Dans les milieux industriels et militaires, on crie « à la trahison ». Les officiers français n'ont pas tous épousé les thèses israéliennes, mais la majorité d'entre eux condamnent les pays arabes.

Quoi qu'il en soit, la France a battu en 1968 ses records d'exportations de matériels militaires, qui se sont montées à plus de 4 milliards de francs, contre 2,6 l'année précédente.

Le service national

Après consultation de ses adhérents, la commission armées-jeunesse approuve, le 24 mars 1969, un projet de réforme du service national dans l'hypothèse d'une réduction de sa durée à un an au lieu de seize mois. À Strasbourg, le 13 avril 1969, P. Messmer reprend ce projet et annonce une prochaine réduction du temps de service national (Le service national comprend le service militaire proprement dit, le service de défense, l'aide technique et la coopération.).

Chaque année, on recense un total de 430 000 jeunes gens en âge de faire leur service national. Environ 75 000 sont réformés et 120 000 sursis accordés en moyenne. On compte encore 10 000 dispensés et 18 000 jeunes réformés lors de leur incorporation. Le reste effectue ses obligations militaires entre 19 et 27 ans.

P. Messmer a proposé d'organiser une incorporation générale entre 19 et 21 ans, selon les modalités suivantes :

– Les jeunes gens qui ont achevé leur apprentissage ou obtenu le baccalauréat avant 19 ans seraient incorporés à cet âge, sauf s'ils ont devancé l'appel à 18 ans ou s'ils demandent à effectuer un premier cycle d'études supérieures, qu'ils doivent terminer avant d'avoir atteint l'âge de 21 ans ;

– Les jeunes gens qui n'ont pas terminé leur apprentissage ou qui n'ont pas obtenu le baccalauréat seraient autorisés, sur leur demande, à poursuivre leurs études, sans pouvoir dépasser le mois de juillet qui suit leur vingt et unième année ;

– Les bacheliers de moins de 19 ans peuvent préparer une grande école jusqu'à 21 ans. Ils seront incorporés au plus tard à cet âge, avant leur entrée dans une grande école. Ceux qui auront accepté d'effectuer leur service national aussitôt après le baccalauréat verront la limite d'âge à l'admission de l'école reculer d'une durée égale à celle des obligations militaires.

Tous les jeunes gens qui serviront comme cadres (officiers, professeurs, spécialistes de la coopération ou de l'aide technique) effectueront un temps de service supérieur à la durée normale. Ils bénéficieront, en contrepartie, d'un sursis leur permettant de terminer leurs études.

P. Messmer a subordonné néanmoins la mise en place d'une telle réforme à l'augmentation du nombre des engagés à long terme (24 326 contrats en 1968) pour occuper les postes de spécialistes.

À l'étranger

Avec l'équivalent de 400 milliards de francs pour leurs dépenses militaires en 1969, les États-Unis tentent non seulement de faire face au coût croissant de la guerre au Viêt-nam, mais aussi de maintenir leur avance sur les armées soviétiques.

Comme Clark Clifford, son prédécesseur démocrate au Pentagone, Melvin Laird, le secrétaire américain à la Défense de l'administration républicaine, s'est fait l'écho d'informations des services de renseignements occidentaux selon lesquels l'URSS rattrapait peu à peu son retard sur les USA en équipements nucléaires.

Le nombre des engins intercontinentaux soviétiques serait passé en un an de 350 à 750, tandis que le nombre des missiles américains du même type (les Minuteman) n'augmentait que d'une centaine d'exemplaires. En même temps, les experts du Pentagone soulignent l'amélioration par l'Union soviétique du réseau de défense contre les engins (fusées Galosh et Griffon) autour de Moscou et de Leningrad, l'accroissement de la flotte des bombardiers lourds (Tupolev 22 et 95), l'apparition de la bombe semi-orbitale, qui prend à revers la détection américaine, et l'expansion de la marine soviétique, notamment en Méditerranée, en mer de Norvège, dans l'Atlantique et l'océan Indien.

États-Unis

Ces observations des services de renseignements ont conduit M. Laird à réclamer l'installation sur le sol américain d'un système de défense contre les missiles et à augmenter la mobilité des troupes terrestres et des escadres aériennes.