Pour les pays d'Europe centrale, l'Allemagne est évidemment un exemple technique. Dans le cas particulier de la télévision, à cette influence naturelle s'ajoutent des considérations pratiques : devant la dualité des procédés qui régneront en Europe, chaque pays se demande avec quel autre il a le plus de chance d'échanger des émissions. Ainsi, de proche en proche, voit-on que l'Europe centrale et nordique devait fatalement se ranger sous la bannière allemande, et cela d'autant plus que l'influence de l'électronique américaine est évidente sur l'électronique hollandaise et plus encore celle de l'électronique hollandaise sur La Haye. Voilà comment le compartimentage de l'Europe s'est consommé. Voilà pourquoi l'automne 1967 verra naître deux procédés en France et en URSS d'une part, en Angleterre et en Allemagne d'autre part.

La collaboration France-URSS pour le SECAM

Le 24 février 1967, un accord a été conclu pour la construction en URSS d'une usine qui fabriquera des tubes de TV en couleurs selon le procédé de Henri de France (inventeur du SECAM). Ces tubes consomment moins de 100 watts, alors que les tubes américains en usage consomment 400 watts.

Le 20 avril 1967 a été signé à Paris un contrat portant sur la livraison à l'URSS d'un lot de 300 récepteurs SECAM, destinés à des besoins soviétiques prioritaires.

Énergie

Une technique nouvelle pour la production d'électricité : la MHD

Les centrales électriques de l'avenir utiliseront-elles des générateurs tout à fait différents des machines actuelles ? Une des principales nouveautés techniques qui pourraient introduire un tel changement est la magnétohydrodynamique, ou MHD. Au cours du troisième colloque international sur la MHD, qui s'est tenu en juillet 1966 à Salzbourg (Autriche), quatre cents spécialistes ont fait le point des progrès accomplis dans la construction de générateurs MHD.

Rendements accrus

La majeure partie de l'énergie électrique consommée dans le monde est produite par des turbines à vapeur qui font tourner des machines dynamoélectriques, les alternateurs. La chaleur nécessaire pour produire la vapeur s'obtient soit en brûlant des combustibles (charbon ou produits pétroliers), soit par la fission du noyau atomique (centrales nucléaires). Que l'on parte du combustible ou du métal fissile, l'opération consiste à transformer d'abord l'énergie thermique obtenue (vapeur sous pression) en énergie mécanique (mouvement tournant de l'alternateur), celle-ci donnant enfin, grâce à l'alternateur, de l'énergie électrique.

La transformation de l'énergie thermique en énergie électrique en passant par le stade intermédiaire de l'énergie mécanique ne se fait pas sans perte en cours de route. Dans les meilleures centrales, la proportion d'énergie thermique transformée en énergie électrique est d'environ 40 %. C'est pourquoi l'effort de la recherche s'oriente vers des procédés de transformation directe de la chaleur en électricité ; en supprimant les turbines et les alternateurs, on arriverait à accroître le rendement.

La MHD repose au départ sur le même principe que les machines électriques tournantes : quand un conducteur traverse un champ magnétique, une différence de potentiel apparaît aux bornes de ce conducteur. Mais dans un générateur MHD le conducteur, au lieu d'être une pièce de cuivre, est un courant gazeux. Le gaz est chauffé à une température allant de 1 200 à 3 000 °C, ce qui détermine une ionisation partielle, un certain nombre d'atomes étant dépouillés de leurs électrons. Un tel fluide, ou plasma, est donc conducteur, propriété qu'on accentue en l'ensemençant avec des métaux alcalins (potassium, césium).

Le plasma est alors détendu dans une tuyère perpendiculaire à un champ magnétique. L'énergie électrique produite est recueillie, sous forme de courant continu, aux bornes des électrodes baignant dans la veine fluide. De l'énergie thermique dépensée pour chauffer le plasma, on passe donc directement à l'énergie électrique, sans qu'aucune pièce mécanique ait été mise en mouvement.

Cycles fermé et ouvert

Il existe deux types de générateurs MHD : à cycle fermé et à cycle ouvert.