Cinq souris font partie du voyage. Elles seront sacrifiées à leur retour pour l'étude des effets des rayons cosmiques sur le cerveau et le système nerveux.

ALSEP

Le 10 décembre, l'astronef est satellisé autour de la Lune ; le lendemain, à 20 h 55, le module Challenger, ayant à son bord Cernan et Schmitt, se pose à proximité du cratère Poppy, à 215 m seulement du point prévu.

Les astronautes feront trois sorties et s'affaireront sur le sol lunaire pendant 23 h 12 mn. L'opération habituelle d'installation sur le sol de la station scientifique ALSEP est suivie d'autres travaux : forage de deux trous de sonde profonds pour y enfouir des thermomètres destinés à mesurer le flux de la chaleur interne du globe ; étude des propriétés électriques de la surface lunaire d'après la propagation des ondes radio-électriques ; installation de trois géophones et de huit charges explosives qui, après le départ des deux hommes, seront mises à feu de la Terre afin d'étudier la structure interne du globe lunaire d'après la propagation des ondes acoustiques, etc.

Diversité

Le travail le plus passionnant sera encore le ramassage d'échantillons du sol lunaire. Pour cette dernière mission, le site choisi se révèle riche en roches d'une très grande diversité ; la découverte de roches rouges fait sensation. À première vue, elles témoigneraient de phénomènes de volcanisme datant de 200 000 à 300 000 années, et donc géologiquement récents. En fait, l'analyse de ces cailloux révélera qu'ils datent de 3,7 milliards d'années. Ils se situent donc parmi les plus anciens spécimens lunaires.

En tout, 115 kg de roches diverses sont ramenés sur Terre.

Evans, à bord du module de commande America, prend 3 554 photographies avec la caméra photogrammétrique et 1 603 autres avec la caméra panoramique, tout en procédant à 3 769 mesures du relief avec l'altimètre à laser.

Le 14 décembre, à l'approche de minuit, Challenger décolle de la Lune et ses deux occupants rejoignent Evans dans la cabine du module de commande.

Sortie

La désatellisation a lieu le 17. Durant le retour, Evans sort de la cabine et va récupérer dans le module de service les magasins des différentes caméras, les bandes de l'altimètre, ainsi que le conteneur qui sert de cabine aux cinq petites souris.

Le 19 décembre, à 20 h 25, la capsule America touche les eaux du Pacifique à 560 km au S-O des îles Samoa et à 4 km du porte-avions chargé de récupérer les astronautes.

Cernan a maigri de 4,300 kg en douze jours et Schmitt, de 2 kg ; Evans, fait rarissime pour un astronaute, a grossi de 700 g. « Cela ne m'étonne pas, commente le docteur Hawkins, après tout ce qu'il a mangé ! »

Les robots prennent le relais

La plongée de la capsule America dans les eaux du Pacifique marque la fin du programme le plus important, le plus risqué et le plus coûteux de l'ère spatiale (Journal de l'année 1969-1970).

Chance

Considéré comme l'une des plus grandes réussites technologiques de tous les temps, son interruption, après la sixième mission lunaire, a étonné ; la recherche lunaire, compte tenu de l'échec du vol no 13, se voit privée, in situ, de 40 % des missions prévues (10 débarquements sur 20 lancements). À cela, trois justifications :
– le but primordial (les Américains doivent être les premiers sur la Lune) a été atteint ;
– les missions lunaires sont très coûteuses à un moment où les États-Unis connaissent des difficultés économiques ;
– la chance a beaucoup aidé les astronautes américains et il est trop risqué de continuer dans ces conditions.

De plus, l'analyse des roches ramenées de la Lune, le dépouillement et l'interprétation des mesures et des observations de tout ordre faites au cours de ces missions représentent un potentiel de travail estimé à dix ans.

Il reste que l'exploration sommaire de six sites relativement groupés ne donne qu'un aperçu de la nature et des caractéristiques du sol lunaire.

Lunakhod

De son côté, l'Académie des sciences de l'URSS, après le coup d'essai des Luna 16 et 17 (Journal de l'année 1970-71), s'engage dans un programme d'exploration lunaire par des laboratoires automobiles Lunakhod téléguidés de la Terre. Ainsi, en attendant un matériel lourd qui permettrait l'installation sur la Lune de bases scientifiques semi-permanentes, l'étude de notre satellite peut être poursuivie en consentant des dépenses raisonnables et sans risquer des vies humaines.