La vie religieuse

Les catholiques

L'Église en contestation

L'Église romaine, comme tous les grands corps, est travaillée par un esprit de contestation et de modernisation qui bouscule des positions considérées comme inébranlables.

Paul VI a lancé plusieurs fois, sous des formes diverses, de solennels avertissements aux « novateurs » téméraires, détachés de « la barque de Pierre ». À l'occasion de la clôture de l'Année de la foi, dans un Credo volontairement très orthodoxe, le pape s'est appliqué à reformuler dans un style théologique tout différent les passages les plus contestés du Catéchisme hollandais.

Hardiesse et prudence

Le pape, cependant, est soucieux de faire avancer les réformes nées de Vatican II et du synode de 1967. Chez Paul VI, la prudence alterne avec la hardiesse. Le 15 août 1968, Rome décide que le canon, réputé « partie fixe » de la messe, pourra être remplacé par trois autres prières eucharistiques ; en octobre, le Conseil de liturgie approuve un nouveau rite pour le baptême des enfants. Mais, le 15 novembre, Paul VI blâme publiquement les initiatives inopportunes, constatées notamment en France et aux Pays-Bas, en matière d'intercommunion.

Pour répondre aux besoins actuels de la jeunesse, Rome pose les normes de ce que sera désormais l'apprentissage de la vie religieuse. Parallèlement, le pape stigmatise plusieurs fois, et en public, ceux qui travaillent à « diviser l'Église » ; il souligne souvent « la douleur crucifiante » que lui causent « la défection et le scandale de certains ecclésiastiques et religieux », et répète que l'Église doit préserver « la sublime règle du célibat ecclésiastique ».

Enfin, le pape ordonne qu'on simplifie la procédure des béatifications, ainsi que les habits et titres des cardinaux ; dans le même temps, il regrette « certaines initiatives arbitraires et discutables » en matière de musique sacrée.

La volonté de Paul VI d'internationaliser le corps de ses collaborateurs, d'appeler, auprès des administrateurs de la curie, des pasteurs venus d'au-delà des monts s'est manifestée en plusieurs occasions. Le Consistoire du 28 avril 1969 crée 35 nouveaux cardinaux, dont deux in petto : 16 sont Européens, 10 Américains, 4 Asiatiques, 2 Africains ; il y a un Océanien. Au 1er mai 1969, sur les 134 membres du Sacré Collège, on compte 7 Africains, 11 Asiatiques, 2 Océaniens.

Un motu proprio sur le rôle des nonces, publié le 23 juin 1969, insiste sur la primauté de leur fonction pastorale.

Le 8 avril 1969, Mgr Jacques Martin est appelé à remplacer Mgr Rocca dans la charge de préfet du palais apostolique ; le 12, le cardinal hollandais Willebrands succède au cardinal Bea à la tête du secrétariat pour l'unité des chrétiens.

Le pape constitue, début mai 1969, la Commission théologique internationale dont la création a été recommandée par le synode de 1967. Il y appelle 30 théologiens originaires de 18 pays, dont 5 Français et 4 Allemands ; 2 seulement sont Italiens. On note, en particulier, la présence, dans cette commission, des P. P. Congar, de Lubac et Rahner, qui, sous Pie XII comme durant le présent pontificat, ont lutté pour la liberté d'expression en théologie.

Jean DANIÉLOU, né à Neuilly en 1905. Il entre dans la Compagnie de Jésus en 1929 et est ordonné prêtre en 1938. Docteur ès lettres et docteur en théologie, il est nommé, en 1944, à la faculté de théologie de l'Institut catholique de Paris ; le 19 avril 1969, il est sacré archevêque de Taormina.

Paul GOUYON, né à Bordeaux en 1910, est ordonné prêtre en 1937. Vicaire général de Bordeaux, il est nommé évêque de Bayonne en 1957. Coadjuteur, en 1963, du cardinal Roques, archevêque de Rennes, il lui succède en 1964. Il est président de la commission épiscopale de l'information.

François MARTY, né à Pachins (Aveyron) en 1904. Il occupe divers postes pastoraux dans le diocèse de Rodez, devient évêque de Saint-Flour en 1952, et archevêque de Reims en 1959, puis de Paris en 1968. En 1965, il succède au cardinal Liénart comme prélat de la Mission de France.

Tradition rompue

Si, en ce domaine, on peut parler d'escalade, il faut considérer comme un sommet la nomination, le 2 mai 1969, du cardinal français Jean Villot au poste de secrétaire d'État, deuxième poste de la catholicité ; il succède au cardinal Amleto Cicognani, démissionnaire. Cette désignation a eu un retentissement considérable, tellement elle rompt avec une tradition italianisante qui semblait intangible.