Les méfaits de la concurrence sont bientôt ressentis, notamment lors de la diffusion simultanée sur TF1 et A2 d'un événement sportif auquel certains téléspectateurs souhaiteraient échapper.

Et le téléspectateur moyen de se demander : à quoi bon tous ces changements, puisque les compressions budgétaires étouffent les projets et que les vraies nouveautés sont si limitées ?

Radio

La concurrence reprend à la faveur des changements

La guerre des radios, que l'on croyait calmée, se rallume.

Les chaînes nationales, durant les derniers mois d'existence de l'ex-ORTF, s'enlisent dans des grèves qui les asphyxient ; il leur faudra ensuite faire face à la difficile mise en place de la réforme. RTL et Europe no 1 sont secoués par de profonds remous internes.

Radio pirate ?

Maurice Séveno, une des têtes d'affiche de la télévision avant 1968, prépare activement la première station de radio du parti socialiste. Radio PS devrait émettre à partir de Noël 1975, en modulation de fréquence, des programmes destinés à dix millions d'auditeurs, dans un rayon de 70 km autour de la capitale. Trois tranches, de trois heures chacune, sont prévues le matin, à midi et le soir pour cette station qui, si elle voit le jour, restera pirate tant que le monopole sera maintenu.

Rivalités

Radio Monte-Carlo, grâce à son nouvel émetteur installé à Roumoules (non loin de Manosque), arrose, dès octobre 1974, la plus grande partie du territoire français, triplant sa zone d'écoute. Désormais, France-Inter, RTL, Europe no 1 et RMC disposent d'une puissance sensiblement égale.

La station RMC, qui appartient pour plus de 80 % à l'État français, par l'intermédiaire de la Sofirad, émet en grandes ondes sur le territoire français, en ondes moyennes et ondes courtes vers l'Italie, où elle compte deux millions et demi d'auditeurs (de 7 h 30 à 21 h, flashes d'information et musique), et diffuse de nombreuses émissions religieuses dans le monde, en ondes courtes. D'autre part, son émetteur de Chypre (ondes moyennes en arabe et en français) la place au deuxième rang, derrière la BBC, au Moyen-Orient.

Dans la région rhodanienne, parfaitement inondée depuis l'installation du nouvel émetteur, RMC inaugure une ministation a Lyon. RTL répond immédiatement par l'organisation d'un bureau permanent et une opération de charme ; pendant neuf jours, toutes les émissions se font à Lyon, où l'équipe au grand complet a été transplantée. Des expériences semblables se feront dans d'autres grandes villes de province.

La nouvelle grille de RMC doit obéir à trois objectifs : conserver le style décontracté qui a fait son succès, garder un caractère régional et se différencier de RTL et Europe no 1. Le poste monégasque choisit la bonne humeur et la gentillesse. Georges de Caunes, Frank Lipsik, René-Victor Pilhes, Pierre Hiégel, Jean-Pierre Foucault, Julien Lepers ont des rendez-vous réguliers avec les auditeurs. L'information, assurée grâce à une liaison permanente entre les rédactions monégasque, lyonnaise, bordelaise, marseillaise, toulousaine et parisienne, est commentée par des chroniqueurs comme Marcel Pagnelli, Jean-Claude Vajou, Jean-Michel Royer, Pierre Cordelier, Raymond Thévenin, Jean-Pierre Farkas. Les émissions commencent dès 5 h 30.

Crises

À Europe no 1, le licenciement brutal de Maurice Siégel, qui collaborait à la station depuis vingt ans et la dirigeait depuis treize, provoque une crise. La Sofirad étant une société contrôlée par l'État (qui possède plus de 37 % des actions de la station), on parle d'attaque à la liberté d'expression. Jean Gorini, directeur général adjoint, démissionne pour entrer à RTL comme conseiller auprès du directeur de l'information Claude Darcey ; Georges Leroy, directeur de la rédaction, entre à la télévision nationale ; Pierre Meutey passe à la presse écrite. André Arnaud, après un mois de réflexion, obtient des garanties et reprend le journal de 13 heures. C'est Étienne Mougeotte, rédacteur en chef, qui prend la direction de l'information. La crise passe, une commission d'arbitrage est créée, un accord est signé, visant à la protection de la liberté de l'information. Les auditeurs retrouvent régulièrement leurs animateurs dont Gérard Klein et Pierre Bellemare. De nouvelles grilles sont mises en place. Un effort particulier est fait pour un renouvellement. Objectif prioritaire : faire une radio jeune. L'information est commentée par Jean-Claude Kerbouch, Guy Thomas, Ivan Levaï, Jean-François Kahn, Philippe Bauchard.