Or, le forcené conserve auprès de lui deux de ses trois enfants : un garçon, Francis, âgé de dix ans, et une fille, Aline, âgée de treize ans. Des otages ? Pas tout à fait : Francis et Aline ont fait savoir qu'ils approuvent leur père...

C'est alors qu'un long siège commence. Il ne s'agit plus seulement d'intervenir auprès d'un récidiviste du refus de l'exécution d'un jugement de divorce (Fourquet, en 1967, s'était barricadé de la même manière et avait été condamné à 6 mois de prison pour ce délit). Il s'agit aussi — toujours au nom de la loi — d'arrêter un criminel, le meurtrier d'un gendarme.

Pendant longtemps, les autorités hésitent. Leur souci est d'abord les enfants. Des négociations s'engagent : un médecin, un officier de gendarmerie et un journaliste sont reçus dans la ferme. Des vivres sont même apportés pour les assiégés.

Et puis, brusquement, au bout de deux semaines, les gendarmes changent de tactique. Un ordre venu de haut enjoint que force reste à la loi. Une véritable armée, avec des engins blindés, donne l'assaut de la ferme. Quelques minutes seulement s'écoulent et l'on entend trois détonations ; André Fourquet a exécuté son effrayante menace.

On assiste aussitôt à de profonds remous dans l'opinion publique. Des gens qui se sont indignés au début qu'on prît tant de précautions « avec un homme qui, après tout, n'était qu'un criminel » se déclarent révoltés de l'action menée par les pouvoirs publics, qui n'ont pas su protéger la vie des deux enfants. Le blâme s'adresse aussi à la mère, à qui André Fourquet a proposé de donner sa vie en échange de celle de Francis et d'Aline. On estime qu'elle s'est montrée inhumaine et, au cimetière, il s'en faut de peu qu'elle ne soit lynchée par une foule déchaînée.

De ces reproches, cependant, certains étaient justifiés. On a négligé de faire appel aux psychiatres, dont les avis auraient pu être utiles. On a employé une méthode dont le résultat prouve qu'elle était déplorable. Et, surtout, c'est le procès des jugements prononcés à la suite de certains divorces qui se trouve engagé. Il se révèle que la législation en ce domaine n'est pas toujours en rapport avec la réalité. André Fourquet — malgré tout — était plutôt un brave homme...

Le monstrueux « planning familial » des Lelièvre

Yvette Lelièvre, avec la complicité de son mari et de sa mère, avait supprimé — le plus souvent en les noyant — sept des enfants qu'elle avait mis au monde ; elle les incinérait ou les enterrait dans son jardin, à Saint-Pierre-lès-Nemours. Cette effarante découverte, faite par la police en avril 1969, ne se serait peut-être jamais produite sans une lettre anonyme de dénonciation sur le dernier infanticide en date, qui eut lieu trois semaines plus tôt.

Les grossesses successives d'Yvette Lelièvre — il faudrait dire son état de grossesse permanent — n'ont pas particulièrement retenu l'attention des habitants du quartier, qui ne se sont jamais étonnés de voir que la famille ne comptait pas plus de cinq enfants, au demeurant élevés dans des conditions parfaitement normales. Au contraire, les voisins trouvent que les Lelièvre sont de braves gens.

La cour d'assises pourtant risque fort d'avoir un avis différent et de juger avec sévérité certaines explications fournies par la meurtrière. En voici un exemple : « J'ai gardé les premiers enfants parce que nous voulions toucher les allocations familiales et obtenir un prêt pour acheter la maison. »

Le couple, pas plus que la mère d'Yvette Lelièvre, n'a exprimé aucuns remords devant les enquêteurs. Bien plus, il a semblé ne pas comprendre ce qu'on lui reproche. Pour lui, se débarrasser de tous les nouveau-nés en surnombre paraît être une simple affaire de « planning familial » — à ceci près que ce mot trop savant est inconnu des Lelièvre, bien qu'ils ne soient pas des simples d'esprit.

Les enfants du « mage » de Marsal

Que sont devenus les deux fils du mage de Marsal, le Swâmi Matkormano Maha Mandaleswar, alias Maurice Gérard, né en 1929, dans la Moselle ? Cette question, toute la France se la pose et se la pose encore depuis que le mage est venu la poser lui-même, le 25 novembre, à 4 h 30 du matin, à la gendarmerie, qui alerte la police judiciaire de Metz.