Il apparaît en définitive que peu d'efforts sont faits par les pouvoirs publics pour favoriser le renouveau des universités. Faut-il croire que l'État, comme certains l'en accusent, a décidé de jouer, contre l'Université, d'autres moyens de formation ? L'exemple de l'éducation permanente est un autre indice d'une telle orientation.

L'université corse

Annoncée en juillet 1973 par Jérôme Monod, délégué à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR), la création d'un centre universitaire en Corse était réclamée depuis de longues années par les élus et la population de l'île. Les régionalistes, en particulier, en avaient fait une de leurs revendications. La décision des pouvoirs publics d'installer ce centre à Ajaccio à partir de 1976 (rendue publique en décembre 1973) suscite la protestation des insulaires. Pour eux, c'est à Corte, siège au dix-huitième siècle d'une éphémère université corse, que l'établissement doit être ouvert. Le Conseil général, consulté, refuse de se prononcer sur le lieu d'implantation du futur centre, mais souhaite la création d'une université complète et non pas limitée aux enseignements du premier cycle. Le gouvernement, pour sa part, n'est pas désireux de mettre en place les trois cycles de l'enseignement supérieur : il veut seulement développer en Corse, selon Joseph Fontanet, « les moyens de formation adaptés à l'évolution des débouchés locaux ». Selon cette conception, le centre universitaire (axé sur des enseignements de types juridique, économique, administratif et social) aurait pour mission de favoriser, au terme de deux années d'études supérieures, l'insertion des jeunes dans la vie professionnelle. À l'issue du premier cycle, ils auraient le choix entre continuer leurs études sur le continent ou acquérir sur place « une formation complémentaire à vocation professionnelle adaptée ».

Le paradoxe des reçus-collés

La situation des reçus-collés en médecine est définitivement réglée par un arrêté du ministre de l'Éducation nationale, le 25 octobre 1973 : les reçus-collés sont ces étudiants qui, à l'issue de leur première année, ont obtenu la moyenne à l'examen, mais n'ont pas été classés en assez bon rang pour être admis en seconde année. Des manifestations, des protestations, des grèves avaient suivi la mise en place de cette procédure instituant un concours déguisé (Journal de l'année 1971-72).

Solutions

Désormais, un concours déterminera, dans chaque UER, l'entrée en deuxième année. La nécessité d'obtenir une note minimale, qui gardait à l'épreuve son caractère d'examen, est supprimée.

Reste le sort des 950 étudiants qui, reçus à l'examen de 1973, sont refoulés à l'entrée de la deuxième année. Joseph Fontanet rappelle qu'ils ont deux possibilités : redoubler leur première année ou s'orienter vers d'autres études, en particulier des études scientifiques, pour lesquelles ils peuvent éventuellement bénéficier de l'équivalence de la première année du DEUG. Le Comité des étudiants reçus-collés de Paris et l'Association des parents d'étudiants reçus et non admis en deuxième année, appuyés par plusieurs syndicats d'enseignants, demandent, en novembre, que ces étudiants soient répartis dans plusieurs universités de province. Le ministre s'y oppose. Il constate que la majorité des reçus-collés est concentrée dans quatre UER, et refuse de donner ainsi une prime aux universités qui notent généreusement, au détriment de celles qui jugent plus sévèrement.

Une manifestation a lieu le 14 novembre à Paris. En janvier, le conseil de l'université de Paris-VI décide d'admettre en deuxième année tous ses reçus-collés : cette décision est annulée par le ministre, qui la déclare illégale. Il ajoute qu'il n'envisage ni de revenir sur son arrêté ni d'accorder des dérogations.

Malthusianisme

Il s'en est d'ailleurs expliqué devant le Sénat en décembre : « Nous décernons actuellement, a-t-il déclaré, 11 500 diplômes par an. Avec 69 000 médecins en exercice, l'entretien du corps sans croissance, en tablant sur trente-cinq ans de carrière, serait assuré avec 2 000 diplômés par an seulement... Le numerus clausus, déjà jugé trop bas, devra en fait être encore réduit. Sinon nous ne délivrerions plus que des diplômes-assignats, dévalorisant la profession tout entière. » Bien entendu, ses adversaires répondent en accusant le gouvernement de « malthusianisme » et en soulignant l'importance des besoins.