Les analogies ressortent tantôt horizontalement (comme pour les lanthanides), tantôt verticalement, comme dans la table classique. La dernière ligne horizontale, qui commence par les éléments 104 et 105 (les derniers transuraniens produits artificiellement), est prolongée par une suite de cases correspondant à des éléments encore inconnus, mais dont certains seront peut-être produits et identifiés au cours de ces prochaines années, en particulier les éléments 114 et 126, pour lesquels la théorie prévoit une grande stabilité. Elle s'arrête au numéro 137 ; se fondant sur d'autres considérations théoriques, Francis Perrin ne pense pas qu'il puisse exister d'éléments plus lourds, et il doute même qu'on puisse jamais observer des éléments de numéro atomique supérieur à 130, l'instabilité devenant beaucoup trop grande. On sait que, pourtant, les astrophysiciens cherchent à déceler la présence de noyaux bien plus lourds dans le rayonnement cosmique.

Simplicité

Telle qu'elle est, la classification de Francis Perrin ne fait pas ressortir – il le souligne lui-même – d'autres analogies que celles qui sont déjà révélées dans le tableau de Seaborg, mais son unité la rend bien plus satisfaisante pour l'esprit et facilite considérablement l'enseignement de la chimie. Tout en tenant compte des découvertes récentes de la physique et de la chimie nucléaires, elle retrouve la simplicité éclairante du tableau originel de Mendeleïev : énumération des éléments par ordre de numéro atomique croissant ; mise en évidence des analogies chimiques ; absence d'interruption dans les lignes ou les colonnes.

La vie

Biologie

L'éthologie remet en cause la psychanalyse

En attribuant le prix Nobel de médecine et de physiologie à trois spécialistes de l'éthologie, le jury suédois a mis en lumière cette science en plein essor, d'autant plus mal connue du grand public qu'il est tenté de la confondre avec sa quasi-homonyme, l'écologie ; leurs domaines respectifs, du reste, peuvent se toucher.

L'éthologie (étymologiquement : science des mœurs) étudie le comportement des animaux dans la nature, essentiellement sur le plan des relations sociales. On peut la considérer comme une branche particulière de la biologie ou, si l'on préfère, comme une sociologie animale. En fait, elle est devenue une discipline autonome, en voie d'établir ses propres règles d'observation et d'expérimentation, et capable dans la période présente d'apporter aux autres sciences de la vie, notamment aux sciences humaines, bien plus qu'elle n'a besoin de leur emprunter.

Similitudes

Bien qu'on rattache souvent la naissance de l'éthologie aux travaux de Konrad Lorenz, le mot même a été employé bien antérieurement, et des observateurs tels que J. H. Fabre, en France, ont mérité avant la lettre le nom d'éthologistes.

Toutefois c'est bien avec Lorenz et ses disciples que la science nouvelle a nettement défini ses contours et son ambition ; étant admis que de nombreux schémas comportementaux sont génétiquement programmés, même s'ils ne se manifestent que progressivement au cours de la vie, il s'agit de déterminer ces modes de comportement non seulement pour une espèce animale donnée, mais en les comparant chez des espèces différentes où ils peuvent être semblables, voire identiques.

À partir de ces similitudes ou de ces identités, on peut établir des parentés entre espèces et dessiner des lignées évolutives, comme on le fait en se fondant sur des études morphologiques ou biochimiques.

Mais l'intérêt majeur de l'éthologie – Lorenz y insiste fortement – est qu'elle a placé dans une perspective toute nouvelle bien des problèmes de la psychologie et de la sociologie humaines. Alors que les biologistes situent depuis longtemps l'homme à sa place dans le règne animal dont il fait partie, les sociologues et les psychologues en ont fait un être à part, ce qui les a conduits à ignorer le soubassement profond de nombreuses conduites humaines.

Révision

Ces idées générales sont devenues directement accessibles au public français grâce à l'ouvrage récemment traduit d'un disciple de Lorenz, l'Autrichien Eibl-Eibesfeldt : Éthologie, biologie du comportement. Mais que ce soit dans cette perspective ou avec des optiques un peu différentes, les recherches éthologiques se sont largement développées ces dernières années, tant en France que dans les pays anglo-saxons.