Il est toujours question d'un pèlerinage de Paul VI en Pologne. Le premier voyage d'un pape en pays communiste aurait évidemment un certain retentissement. Mais les relations entre l'Église locale et l'État demeurent médiocres. Alors qu'elles semblaient s'améliorer, les projets du gouvernement en matière scolaire ont tout remis en cause (le cardinal Stefan Wyszynski y voit un « programme qui se propose d'arracher la foi du cœur des enfants et de la jeunesse »).

Mgr Casaroli se rend, le 4 février 1974, à Varsovie, où il a de nouveaux entretiens avec S. Olszowski, qui demeurent sans conclusions.

Mindszenty

La même volonté de détente et les nécessités du gouvernement de l'Église locale incitent le Vatican à déclarer vacant l'archidiocèse hongrois d'Esztergom, qui était celui du cardinal Jozsef Mindszenty, et à nommer un successeur à celui-ci.

Une telle mesure ne peut évidemment que donner satisfaction aux autorités hongroises. Par ailleurs, le cardinal a 82 ans, et la plupart des évêques remettent désormais leur démission au pape dès 75 ans. Mais cette décision ne paraît guère plaire à Mgr Mindszenty alors même que le Vatican avait cru pouvoir annoncer qu'elle avait été prise après un « large échange de correspondance » avec lui. De Vienne, où il réside, il dément avoir donné son accord et affirme que la décision romaine « ne résout pas les problèmes de l'Église hongroise ».

On remarque, parmi les commentaires que ce démenti provoque à Rome, les propos de Federico Alessandri, porte-parole autorisé du Vatican : l'annonce par le cardinal de la publication de ses Mémoires, ainsi que certaines de ses prises de position, dit-il, « ne contribuent certainement pas à la sérénité des esprits ». Lesdits Mémoires doivent en effet comporter, croit-on, des critiques très sévères à l'égard de la politique orientale du Saint-Siège.

Il est vrai que les résultats de celle-ci sont, pour l'instant, encore minces ; par exemple, loin d'accorder plus de libertés à l'Église, le gouvernement tchécoslovaque multiplie vexations et interdictions (en octobre 1973, les entreprises qui fabriquent des croix et objets religieux se voient ordonner d'interrompre leur fabrication). Obrana Ludu, hebdomadaire du ministère de la Défense, écrit : « La lutte contre l'obscurantisme religieux est toujours d'actualité. »

Jérusalem

Enfin, le pape Paul VI prend directement une part active, à la fin de 1973, aux contacts diplomatiques destinés à régler le conflit du Proche-Orient. C'est en partie parce que les États africains, désormais proches des Arabes, l'en prient. On sait que le Vatican s'intéresse au statut des Lieux saints et qu'il a toujours manifesté un certain soutien à la cause palestinienne.

Après avoir reçu le 14 décembre 1973 le président Bourguiba, Paul VI accorde audience le 22 à une véritable délégation des États africains, conduits par le négus Haïlé Sélassié et par le président soudanais Gaafar el-Nemeiry, venus l'entretenir du statut de Jérusalem. L'audience se prolonge durant deux heures, ce qui est exceptionnel, et on paraît lui accorder, des deux côtés, beaucoup d'importance. La veille, dans un discours au Sacré Collège, le pape a évoqué « le devoir encore plus que le droit » qui lui incombe de veiller à ce que le futur statut des Lieux saints réponde « aux droits et légitimes aspirations des adeptes des trois grandes religions monothéistes ». Il demande un statut spécial (et non l'internationalisation, comme Pie XII) pour la ville de Jérusalem.

France

« Quel rapport y a-t-il entre le salut en Jésus-Christ et l'effort des hommes pour se libérer des servitudes matérielles, économiques, sociales et politiques ? » Tel est le thème des discussions de la Session pastorale, vaste assemblée de l'Église de France à laquelle participeront du 13 au 15 septembre 1974, tous les évêques, mais aussi des représentants des prêtres, des religieuses et des laïcs.

Politique

Le choix de ce thème manifeste que, d'une année à l'autre, la préoccupation fondamentale n'a pas changé : il s'agit toujours de préciser les rapports de la foi avec la politique.