Le successeur de la machine de gestion P 1 ne sera donc pas P 2, mais une machine fabriquée sous licence américaine. Lorsque la CII fut constituée, il fut décidé que les deux firmes qui formaient la nouvelle société poursuivraient certaines de leurs fabrications. C'est ainsi que la CAE continua de mettre au point une machine qu'elle construisait sous licence, la 10070.

Cette machine, qui aurait dû être prête en 1968, a un an de retard, et, bien qu'américaine, sera commercialisée vers la fin de 1969 comme une machine du plan Calcul. Plus grave sans doute, encore, est le fait que la 10070 n'était pas, au départ, une machine de gestion, mais un calculateur destiné à des travaux scientifiques. Les techniciens doivent donc mettre au point de nouveaux programmes qui permettront de l'utiliser pour la gestion.

La réalisation de la machine P 3 n'est pas non plus très avancée. Il est vrai que les plans de départ étaient très ambitieux : outre la version classique en monoprocesseur, on prévoyait de réaliser une seconde version P 3 en multiprocesseur ; c'est-à-dire qu'au lieu d'une seule unité de traitement et de calcul (processeur), la machine en aurait deux, couplés l'un à l'autre. Cette technique de multiprocesseur devrait théoriquement permettre d'accéder au multitraitement, qui constitue un pas de plus que la multiprogrammation ; deux processeurs permettent de traiter vraiment en même temps deux programmes différents.

Cette technique, qui n'est pas encore au point, même aux États-Unis, exige des systèmes de programmation complexes. C'est pourtant celle qui a été choisie en principe pour l'une des versions de P 3. En monoprocesseur, P 3 ne sera livrée avec son software que vers la fin de l'année 1970 ; s'il est utilisé comme machine de gestion, ce software sera le même que sur la 10070. En multiprocesseur, le retard se chiffrera sans doute en années.

Le plan Calcul, on le voit, poursuit simultanément deux objectifs : produire des machines classiques permettant aux techniciens de se familiariser avec les techniques connues, tenter de réduire le retard de la France en étudiant rapidement des techniques plus avancées. Il s'accompagne d'autres efforts dans deux domaines : celui des périphériques — mais la firme constituée à cet effet en 1968, la SPERAC, n'a pas jusqu'ici présenté de matériel — et celui des composants — là, l'aide gouvernementale reste réduite.

Pour ce qui est des calculateurs, trois techniques semblent appelées à un avenir certain : le temps partagé, le multitraitement et la téléinformatique.

La téléinformatique, notamment, se développe rapidement aux États-Unis.

Elle comporte la transmission de données entre plusieurs systèmes de traitement de l'information, par l'intermédiaire de lignes téléphoniques à grande vitesse, ce qui permet de centraliser ces données ou de les traiter à distance.

En France, la plus récente étude du Commissariat au plan prévoit qu'en 1975 les besoins seront de 25 000 à 30 000 liaisons de transmissions de données, et de 40 000 à 50 000 installations terminales (ces installations comprennent généralement un modem, ou modulateur-démodulateur de signaux, et une machine de traitement) et de 80 000 à 100 000 périphériques d'extrémité (pour stocker ou présenter les données qui seront transmises par téléphone, par exemple des mémoires ou des écrans de visualisation).

Réalisations futures

Il faudra donc, d'une part, améliorer considérablement le réseau téléphonique, d'autre part, disposer d'équipement permettant la transmission de données à des vitesses importantes, notamment des modems jusqu'à plusieurs milliers d'unités d'informations par seconde. Des firmes françaises travaillent activement à la réalisation de tels équipements. Plusieurs installations de transmissions d'information ont été déjà mises en place en France, pour le compte de grands organismes ou sociétés, tels l'EDF, le Crédit commercial de France ou la Météorologie nationale. Lorsqu'elles seront généralisées, de telles installations devraient permettre le développement du traitement partagé, puisqu'il deviendra possible d'utiliser à distance un très gros calculateur, que la machine appartienne à une grande firme ou administration, ou à une société fournissant des services de calcul à façon à divers utilisateurs privés.

Télécommunications

Compétition autour des satellites

Plusieurs nouveaux satellites de communications, lancés par les États-Unis, sont venus compléter le réseau international Intelsat.