Les canalisations des éléments fluidiques sont en verre spécial, ce qui explique qu'aux États-Unis et en France les promoteurs de la nouvelle technique soient des filiales des industries du verre (Saint-Gobain). Sovcor emploie un verre qui a la particularité d'être plus sensible à l'acide fluorhydrique sur les parties exposées à l'ultraviolet, ce qui permet un usinage précis à l'acide, suivi d'une recuisson qui donne au verre les qualités physiques de la céramique.

Premières applications

En France, la SNECMA s'est intéressée à la fluidique pour la régulation des jets de réacteurs. En février 1969, la société Sovcor (filiale de Saint-Gobain et de la firme américaine Corning Glass) a annoncé le lancement sur le marché français de toute une série d'applications industrielles, parmi lesquelles des systèmes de sécurité pour des presses, des contrôles de niveau pour les liquides, des matelas anti-escarres, etc.

On a proposé de construire des machines à calculer dans lesquelles l'électronique sera remplacée par la fluidique.

Énergie

Objectif no 1 : les surgénérateurs

Tout en poursuivant la mise en place de réacteurs de types éprouvés, l'industrie nucléaire se tourne de plus en plus vers les surgénérateurs, dont la technique a bénéficié récemment de progrès considérables.

Dans ces réacteurs, l'uranium naturel est utilisé en totalité, alors que, dans les réacteurs classiques, pratiquement seul l'isotope de masse atomique 235 est véritablement consommé. Schématiquement, ces réacteurs sont constitués d'un cœur contenant une matière fissile très concentrée, uranium 235 et surtout plutonium. Ce cœur ne contient aucun élément léger pouvant ralentir les neutrons responsables de la réaction nucléaire. C'est donc un réacteur à neutrons rapides, par opposition aux réacteurs ordinaires, qui sont à neutrons lents.

Les neutrons rapides étant moins efficaces que les neutrons lents dans les réactions de fission, il est nécessaire d'employer une matière fissile concentrée dans le cœur, ce qui est, a priori, un inconvénient, étant donné le prix de cette matière fissile.

En quinze ans

Les neutrons rapides ont l'avantage de transformer facilement l'uranium 238 — qui est de loin l'isotope le plus abondant, mais qui est très difficilement fissile — en plutonium 239, qui, lui, est très fissile. D'où l'idée d'entourer le cœur du réacteur d'une enveloppe de matière fertile, c'est-à-dire d'uranium 238 (ou, plus simplement, d'uranium naturel qui contient à plus de 99 % cet isotope).

On en arrive ainsi à concevoir un réacteur à neutrons rapides, qui consomme, certes, du plutonium dans son cœur, mais qui en forme aussi dans les couches fertiles qui entourent ce cœur. Il se forme plus de plutonium dans la matière fertile qu'il n'en est consommé dans le cœur. On estime généralement qu'un réacteur surgénérateur est capable, en quinze ans de fonctionnement, non seulement de compenser les pertes de plutonium dans le cœur, mais aussi de former une quantité de plutonium suffisante pour faire un autre cœur. D'où le nom de réacteur surgénérateur.

Depuis plusieurs années, tous les spécialistes sont convaincus que les réacteurs à neutrons rapides sont les réacteurs de l'avenir, car, finalement, ils consomment, une fois fait le premier investissement en plutonium, une matière première peu onéreuse : l'uranium 238.

L'obstacle principal à la fabrication de tels réacteurs est d'ordre technique. Le cœur d'un réacteur surgénérateur, étant formé de matière fissile presque pure, est obligatoirement très petit. Cela réduit les dépenses de construction de la cuve. Mais la chaleur dégagée par la réaction nucléaire doit y être dissipée dans un tout petit volume. Il faut donc employer un fluide de refroidissement particulièrement efficace.

Le sodium liquide

Il y a très longtemps que les spécialistes ont désigné celui qui leur semble le meilleur : le sodium fondu. Il a l'avantage de ne pas trop absorber les neutrons et surtout d'avoir une très grande capacité à transporter la chaleur.

Par contre, son emploi pratique est délicat, car le sodium à l'état liquide réagit avec une très grande vigueur sur la moindre goutte d'eau. Un circuit à sodium ne tolère pas la moindre fuite. Aussi, certains spécialistes, craignant des difficultés techniques insurmontables, ont-ils préconisé des méthodes de refroidissement moins efficaces, mais plus classiques.