Le succès de la réforme économique — décentralisation, liberté de gestion pour les entreprises — est confirmé par les chiffres : 7 % d'augmentation de la production industrielle en 1968 ; profits des entreprises de 20 % supérieurs aux prévisions ; stabilité des prix et des salaires.

En dépit d'une opposition des dogmatiques, qui restent d'ailleurs sur la défensive, une loi est adoptée donnant en partie satisfaction aux thèses d'Andras Hegedüs (ancien Premier ministre converti au libéralisme), qui affirmait : « Nous avons besoin, pour défendre les travailleurs, d'un authentique mouvement ouvrier. » Cette loi accorde aux syndicats le droit de veto contre certaines décisions des directeurs d'usines, si elles sont en contradiction avec l'éthique socialiste.

Politique de la voie moyenne

Mais la transformation des syndicats — problème politique par excellence — ne s'amorce que lentement. Les dirigeants du parti hongrois essaient, en effet, d'éviter tout ce qui peut heurter de front l'Union soviétique. Après l'intervention soviétique d'août 1968, ils seront ainsi obligés de réagir contre leurs propres libéraux. Cela avec une modération qui confirme bien la position centriste de la Hongrie dans le bloc oriental. Trois intellectuels seront exclus du parti, le 14 décembre 1968, pour avoir signé un manifeste en faveur des Tchécoslovaques, lors d'une rencontre internationale à Korcula (Yougoslavie). Mais le philosophe Lukacs, qui a adopté une attitude identique sans la rendre publique, ne sera pas sanctionné. Hegedüs, lui, se verra infliger un simple blâme pour le même motif. Lukacs ira plus loin en mai 1969, dans une interview à la revue des écrivains Kortars : « En dépit de leurs erreurs, affirme-t-il, Marcuse et Bloch sont objectivement nos alliés et, selon moi, on ne peut nier qu'ils soient des adversaires authentiques de l'impérialisme. »

C'est sans enthousiasme, et après avoir prévenu la Tchécoslovaquie des dangers qu'elle courait, que Janos Kadar, Premier secrétaire du parti, a dû suivre Moscou dans la crise tchécoslovaque. Il pourrait faire sien un mot qui court à Budapest : « Les pays interventionnistes ne sont pas cinq, mais quatre et demi. » La visite de Jenö Fock, le Premier ministre hongrois, en Yougoslavie, le 8 février 1969, marque nettement les distances qui séparent la Hongrie de ses alliés du pacte de Varsovie. Et quand Kadar recevra, le 15 mai 1969, à Budapest, Husak, ce sera pour lui conseiller la voie moyenne du modèle hongrois.

Irlande

2 910 000. 41. 0,4 %.
Économie. PNB (66) 1 021. Production (66) : A 20 % + I 33 % + S 48 %. Consomm. énergie (*66) : 2 453 kg e.c.
Transports. (*66) : 547 M pass./km, 391 M t/km. (*66) : 299 900 + 49 900. 143 000 tjb. (*66) : 1 072 965 000 pass./km.
Information. (66) : 7 quotidiens ; tirage global : 701 000. (66) : *816 000. (66) : 371 000. (61) : 146 000 fauteuils ; fréquentation : 38 M. (66) : 230 000.
Santé (61). 2 952 Mté inf. (66) : 24,9.
Éducation. Prim. (64) : 497 163. Sec. et techn. (64) : 153 776. Sup. (65) : 21 280.
Institutions. État indépendant depuis 1921. Constitution de 1937. République proclamée le 18 avril 1949. Président de la République : Eamon De Valera. Premier ministre : Jack Lynch.

Première conséquence de la victoire inattendue aux législatives du 18 juin 1969 du parti gouvernemental Fianna Fail, J. Lynch, Premier ministre, demeure en place ; il avait pourtant essuyé un échec au référendum du 15 octobre 1968, le pays ayant refusé tout changement du système électoral.

Islande

200 000. 2. 1,8 %.
Économie. PNB (66) 2 837. Consomm. énergie (*66) : 4 077 kg e.c.
Transports. (*66) : 32 500 + 6 800.  : 133 000 tjb. (*66) : 973 373 000 pass./km.
Information. (65) : 5 quotidiens ; tirage global : 83 000. (66) : 57 000. (63) : 15 200 fauteuils. (66) : 57 615.
Santé (64). 248 . Mté inf. (66) : 13,7.
Éducation. Prim. (63) : 24 997. Sec. et techn. (63) : 15 334. Sup. (64) : 1 038.
Institutions. République indépendante le 27 juin 1944. Constitution de 1944. Président de la République : Kristjan Eldjarn, élu le 30 juin 1968. Premier ministre : Bjarni Benediktsson.

Italie

52 750 000. 172. 0,9 %.
Économie. PNB (66) 1 182. Production (66) : A 13 % + I 40 % + S 48 %. Consomm. énergie (*66) : 1 961 kg e.c.
Transports. (*66) : 29 874 M pass./km, 16 022 M t/km. (*66) : 6 356 600 + 691 200.  : 6 219 000 tjb. (*66) : 4 679  831 000 pass./km.
Information. (65) : 92 quotidiens ; tirage global : 5 811 000. (66) : 11 163 000. (66) : 6 855 000. (66) : fréquentation : *640 M. (66) : 6 467 597.
Santé (67). 91 519 . Mté inf. (66) : 34,3.
Éducation (65). Prim. : 4 480 207. Sec. et techn. : 3 058 049. Sup. : 300 940.
Institutions. République, proclamée le 10 juin 1946. Constitution de 1947. Président de la République : Giuseppe Saragat, élu le 28 décembre 1964 ; succède à Antonio Segni. Premier ministre : Mariano Rumor.

Extrême fragilité de la coalition de centre gauche

Lorsqu'elle aborde l'été 1969, l'Italie peut se targuer d'avoir bénéficié d'une extraordinaire stabilité.