Quelques jours plus tard, un colloque a lieu au festival de Montreux. Animé par des spécialistes — un Américain, un Japonais et un Français, Bernard Hecht —, il traite des problèmes de la production et de la réalisation des émissions.

À l'Exposition universelle de Montréal, dont l'inauguration est transmise en mondiovision, un studio des Buttes-Chaumont est reconstitué dans le pavillon français. Entouré de parois vitrées, il permet aux visiteurs de comparer ce qu'ils voient réellement aux couleurs des images proposées sur des écrans témoins. Une dizaine de courtes dramatiques sont ainsi présentées. Enregistrées au magnétoscope, elles seront ensuite diffusées en France.

Enfin, en septembre, quelques jours avant l'inauguration officielle, les téléspectateurs se familiariseront avec cette technique nouvelle au Salon international de la Radio-Télévision de Paris, porte de Versailles.

Parallèlement, l'ORTF met en service deux nouveaux studios et en transforme deux autres. Des cars de reportage sont également prêts à fonctionner. Côté programmes, l'Office dispose d'un certain stock.

Des émissions déjà vues en noir et blanc seront rediffusées en couleurs ; la Prise du pouvoir par Louis XIV ; l'Arlésienne ; Orphée aux Enfers, ballet réalisé par Pierre Badel ; Anna, avec Anna Karina et Jean-Claude Brialy.

D'autres seront présentées directement en couleurs : Bajazet, de Racine, réalisé par Michel Mitrani ; La guerre de Troie n'aura pas lieu, de Jean Giraudoux ; Une femme sans importance, d'Oscar Wilde, l'Œuvre, de Zola ; Antoine et Cléopâtre, de Shakespeare.

Un nouvel élan

Le vrai problème pour les usagers reste le prix du récepteur. Un appareil disposant d'un écran de 65 cm et pouvant capter les deux chaînes, dont la couleur, coûtera, à l'automne 1967, de 5 000 à 7 000 F. Une grande compagnie espère cependant lancer dès la fin de l'année des postes ne pouvant recevoir que la deuxième chaîne (couleurs et noir et blanc) au prix de 3 500 F. Mais la commercialisation de la télévision en couleurs demandera quatre ans au moins ; alors, les nouveaux tubes plats sortiront en série, ce qui diminuera le prix du récepteur de 25 % environ. L'antenne qui sert à la deuxième chaîne suffira, à condition toutefois d'être parfaitement installée.

Malgré ces difficultés, les spécialistes restent optimistes, estimant à plus de 350 000 le nombre de récepteurs de télévision en couleurs vendus avant la fin 1970. Parallèlement, l'équipement en récepteurs noir et blanc doit se poursuivre. Fin 1965, 51 % des ménages français disposaient d'un téléviseur. Fin 1970, ce chiffre sera probablement passé à 78 %.

Souvent critiquée, parfois à juste titre, la direction de l'ORTF fait de réels efforts pendant la saison 1966-1967. Une mutation en profondeur se précise, tant dans le domaine de l'information que sur le plan de l'expression. La difficile recherche d'un équilibre destiné à satisfaire le plus grand nombre entre la télévision dite « populaire » et celle qui est dite « intellectuelle », trouve un début d'épanouissement dans le principe des soirées alternées. Après une période de régression artistique qui risquait de nous conduire au pire, un nouvel élan semble donné.

Écouter ou voir

Réduite considérablement par l'expansion de la télévision, l'audience de la radio connaît un nouvel essor depuis l'apparition des postes à transistors. En France, depuis qu'ils ont la télévision, 19 % des téléspectateurs écoutent autant la radio, 63 % moins et 18 % plus du tout.

À l'heure du déjeuner, on compte en moyenne 4 000 000 de téléspectateurs devant leur récepteur pour 9 000 000 de personnes écoutant la radio.

Théâtre

Relâche... ou la crise du répertoire

L'année comptera pour assez peu dans les archives du théâtre en France. Non qu'elle ait été pauvre en spectacles de valeur — on a noté, au contraire, quelques très grandes réussites de mise en scène ou d'interprétation —, mais il s'agissait exclusivement de reprises ou d'adaptations, jamais de créations françaises. Silence des anciens, désintérêt des jeunes : aucune saison depuis la guerre n'a été autant marquée que celle-ci par le manque d'auteurs.