Le 4, le 5 et le 6, les représentants chinois et américain s'affrontent violemment avec le représentant soviétique, qui oppose deux fois son veto à la résolution.

Américains et Chinois réussissent, le 7, devant l'Assemblée générale, à faire adopter leur texte par 104 voix. L'Union soviétique vote contre. La France et la Grande-Bretagne s'abstiennent.

Yahya khan annonce, le 8 décembre, qu'il confie le gouvernement à deux civils, M. Amin et A. Bhutto : preuve, disent les Américains, de son intention de négocier. Cette bonne volonté de dernière minute ne convainc pas.

Sur le front est, le cercle se resserre autour de Dacca. Le 9, la chute d'Ashuganj livre aux troupes indiennes toute la rive orientale de la Meghna, franchie, le 11, au nord de Dacca, par deux bataillons indiens héliportés derrière les positions pakistanaises de Bairab Bazar. Deux colonnes indiennes, parties de Chandpur et de Daudkhandi, avancent par eau et par terre vers la capitale. Des parachutistes sont largués, le 12, et rejoignent des Mukti Bahinis opérant déjà dans certains quartiers de banlieue.

Chittagong est coupé du nord, le 10, par la prise de Noadkhali et d'Hajiganj. La garnison de Jamalpur (600 hommes) se rend ; Phulbari et Khustia tombent le 11, Khulna, le 12. Le gouvernement du Bangla Desh s'installe à Jessore.

Avertissements

Les Américains redoublent d'efforts pour le Pakistan. Ils déposent une nouvelle résolution devant le Conseil de sécurité, rejetée par l'URSS ; donnent leur accord le 13 à la livraison par la Jordanie des avions promis ; envoient la VIIe flotte dans la baie du Bengale, avec le porte-avions atomique Enterprise et ses 100 chasseurs-bombardiers. Si sa mission est officiellement l'évacuation des ressortissants américains du Bengale Oriental, il s'agit en fait d'éviter en même temps la capitulation pakistanaise et de faire pression sur l'Inde.

La baie du Bengale devient un lieu encombré : les Soviétiques, qui surveillent déjà les hostilités à l'aide de deux satellites espions lancés les 6 et 10 décembre, y amènent une quinzaine de navires, dont un lance-missiles.

Tout le Bengale Oriental, le 14, est aux mains des Indiens et des Mukti Bahinis, sauf quelques poches, comme Chittagong, Bogra et le port de Khulna. Dacca est sous le feu des canons à longue portée, distants seulement de 7 km.

Capitulation

Les Américains conseillent aux Pakistanais d'abandonner. Aux Nations unies, Ali Bhutto, après un baroud d'honneur, claque la porte en dénonçant sans ménagement l'impuissance de l'Organisation.

La reddition du général Niazzi a lieu le 16, à 16 h 31, sur le champ de courses de Dacca envahi de milliers de Bengalis enthousiastes. Quatre heures plus tard, l'Inde annonce un cessez-le-feu unilatéral pour le 17 au matin sur le front occidental.

Dernier sursaut

Sur le front occidental, l'avance pakistanaise est stoppée depuis le 9 décembre, malgré l'importance des forces engagées. Le 13, les Pakistanais reculent de 12 km dans le secteur de Shakargarh où se poursuivra pendant vingt-quatre heures, le 16, une terrible bataille de chars : 60 détruits, dont 45 pakistanais.

Le 17 décembre, finalement, devant les risques d'un renforcement du potentiel indien occidental par plusieurs divisions du front oriental, le président Yahya khan ordonne la fin des combats.

Viêt-nam : la péninsule s'embrase de nouveau

Une offensive nord-vietnamienne au sud ; une riposte américaine au nord ; une série de négociations enchevêtrées. C'est sur les trois fronts — différents mais solidaires — que se joue la guerre du Viêt-nam à la fin de juin 1972.

– L'offensive est celle qui est lancée le 30 mars par le général Giap. Trois mois plus tard, le ministre de la Défense de Hanoi a obtenu des succès incontestables, mais il n'a pas remporté la victoire que, semble-t-il, il espérait.

– La riposte est la succession de raids aériens auxquels les Américains soumettent le Nord Viêt-nam, les plus violents depuis le début du conflit. En dépit de destructions massives, les bombardements n'ont pas jusqu'à présent ralenti l'effort de guerre des Nord-Vietnamiens.