Amérique

Canada

Ottawa. 22 130 000. 2. 1,6 %.
Économie. PNB (72) 4 805. Production (72) : G 163 + A 104 + I 170. Énerg. (*72) : 10 757. C.E. (72) : 19 %.
Transports. (*72) : 3 288 M pass./km, 180 535 M t/km. (*72) : 7 407 300 + 2 059 200.  : 2 423 000 tjb. (72) : 8 787 M pass./km.
Information. (72) : 121 quotidiens ; tirage global : *5 074 000. (72) : *17 932 000. (71) : *7 610 000. (70) : 666 000 fauteuils ; fréquentation : 92,3 M. (72) : 10 979 000.
Santé. (71) : 32 625. Mté inf. (72) : 17,1.
Éducation. (70). Prim. : 3 824 320. Sec. et techn. : 1 978 564. Sup. : 481 674.
Institutions. État fédéral indépendant en 1931 (Statut de Westminster). Constitution de 1867. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : Jules Léger. Premier ministre : Pierre Elliott Trudeau.

Incertitude politique alourdie par une série de scandales

Une instabilité politique, accentuée par une récession économique sans précédent, facilite le retour à Ottawa d'un gouvernement fort. Plusieurs scandales minent les institutions politiques et sapent la crédulité des Canadiens dans leurs politiciens.

Confiance

Les Canadiens qui souhaitent un gouvernement majoritaire se rallient, le 8 juillet 1974, lors d'élections générales, au parti capable d'y parvenir. Ils reportent au pouvoir le Parti libéral, lui assurant une majorité confortable des sièges au Parlement fédéral. Après la sévère leçon que les électeurs lui ont infligée en 1972 (Journal de l'année 1972-73), le Premier ministre Pierre Elliott Trudeau retrouve leur confiance.

Ce scrutin, qui met également fin au ressac des anglophones contre ce qu'ils appellent le French Power (le pouvoir français d'Ottawa), accorde 141 circonscriptions aux libéraux (32 de plus qu'aux dernières élections) et seulement 95 à l'opposition officielle conservatrice (12 de moins que ce qu'elle détenait). Quant aux tiers partis, ils accusent un recul prononcé : le Nouveau Parti démocratique (NPD) perd 15 sièges, n'en obtenant que 16, tandis que le Crédit social (CS) est évincé de 4 circonscriptions, n'en conservant que 11, toutes dans la province de Québec.

Si les résultats du scrutin (le 30e depuis le début de la Confédération en 1867) confirment le pouvoir des libéraux, en revanche ils marquent la défaite, le retrait ou encore le déclin des trois chefs des partis d'opposition. David Lewis, leader du NPD, succombe dans sa circonscription de Yord-Sud, en Ontario, aux élections qu'il avait lui-même provoquées. Il paie ainsi la rançon de la décision douteuse qu'il avait prise de renverser, le 8 mai 1974, le gouvernement Trudeau sur une motion de censure qui condamnait le budget anti-inflationniste du ministre des Finances, John Turner. De son côté, le chef du Parti conservateur, Robert Standfield, dont on conteste le manque de dynamisme, annonce, le 14 août 1974, son départ de la scène politique canadienne. Les déboires de son parti, en quête de l'insaisissable majorité à la Chambre des communes, lui sont imputés et signalent aux militants conservateurs l'urgence de son remplacement. Enfin, le leadership du dirigeant du CS (crédit social), Real Caouette, abattu par la maladie, est remis en question par ses propres députés, qui ne lui pardonnent pas l'accumulation de ses erreurs de stratégie.

Le 8 août 1974, le Premier ministre P. E. Trudeau forme son gouvernement. Il confirme dans leur fonction 16 ministres, en mute 8 autres et en désigne 4 nouveaux, assurant ainsi l'équilibre entre le renouvellement et la continuité. À l'ouverture de la session parlementaire, le 26 septembre, il maintient les orientations politiques déjà tracées et lance un appel à l'effort concerté des Canadiens pour juguler l'inflation. La politique économique du gouvernement libéral se fonde sur l'augmentation de la production, la restriction des dépenses et la répartition des revenus.

Événements

La campagne électorale qui précède l'élection sans surprise d'un gouvernement majoritaire n'étonne personne. Les partis politiques proposent les mêmes thèmes déjà claironnés aux élections de 1972, et sur lesquels les électeurs n'avaient pu se prononcer. Les programmes des partis ne sont, à cet égard, que les pâles reflets de ce qu'ils propagent depuis deux ans : les libéraux insistent sur le budget Turner, mais mettent surtout l'accent, une fois de plus, sur l'unité nationale ; les conservateurs réclament, comme ils l'ont fait à maintes reprises, le gel des prix et des salaires pour contrer l'inflation ; les néo-démocrates dénoncent toujours les grandes entreprises et leurs profits excessifs : les créditistes réitèrent la même promesse d'une politique de salaire minimal garanti.