Journal de l'année Édition 1969 1969Éd. 1969

Début mars 1969, à l'issue d'un voyage en Europe, au cours duquel il a pu s'entretenir avec le général de Gaulle, Nixon accepte officiellement le principe d'une concertation à quatre. Celle-ci s'ouvre le 3 avril à New York, après qu'un document de travail, présenté par les États-Unis, a été agréé par les participants. En réalité, les échanges de vues s'engagent sur un terrain déjà exploré en commun par les Russes et les Américains dès le mois de septembre 1968.

Le 22 décembre, l'Union soviétique avait soumis à Washington un plan de paix qui avait été approuvé auparavant par le président Nasser. Le texte du Kremlin prévoyait un calendrier pour l'exécution des termes de la résolution du 22 novembre : fin de l'état de belligérance et retrait des troupes israéliennes à 30 km du canal de Suez, qui serait déblayé par les Égyptiens ; les frontières de sécurité seraient tracées par le Conseil de sécurité, une paix durable serait établie par le truchement d'un traité multilatéral dont l'exécution serait garantie à la fois par le Conseil de sécurité et les quatre grandes puissances.

Le secrétaire d'État américain, William Rogers, indique, le 5 juin, que les États-Unis souhaitent un package deal, un règlement global, du conflit israélo-arabe et non une solution par étapes.

Le 10, Andrei Gromyko, le ministre soviétique des Affaires étrangères, se rend au Caire, où il expose au président Nasser les résultats des consultations. Il lui soumet un plan de paix américain, qui, selon l'officieux Al Ahram, prévoit la restitution du Sinaï à la RAU en échange d'un règlement séparé qui devrait se concrétiser par un traité bilatéral.

Impasse diplomatique

En outre, la République arabe unie devrait suspendre toute aide aux commandos palestiniens, accepter la démilitarisation du Sinaï, autoriser le passage de bateaux israéliens par le canal de Suez, renoncer au territoire de Gaza, et ne pas exiger une solution immédiate du problème des réfugiés palestiniens. Hassanein Heykal, le confident de Nasser, écrit le 27 juin dans Al Ahram que le plan américain a été rejeté par Le Caire, car il vise à diviser le monde arabe afin de favoriser l'annexion par Israël de Jérusalem, d'une partie de la Cisjordanie et des monts syriens du Golan.

Fin juin 1969, l'impasse diplomatique paraissait totale. Non seulement en raison du refus égyptien d'accepter les propositions américaines, mais aussi parce qu'Israël rejetait le principe même d'un règlement élaboré par les grandes puissances. Le Premier ministre Golda Meir déclarait en juin qu'Israël rejetterait toute proposition de règlement qui n'émanerait pas des pays arabes concernés au cours de négociations directes avec l'État d'Israël.