Dans le domaine de la recherche scientifique, le CNES participe de plus en plus souvent, avec ses programmes, à l'équipement de satellites d'autres puissances spatiales : expériences Stéréo V et Gémeaux T et C sur les deux sondes Mars soviétiques, dont le lancement est prévu en juillet 1973 ; expériences sur les satellites américains OSO 1 (1974) et HERO B (1977) et sur les COS B (1974) et GEOS (1976) européens.

Activités

La réorganisation du CNES, faite en prévision du VIIe Plan, a pour objectifs de renforcer la direction, de concentrer sur le centre spatial de Toulouse les différents services techniques naguère épars (ce qui entraînera notamment la fermeture du centre de Brétigny), de transférer à l'industrie française toutes les responsabilités qu'elle est susceptible d'assumer face à la concurrence internationale, d'œuvrer enfin pour une meilleure rentabilité des moyens investis, hommes et matériel.

Dans un rapport qui rend compte de ses nombreuses activités et de ses différents projets, le CNES indique les quatre grands axes de ses activités :
– systèmes de télécommunications via satellite (y compris le développement des lanceurs) ;
– satellites météorologiques ;
– satellites technologiques et de recherche scientifique lancés par la fusée Diamant B ;
– programme d'études et de développement technique pour assurer la compétitivité de l'industrie.

Aurores

Les satellites du CNES en orbite ont réussi d'intéressantes performances. D'abord, une découverte d'un très grand intérêt scientifique au crédit de Tournesol (satellisé en avril 1971 avec une espérance de vie active estimée à six mois). Ce satellite d'aéronomie (qui travaille pour le compte du CNRS) a fait preuve d'une grande longévité, mais surtout a découvert, avec son enregistreur de l'émission dans la raie H alpha de l'hydrogène, l'existence d'aurores équatoriales, invisibles à l'œil nu, mais décelées au sol par de brusques variations du champ magnétique terrestre précédant de quelques heures leur détection par le satellite. Si, comme on le pense, ces aurores sont provoquées par des flux de protons provenant de la ceinture de Van Allen, il faudra revoir les théories sur la magnétosphère et expliquer comment ces protons sont piégés dans les régions équatoriales de l'atmosphère.

Éole

Autre grand succès du CNES : les expériences faites avec le satellite de localisation et de collection des données Éole (Journal de l'année 1971-72). En décembre 1972, en provoquant par télécommande la destruction des quelques ballons qui restaient en l'air (479 avaient été lancés en tout), le CNES a mis fin à l'opération Éole proprement dite. En seize mois, sans le moindre signe de surmenage, le satellite a obéi à 25 444 ordres venus du sol et assuré 7 000 séances de transmission des données recueillies sur ces ballons. Ces derniers ont fait, en moyenne, neuf fois le tour de la Terre, ce qui nécessitait une dizaine de jours. En les repérant et en indiquant leur position jour après jour, le satellite a permis de dresser 400 cartes de trajectoires et d'avoir une connaissance parfaite des vents qui sévissent dans l'hémisphère Sud.

Le satellite SRET 1, lancé par une fusée soviétique en avril 1972 sur une orbite qui l'éloignait à 39 000 km de la Terre, continue à expérimenter des cellules solaires de conception française, plus minces et légères que celles qui étaient employées jusqu'ici.

Tous ces petits mais utiles engins qui font inlassablement le tour de la Terre pour le compte du CNES devaient être rejoints par les jumeaux Castor et Pollux. Mise a feu à Kourou le 21 mai 1973, la fusée Diamant B prit un bon départ, mais, son troisième étage n'ayant pas fourni la puissance nécessaire à leur mise sur orbite, les deux engins sont retombés dans l'Atlantique.

Ressources terrestres

Premier satellite spécialement conçu pour la détection et l'étude des ressources terrestres, ERTS-A (890 kg) a été lancé par les Américains le 23 juillet 1972. Il gravite, à 900 km d'altitude, sur une orbite héliosynchrone dont le glissement en longitude est tel que l'engin revient tous les dix-huit jours sur la même région et la survole à la même heure. Pourvu de caméras de haute définition, d'un poste réémetteur qui capte les signaux de balises terrestres et les renvoie à ses bases, d'un balayeur multispectral, ERTS-A prend des photographies du sol très fouillées, qui, améliorées par un ordinateur, seront largement diffusées aux industriels, aux services spécialisés (eaux et forêts, mines, agronomie, pollution, urbanisme, etc.). En France, des utilisateurs ont reçu de la NASA, très rapidement, les premières photographies : une série sur la Bretagne a été attribuée à une équipe de l'École pratique des hautes études.

La dernière mission du programme « Apollo »

Les astronautes d'Apollo 17 pourraient bien être les derniers à fouler le sol de la Lune avant la fin du siècle, à en croire les déclarations du président Nixon. Le 6 décembre 1972 au soir, un million de curieux s'entassent autour du cosmodrome pour voir le premier lancement de nuit. En fait, des retards intervenus dans le compte à rebours reportent la mise à feu de la fusée à 6 h 33 le lendemain.

Géologue

L'équipage est placé sous le commandement d'Eugen A. Cernan (38 ans), un homme d'expérience : satellisé en 1966 à bord de Gemini 9, il avait fait dans l'espace une sortie de deux heures ; puis, en mai 1969, il faisait partie de l'équipage d'Apollo 10 qui répéta autour de la Lune la mission du futur Apollo 11 (Journal de l'année 1968-69). Ronald E. Evans, le pilote du module de commande, participe à une mission pour la première fois. Harrison H. Schmitt est lui aussi un néophyte. Premier célibataire américain à affronter l'espace, il est aussi le premier civil (Cernan et Evans sont respectivement capitaine de vaisseau et capitaine de frégate détachés par l'Aéronavale) et surtout le premier savant à qui la NASA ait confié une mission spatiale ; docteur en géologie, il a enseigné l'essentiel de cette science à ses collègues astronautes des précédentes missions Apollo.