Les conflits

La crise vietnamienne

Intensification des raids américains sur le Viêt-nam du Nord ; aggravation et durcissement des combats au Viêt-nam du Sud ; échecs successifs de toutes les tentatives diplomatiques pour mettre fin au conflit. Ces trois propositions résument l'année vietnamienne. Elle aura été une nouvelle année de guerre.

À la fin de l'été 1967 — à moins d'un événement décisif —, rien ne laisse prévoir un retournement de la situation. Au contraire. Américains et Sud-Vietnamiens d'un côté, Nord-Vietnamiens et viêt-congs de l'autre s'installent plus que jamais dans la guerre : les premiers prêts à franchir de nouveaux degrés dans l'escalade, les seconds résolus à résister et à briser par leur résistance la formidable pression de la machine de guerre mise en œuvre par les États-Unis. C'est l'impasse. Une impasse déjà vieille de cinq ans.

Le chemin des rizières

L'engagement des États-Unis au Viêt-nam a commencé en 1962, avec la création, au début de cette année-là, d'un commandement militaire américain. Jusqu'à cette date, les Américains ont fait confiance au président Ngô Dinh Diem, qu'ils avaient mis à la tête du Viêt-nam du Sud à l'issue de la conférence de Genève de 1954 et du partage du pays en deux zones. Mais leurs espoirs sont bien vite déçus. Si Diem, avec une fermeté qui n'exclut ni la force ni les répressions, fait du Viêt-nam du Sud un des plus solides bastions du monde occidental aux portes mêmes du monde communiste, il ne peut empêcher la renaissance de la rébellion.

D'une part, en effet, aucune réforme sociale n'est venue compenser le caractère dictatorial de son régime. D'autre part, ni les Américains ni les Sud-Vietnamiens n'ont signé, lors des accords de Genève, la déclaration annexe prévoyant des élections libres dans tout le pays en vue de sa réunification.

Il est inévitable, dès lors, que les anciens maquisards, et aussi tous ceux qui s'opposent au régime de Diem et ne sont pas nécessairement communistes, prennent ou reprennent le chemin de la jungle ou des rizières ; ils créent le Front national de libération (FNL).

La nouvelle guerre du Viêt-nam est commencée. Les forces gouvernementales et leurs conseillers américains, qui ne se heurtent d'abord qu'à de petits groupes, sont bientôt obligés d'affronter de véritables unités constituées.

L'assassinat de Diem le 1er novembre 1963 ouvre une nouvelle période. Les Sud-Vietnamiens se révèlent incapables de mettre sur pied un gouvernement stable qui, comme l'auraient souhaité les Américains, aurait rallié l'ensemble de la population et au moins mis un frein au développement de la rébellion.

En réalité, c'est le contraire qui se produit : les désertions se multiplient dans l'armée sud-vietnamienne ; les conseillers militaires américains sont débordés ; les coups de force du Viêt-cong se font de plus en plus audacieux.

C'est l'engrenage. Un véritable corps expéditionnaire américain s'installe au Viêt-nam du Sud. La VIIe escadre patrouille au large des côtes nord-vietnamiennes. De puissantes bases, enfin, sont construites aux points clés du pays.

Les Américains ne se contentent plus de conseiller les Sud-Vietnamiens. Ils se battent. Et l'engrenage conduit à l'escalade. Devant le développement de la guérilla, devant aussi l'appui et les facilités accordés au Viêt-cong par les Nord-Vietnamiens, les Américains s'engagent chaque mots un peu plus dans la guerre.

Les raids de représailles

Le 6 février 1965. prenant prétexte d'une attaque contre leur base de Pleiku, les bombardiers de l'US Air Force effectuent le premier raid contre le Nord.

À leurs yeux, le Viêt-nam du Nord est le coupable no 1. Les raids de représailles vont donc se succéder pendant des mois, mais bien vite ils n'ont plus de représailles que le nom. L'escalade a sa logique propre, dont l'année qui vient de s'écouler est un nouvel exemple.

Les trois objectifs de l'escalade

De juin 1966 à juillet 1967, les États-Unis vont franchir plusieurs degrés de l'escalade et les bombes américaines atteindre des objectifs qui ne sont plus seulement militaires, mais civils. C'est même la caractéristique de l'année. En dépit des proclamations de Washington, tout se passe comme si les Américains voulaient provoquer l'effondrement de l'économie du Viêt-nam du Nord, saigner le pays à blanc.