La première conférence des Églises et associations religieuses de l'URSS avait été réunie à Zagorsk en 1952. Aujourd'hui, les communautés se connaissent mieux et leur bonne volonté est manifeste ; mais les difficultés restent grandes à cause de l'insertion historique, géographique et surtout politique des diverses Églises chrétiennes, qui les rend trop solidaires des différents blocs.

La Revue du patriarcat de Moscou a révélé que le patriarche, Mgr Alexis, a approuvé l'« entrée provisoire des troupes alliées de la Tchécoslovaquie », qui « a empêché une grave effusion de sang et, peut-être, un conflit armé international ». Il a envoyé deux lettres, au président du comité central du COE et à celui de la Conférence mondiale chrétienne, pour déplorer les prises de position hostiles.

Le gouvernement de la république d'Ukraine vient d'ordonner la fermeture du couvent de Pokrov (Marie Protectrice) à Kiev. Il n'existe plus qu'un seul couvent de religieuses à Kiev et un second, assez florissant, près d'Odessa (Revue du patriarcat de Moscou, novembre 1968).

Les israélites

Dans le livre d'heures des communautés juives, l'année 1968-69 a inscrit son cortège habituel de pièces roses et de pièces noires.

Quatre séries de faits en ressortent : le resserrement des liens du rabbinat européen ; l'hommage rendu à des communautés au passé riche d'histoire ; l'apparition de nouveaux foyers d'antisémitisme ; enfin, la consécration de penseurs et d'écrivains juifs profondément imprégnés de tradition religieuse.

Dans le rabbinat israélien

Élection au poste de grand rabbin de Tel-Aviv du grand rabbin Goren, l'une des plus remarquables figures du rabbinat contemporain. Érudit de premier ordre, auteur de nombreux travaux, le grand rabbin Goren fut longtemps aumônier général de l'armée d'Israël. Lors de la guerre des Six-Jours, il fut l'un des premiers à atteindre le Mur des Lamentations, devant lequel il sonna du chofar (la corne de bélier) pour manifester le caractère messianique de l'événement.

Le congrès européen

Sur le plan religieux, le grand événement de l'année fut la réunion à Paris, du 9 au 11 décembre 1968, de la sixième conférence des rabbins européens. Le judaïsme des États-Unis et d'Israël s'y trouvait également représenté. Les travaux de la conférence portèrent sur les liens unissant la Diaspora à Israël, la promotion de la paix et des droits de l'homme, l'insistance sur l'attachement aux valeurs traditionnelles.

La conférence, reconnaissant que la paix est un des fondements d'une société stable, fait appel aux nations du monde pour participer à l'affermissement de l'esprit d'unité et de fraternité motivé par les sentiments de coopération et de réconciliation internationales.

Les synagogues

Aux deux extrémités de l'Europe, la Tchécoslovaquie et l'Espagne, deux communautés au destin très différent, ont célébré avec éclat deux événements très différents également, et symboliques : les huit cents ans de la synagogue de Prague, l'inauguration de la synagogue de Madrid.

C'est en 1967 que devait être célébré le huit centième anniversaire de la communauté juive de Prague, et de sa synagogue de style gothique, la plus ancienne en activité en Europe, l'Altneuschuhl. La politique en décida autrement, et les manifestations officielles furent annulées.

Après le printemps de Prague, le gouvernement tchèque redonne vie au projet ; toutefois, les événements d'août 1968 le contraignirent à célébrer cet anniversaire avec davantage de discrétion. Diverses manifestations eurent lieu cependant, auxquelles participa le président Svoboda. Le petit nombre de juifs vivant encore à Prague (à peine 1 500) et l'actuel exode des juifs de Tchécoslovaquie entourèrent cet anniversaire d'un halo de nostalgie.

En revanche, l'inauguration d'une synagogue à Madrid, au cœur du pays de l'Inquisition et des Marranes, fut ressentie par les juifs du monde entier comme une réparation symbolique et une véritable résurrection. La dernière synagogue de Madrid avait été inaugurée en 1350, et c'était la première fois depuis l'expulsion des juifs d'Espagne, en 1492, qu'un édifice revêtu publiquement des symboliques de la religion juive pouvait être construit.