Pour permettre à l'Archimède de se repérer avec précision sur le fond, de localiser les sites intéressants et de retrouver ceux-ci, le navire hydrographique français, le D'Entrecasteaux, mit en place sur le fond trois balises émettrices d'ultrasons. Les positions relatives de ces trois balises étaient facilement connues, et la position absolue de ce miniréseau était elle-même déterminée grâce au système de navigation par satellite transit installé d'abord sur le D'Entrecasteaux, ensuite sur le Marcel-Le Bihan, le navire accompagnateur de l'Archimède. L'ensemble balises–sous-marins–satellite a parfaitement fonctionné, ainsi que les sonars et appareils de prises de vues ou de prélèvement installés sur le bathyscaphe.

Explorations

D'après les levés bathymétriques réalisés depuis la surface, la topographie de la zone choisie était extrêmement chaotique. Mais la réalité était encore pire : l'Archimède, sous-marin lourd et assez peu maniable, a dû jouer à saute-moutons dans un relief hérissé de falaises et de ravins hauts parfois d'une centaine de mètres.

À plusieurs reprises il a raclé les roches du rift, et, après chacune de ses descentes au fond, des plongeurs devaient inspecter sa coque.

Les sept plongées de l'Archimède ont permis d'explorer un trajet de 8 kilomètres, s'étendant dans une zone d'environ 5 kilomètres carrés qui comprenait la bosse centrale, la dépression située entre cette bosse et la paroi orientale du rift, et le pied de cette dernière. Sur le parcours du bathyscaphe, la cartographie a été précisée et complétée.

Une centaine de kilos d'échantillons ont été prélevés en quatre sites sélectionnés.

Réponses

Les plongées effectuées ont apporté les réponses suivantes :
– la mise en place de la nouvelle croûte océanique se fait bien dans le rift. Les formations volcaniques – pillow-lavas rebondis, globules de basalte éventrés, laves tortillées en tripes, coulées en tubes – sont particulièrement fraîches et ne sont bouleversées par aucune activité tectonique secondaire. Elles permettent donc de se faire une idée du volcanisme sous-marin profond ;
– la bosse centrale semble bien être un point principal d'émission basaltique, de part et d'autre duquel les laves ont formé des coulées ;
– aucune fissure ouverte, aucune accumulation de sels minéraux chauds n'ont été repérées ;
– des courants de 1,5 à 2 nœuds, assez forts pour gêner les manœuvres de l'Archimède, ont été rencontrés au fond du rift.

La réalisation de la première phase du projet FAMOUS a montré que le sous-marin est un outil irremplaçable pour les études de géophysique sous-marine. La deuxième devrait se dérouler en juillet et août 1974. Quatre navires de surface y prendront part. Et, surtout, trois sous-marins – l'Archimède, la Cyana (nouveau nom de la soucoupe plongeante française SP 3 000) et l'Alvin américain – devraient effectuer 45 ou 50 plongées.

On espère ainsi être en mesure de compléter la connaissance du sillon axial de la dorsale médio-atlantique, d'explorer les parois du rift et une faille transformante toute proche. (Par failles transformantes, les spécialistes entendent les fractures perpendiculaires aux dorsales, qui hachent celles-ci en segments décalés et qui sont le siège d'une grande activité sismique.)

La carte topographique de cette faille devrait pouvoir être faite au printemps par un navire de surface français ou américain.

Matière

Physique

La découverte des courants neutres

La chambre à bulles Gargamelle a permis aux chercheurs du Centre européen de recherche nucléaire (CERN) de Genève de réaliser, au cours de l'été 1973, une série d'expériences qui pourraient apporter en physique une transformation aussi radicale que le fut, au siècle dernier, la découverte des lois de l'électromagnétisme.

Forces

À l'attraction newtonienne, la théorie de la relativité substitue la notion d'un champ gravitationnel, comparable au champ électromagnétique, et formulé mathématiquement par une courbure de l'espace-temps autour des masses matérielles. Durant ses dernières années, Einstein s'efforça vainement de réunir en une seule formule le champ électromagnétique et le champ gravitationnel. À ces deux forces de la nature, connues de la science classique, les progrès de la physique devaient en ajouter bientôt deux autres : les interactions faibles, responsables de la désintégration radioactive, et les interactions fortes, ou nucléaires, qui retiennent ensemble les éléments du noyau (protons, neutrons).