Depuis Jean XXIII, une vieille tradition est, au contraire, renouée ; elle remonte aux origines. Le pape, à nouveau, visite la chrétienté. En août 1968, Paul VI se rend à Bogota, dans cette Amérique du Sud à la fois fortement marquée par l'empreinte du catholicisme et sourdement travaillée par des idées révolutionnaires liées à la disparité flagrante des conditions sociales.

Plus important encore est le voyage de Paul VI à Genève, en juin 1969, à l'occasion du 50e anniversaire de la fondation du Bureau international du travail (BIT). Le pape répond, à cette occasion, à l'invitation du Conseil œcuménique des Églises (COE), établi dans la Rome calviniste. Événement extraordinaire qui, sur le plan de l'œcuménisme, doit avoir un prolongement et une résonance considérables.

Jean Villot

Né en 1905 à Saint-Amant-Tallende (Puy-de-Dôme), il est ordonné prêtre en 1930. Docteur en théologie et en droit canon, il professe la théologie morale au grand séminaire de Clermont-Ferrand, puis aux facultés catholiques de Lyon. Secrétaire général de l'épiscopat de France de 1950 à 1960, il est sacré évêque titulaire de Vinda en 1954 et devient l'un des auxiliaires de l'archevêque de Paris. En 1959, il succède au cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, et reçoit le chapeau de cardinal en 1965. Deux ans plus tard, il est appelé, à Rome, à la tête de la congrégation du concile, devenue congrégation pour le clergé.

L'encyclique « Humanae vitae »

Le pape Paul VI a signé, le 25 juillet 1968, l'encyclique Humanae vitae sur la régulation des naissances. Des raisons de place rendent impossible la reproduction intégrale de ce long document. On trouvera, ci-dessous, une analyse, qui, sans ajout ni commentaire, s'efforce de rester très près du texte ; elle est suivie d'un résumé des innombrables réactions qui ont été provoquées par la publication de cette encyclique.

Le pape invite les fidèles et les hommes de bonne volonté à se hisser au niveau d'un de leurs plus graves devoirs : celui de « transmettre la vie humaine », devoir qui fait des époux « les libres et responsables collaborateurs du créateur ». Ce devoir a toujours posé des problèmes à la conscience des époux ; mais l'évolution actuelle de la société et les mutations qu'elle entraîne compliquent tellement ces problèmes que l'Église, attentive à tout ce qui touche à la vie et au bonheur des hommes, se doit d'aider ceux-ci à en trouver la solution.

Selon l'encyclique, quatre éléments sont venus modifier les données des problèmes liés à l'amour humain et à la procréation : le développement démographique, tellement rapide qu'il engendre une inquiétude croissante quant à l'avenir de la planète, menacée par la surpopulation ; les conditions de la vie moderne, qui rendent de plus en plus difficile l'éducation des enfants ; la place nouvelle occupée par la femme au sein de la famille et de la société ; enfin, les extraordinaires progrès accomplis par l'homme « dans la maîtrise et l'organisation rationnelle des forces de la nature ».

Question capitale

Dès lors, poursuit le pape, ne pourrait-on admettre que « l'intention d'une fécondité moins abondante, mais plus rationalisée, transforme l'intervention matériellement stérilisante en un licite et sage contrôle des naissances » ? Question capitale, qui se situe au cœur de l'humanité, à la source de sa vie.

L'encyclique ajoute : en une matière aussi importante qui touche à la loi naturelle et à la loi évangélique, le magistère de l'Église doit obligatoirement s'exercer, d'autant plus qu'elle est le dépositaire privilégié d'un enseignement cohérent « tant sur la nature du mariage que sur le juste usage des droits conjugaux et sur les devoirs des époux ». Cet enseignement — exposé récemment dans la constitution pastorale Gaudium et Spes de Vatican II — ne peut être substantiellement modifié par des avis, d'ailleurs fort utiles, de la commission d'études instituée par Jean XXIII.

C'est donc à la lumière de la loi naturelle, de la haute vocation de l'homme et de l'enseignement de l'Église qu'il convient de préciser « la vraie conception » des deux grandes réalités de la vie matrimoniale : l'amour conjugal et « la paternité responsable ».