'une journée, se rencontrent des musiciens, des jongleurs, des trapézistes, des cracheurs de feu dans une ambiance de fête. Sous ces auspices se déroulent les festivals Bas Rock, en novembre 1976, Beau Rock, en février 1977, et la réunion, en un seul concert gigantesque, de tous les anciens musiciens du Gong et de leurs groupes respectifs, en mai. La formule rencontre l'adhésion du public et ne semble pas poser plus de problèmes d'organisation que les tristes rassemblements aux abattoirs. Alors, pourquoi pas la fête partout ? Seules sont en cause les motivations profondes des monteurs de spectacles. Les uns veulent gagner le maximum d'argent le plus vite possible. Les autres ont simplement envie d'offrir un plaisir. Dans l'univers clos et dur du show business, la qualité la plus rare est, comme ailleurs, la générosité.

Télévision

Défense de sortir du cadre

L'expérience semble acquise pour beaucoup : la réforme de 1974 (Journal de l'année 1974-75) n'a pas été bénéfique pour la télévision. Elle aurait même accentué son caractère ambigu : la télévision ne cherche-t-elle pas à bénéficier des avantages de la privation (recettes publicitaires), tout en gardant la caution morale de l'État, à l'ombre de la loi du monopole ?

Malaise

Les professionnels du petit écran ressentent de plus en plus ce malaise et l'expriment à haute voix, à la fin du mois de septembre 1976, aux Rencontres internationales de télévision, à Aix-en-Provence, alors qu'ils s'interrogent sur leur mission.