Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Néolithique (suite)

Les Balkans

Des collines artificielles semblables aux précédentes existent dans une grande partie de la péninsule balkanique. L’un des plus anciens sites fouillés est celui de Sesklo, ou Sésklon, en Thessalie, au début de ce siècle. Il correspond au Néolithique ancien et moyen. Plus récemment, les fouilles d’Argissa-Magoula ont permis de déceler une phase précéramique et un niveau à céramique non décorée appartenant à une culture dite « proto-Sesklo ». Le site bulgare de Karanovo a été l’objet d’une vaste campagne entre 1936 et 1957 : les quatre niveaux inférieurs vont du Néolithique ancien au Néolithique final en passant par les Néolithiques moyen et récent. Citons encore le site de Starčevo (Yougoslavie), qui a donné son nom à un faciès culturel du Néolithique ancien important. Les sites de Vinča et de Bubanj en Serbie, de Vučedol en Slavonie sont les plus représentatifs de cette culture dans les niveaux inférieurs de leur stratigraphie. Les niveaux supérieurs s’étagent jusqu’à l’âge du bronze et constituent l’une des meilleures références chronologiques du Néolithique.

L’Europe méridionale

La stratigraphie de Knossós (Crète) révèle quatre niveaux néolithiques sous les palais minoens ; le plus ancien niveau est un Néolithique sans céramique daté de 6100 av. J.-C. Deux sites italiens ont fourni de larges stratigraphies : le « Castello » de Lipari et la grotte des Arene Candide, près de Savone. La séquence de cette dernière est impressionnante puisqu’elle s’étend du Paléolithique supérieur au romain.

La France méridionale possède de nombreux sites, notamment Châteauneuf-lès-Martigues et Gémenos (Bouches-du-Rhône), Thémines (Lot). On distingue généralement une stratigraphie allant du Néolithique ancien au Néolithique récent avec parfois un niveau moyen contenant de la poterie chasséenne.

L’habitat de Chassey-le-Camp (Saône-et-Loire) a donné son nom à l’une des principales cultures néolithiques françaises, le Chasséen. La vase des lacs suisses enfin a souvent fourni un matériel remarquablement conservé provenant des palafittes.

L’Europe centrale

Le site de Lauterach (Wurtemberg) possède trois niveaux néolithiques : ancien ou rubané, moyen ou Aichbühl, récent ou Schussenried. Ces trois niveaux s’étagent entre le Mésolithique et un bronze moyen. L’habitat de Goldberg (Wurtemberg) a permis de préciser les développements des Néolithiques moyen et récent.

Le village de Bylany (Bohême orientale) ne couvre pas moins de 20 ha et a fait l’objet de fouilles très importantes depuis 1953 sous la direction de Bohumil Soudsky. Ces travaux, originaux par les méthodes modernes utilisées dans l’analyse des vestiges, ont mis en évidence plusieurs réoccupations successives dues à l’agriculture cyclique. La plupart des habitations remontent au IVe millénaire et correspondent au Néolithique ancien (culture danubienne à céramique rubanée linéaire).

L’Europe septentrionale

Cette vaste région possède peu de sites à stratigraphies. Aussi les préhistoriens ont-ils fouillé principalement des tourbières. Celles-ci ont révélé la civilisation dite « des gobelets en entonnoir », qui précède le faciès culturel chalcolithique appelé cordé.

U. R. S. S.

On note en U. R. S. S. peu de stratigraphies et peu de fouilles étendues pour le Néolithique, sauf en Ukraine. Les plus importantes semblent être celles de Mikhaïlovka en Russie méridionale et de Kelteminar, en Asie centrale, sur les bords de l’Amou-Daria.

Afrique

Les seules stratigraphies connues se trouvent au Maroc, dans les grottes d’Achakar.

Les célèbres peintures rupestres du Sahara (Tassili des Ajjer) constituent cependant un apport non négligeable à la connaissance du Néolithique en Afrique septentrionale. Le Sud, lui, reste très pauvre.

Chine

Le site de Yangshaocun [Yang-chao-ts’ouen, Henan (Ho-nan)] a donné son nom à la civilisation néolithique ancienne de Yangshao (Yang-chao). Cette civilisation a été reconnue dans les provinces avoisinantes de Shānxi (Chan-si) et Shănxi (Chen-si). Le site de Longshan [Long-chan, Shandong (Chan-tong)] est éponyme du Néolithique récent qui lui fait suite.

Le Sud-Est asiatique

Certains travaux récents ne sont pas encore publiés à ce jour. Les Américains Wilhelm Solheim et Donn Bayard fouillent le site de Non Nok Tha (Thaïlande) depuis 1966. Les découvertes paraissent importantes et bouleverseront peut-être les données actuelles sur le Néolithique de cette région.

L’Amérique

Les travaux de Richard MacNeish dans la vallée de Tehuacán (Mexique) constituent l’une des sources de renseignements les plus importantes. La séquence établie remonte au-delà du VIIIe millénaire avant J.-C. Les niveaux inférieurs de quelques autres sites complètent nos connaissances : La Victoria (Guatemala), Momil (Colombie) et la vallée du Virú (Pérou).

Documents ethnographiques

Les enquêtes ethnographiques effectuées auprès des sociétés dont le stade d’évolution correspondait encore récemment au Néolithique fournissent enfin toute une série de renseignements extrêmement riches.


Le Néolithique en Asie Mineure

La zone asiatique dans laquelle nous pouvons déceler les débuts d’une nouvelle forme d’existence est délimitée géographiquement par le « Croissant fertile », qui s’étale de la Palestine au golfe Persique. Là se côtoient des plaines bien arrosées, des steppes semi-arides et des montagnes peu élevées, aux riches vallées. Les premiers indices de l’agriculture et de l’élevage sont déjà apparents dans les niveaux les plus bas des divers sites de Mésopotamie.

Aux IXe et VIIIe millénaires av. J.-C., tant en Iraq qu’en Palestine, l’importance croissante prise par la récolte des céréales est clairement attestée par des faucilles, des meules, des bols et des pilons en pierre, mais il est encore difficile de parler d’agriculture et d’élevage.

Au VIIe millénaire, la culture du blé et de l’orge ainsi que l’élevage de la chèvre sont certains. Les récipients en pierre sont omniprésents, mais la cuisson de l’argile reste à inventer. En Iraq, les microlithes géométriques côtoient une industrie de lames et de fins perçoirs. Ras Shamra (Syrie) connaît les bols en pierre, et la Palestine un gros outillage (pics, haches, tranchets). L’architecture présente de nombreuses variations : au nord domine la maison rectangulaire ou carrée à plusieurs pièces, en argile ou en briques crues posées sur des fondations de pierre. La tradition natoufienne (maison ronde en pierre) persiste en Palestine. À Çatal höyük, les habitations rectangulaires s’alignent le long de rues étroites ; à l’intérieur, elles sont décorées de peintures murales, parfois polychromes, représentant des motifs géométriques et des compositions naturalistes (animaux, personnages ou scènes de chasse).