Même phénomène contre la militarisation des États, contre les ventes d'armes ou l'implantation de centrales nucléaires (en France, Allemagne, Suisse, Italie, aux États-Unis, etc.).

Dans un ordre d'idées parallèle, front commun également pour la libération de la femme : témoin la conférence sur le sexisme tenue sous l'égide du COE à Berlin (juillet 1974). C'est en partie cette impulsion nouvelle qui, dans sa totalité, stimule les relations internes aux Églises.

Le 8e séminaire de Strasbourg (juillet 1974) sur les ministères dans le contexte actuel, les travaux du groupe officieux des Dombes sur la même question, les interrogations sur l'action chrétienne aujourd'hui de la Conférence chrétienne pour la paix (Madagascar, octobre 1974), la concertation à Genève (novembre 1974) des responsables des Églises européennes non romaines et des responsables des conférences épiscopales catholiques, la façon de célébrer, enfin, le 8e centenaire du Concile œcuménique de Lyon, qui fut une tentative pour l'unité, n'en sont-ils pas les signes ?

ACAT

L'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture a été créée à la suite d'une visite en France du pasteur italien Tullio Vinay, dénonciateur passionné, avec d'autres personnalités catholiques, du sort réservé aux 250 000 prisonniers politiques de la 3e force, détenus par le régime de Saigon du général Thieu, dans des camps ou même dans les sinistres cages à tigres ou à bœufs. Enfin libérés en avril 1975.

Orthodoxes

Peu d'événements proprement religieux qui soient très significatifs, cette année, dans les Églises orthodoxes. Mais trois d'entre elles (celles de Grèce, de Chypre et d'Éthiopie) ont subi le contrecoup des bouleversements politiques qu'ont connus leurs pays. Phénomène inévitable dans des Églises traditionnellement très liées au pouvoir civil.

Grèce

Le nouvel archevêque d'Athènes, Mgr Séraphim, à la veille de la crise de Chypre, fait déposer neuf évêques. Il leur reproche d'avoir été illégalement nommés par son prédécesseur, Mgr Hiéronymos, et d'avoir été, comme ce dernier, des hommes du colonel Papadopoulos, renversé en novembre 1973. Cela ranime les querelles au sein de l'Église. Mgr Séraphim est accusé à son tour d'être trop lié au général Ghizikis, successeur de Papadopoulos.

Le peuple (y compris dans les milieux les plus croyants) est las de ces querelles et se montre très sévère à l'égard de la hiérarchie. Cependant le gouvernement démocratique de Constantin Caramanlis se garde bien de procéder à l'épuration de l'Église réclamée par certains. Il affronte suffisamment de difficultés pour ne pas en chercher d'autres. Aussi préfère-t-il temporiser dans l'espoir de voir les esprits se calmer. Il reconnaît implicitement que l'élection de Mgr Séraphim est canonique, au lieu de la casser comme certains le souhaitaient. Mais il demande à la hiérarchie de mettre au point une nouvelle charte constitutionnelle de l'Église, plus démocratique que la précédente. Cette charte prévoit notamment que l'archevêque d'Athènes et de toute la Grèce sera désormais élu directement par la hiérarchie, sans intervention de l'État. Auparavant, le pouvoir civil désignait l'archevêque sur une liste de trois candidats élus par l'ensemble des évêques.

Après être restée dans l'expectative à l'égard du nouveau pouvoir, l'Église de Grèce élève la voix en mars 1975 : le saint-synode se déclare opposé au mariage civil, « institution contraire aux traditions gréco-chrétiennes », et au divorce automatique après une période de suspension de la vie commune entre les époux.

Chypre

Chassé de son poste de président de la République en juillet, Mgr Makarios l'est en outre de celui d'archevêque de Chypre, chef de l'Église autocéphale de ce pays. Ses adversaires s'empressent de faire nommer archevêque par intérim le vieil évêque de Paphos, Mgr Gennadios, 81 ans, qui, en 1973, avait déjà voulu destituer Mgr Makarios.

De retour à Chypre le 7 décembre 1974, Mgr Makarios entend retrouver ses fonctions ecclésiastiques comme il reprend possession de son poste de président de la République. Ses adversaires reconnaissent-ils son autorité sur l'Église ? La nouvelle situation qui est celle de l'île depuis l'invasion turque ne leur permet guère de s'exprimer. Une certaine confusion règne, en fait, dans l'Église de Chypre.

Éthiopie

La puissante Église copte orthodoxe était l'un des piliers du trône du négus, l'empereur d'Éthiopie. Avec ses richesses foncières et ses 200 000 prêtres, elle encadrait solidement le peuple d'Abyssinie. La révolution militaire qui a renversé l'ancien régime doit compter avec cette Église, séparée du reste du monde chrétien depuis le concile de Chalcédoine en l'an 451.