La cassette magnétoscopique est la seule qui permette à l'utilisateur d'enregistrer lui-même les émissions de télévision qu'il désirerait conserver, moyennant un supplément de dépense sur l'équipement. Mais il est douteux que cet avantage soit déterminant avec un marché offrant, dès le départ, un très vaste catalogue de vidéocassettes préenregistrées.

Énergie

Nouveau départ du secteur nucléaire

On assiste au cours de l'année 1970-71 à une indéniable accélération des programmes nucléaires, souvent d'ailleurs pour des raisons différentes. Aux États-Unis, l'uranium apparaît de plus en plus, aux yeux des producteurs d'électricité, comme étant d'un approvisionnement plus sûr que le charbon, dont la production a été perturbée depuis plusieurs années. De plus, l'atome paraît la moins polluante des sources d'énergie. À la première vague de commandes de centrales en 1965-67 en a succédé une seconde depuis 1969, et les chiffres avancés pour 1980 auront de grandes chances d'être atteints : 150 000 MWé nucléaires (environ 25 % de la puissance électrique totale installée).

En Europe, la crise pétrolière internationale (v. rubrique Productions) relance le nucléaire, particulièrement en France, pays le plus touché par les nationalisations algériennes, au point qu'on a pu parler d'une révision déchirante de sa politique énergétique.

En février 1971, un conseil interministériel prend la décision de lancer huit centrales nucléaires de près de 1 000 MWé chacune au cours du VIe Plan, alors que les décisions antérieures n'envisageaient que trois ou quatre centrales au plus. La filière américaine à eau légère, choisie en 1970 pour Fessenheim (Journal de l'année 1969-70) et prônée depuis longtemps déjà par EDF, est la grande bénéficiaire de ce programme.

S'il est clair que la décennie nucléaire en cours sera celle des réacteurs à eau légère, l'avenir d'autres filières plus avancées n'est pas très précis. Les réacteurs rapides, dont la construction des divers prototypes européens a techniquement bien progressé, restent d'un avenir incertain : des problèmes techniques ne sont pas résolus (comme le gainage des éléments combustibles) ; les performances économiques ou l'éventuelle compétitivité vis-à-vis de la filière à eau légère sont mal connues. La date de leur arrivée possible sur le marché varie, selon les estimations, de 1980 à 1990.

C'est dans ce contexte qu'il faut placer la prudence du président Nixon à accorder les deux milliards de dollars demandés par les industriels américains en novembre 1970 pour leur permettre de combler leur retard par rapport à leurs concurrents européens. Nixon hésite à lancer un programme Apollo nucléaire qui ne lui paraît pas encore justifié, d'autant qu'une autre filière de surgénérateurs d'un type tout à fait différent, les réacteurs à sels d'uranium fondus, suscite un intérêt croissant.

Quant à la filière des réacteurs à haute température, elle stagne aux États-Unis (pas de commandes nouvelles) et en Angleterre (report de la décision pour la centrale d'Oldburry), mais marque un point en Allemagne, avec la décision prise au début de 1971 de construire à Schmehausen un prototype de 300 MWé du type réacteur à boulets, comme l'AVR de Jùlich. (Dans ces réacteurs, l'uranium est enrobé dans des sphères de graphite.)

Pour réaliser ces programmes, il faudra accroître les ressources en uranium, et résoudre le problème de l'enrichissement (augmentation de la teneur en isotope fissile).

Les réserves d'uranium

Bien que l'étroitesse actuelle et la situation de pléthore du marché n'aient pas favorisé la grande prospection mondiale de l'uranium, les réserves prouvées sont en augmentation constante. Les ressources raisonnablement assurées, qui correspondent à des gisements assez bien délimités permettant de produire de l'uranium à moins de 10 dollars par livre d'oxyde d'uranium, sont passées de 700 000 tonnes courtes en 1967 à 840 000 tonnes courtes en 1970 (la tonne courte anglo-saxonne vaut un peu plus de 907 kg). Le Canada, avec 35 000 tc supplémentaires, et les États-Unis avec un gain de 70 000 tc, sont responsables de 75 % de cette augmentation substantielle. D'autre part, ces estimations ont été établies juste avant la découverte de lentilles de minerai d'une exceptionnelle teneur, fin 1970, en Australie. La France occupe toujours le premier rang en Europe, avec 35 000 tc dans des minerais à bonne teneur.

L'enrichissement

Les besoins on uranium enrichi sont encore largement couverts par les trois usines américaines d'Oak Ridge, Portsmouth et Paducah, qui tournent au tiers environ de leur capacité. Ce sous-emploi n'a pas empêché deux hausses de prix pour le travail d'enrichissement à façon : une première, de 26 dollars à 28,60 dollars par UTS (unité de travail de séparation, unité abstraite utilisée en technique d'enrichissement), en septembre 1970, pour arriver à une meilleure rentabilisation des usines, et une deuxième annoncée en janvier 1971 portant le prix à 32 dollars, à cause de l'augmentation du coût de l'énergie.