Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Mezzogiorno (suite)

Les résultats

Sur le plan de l’agriculture, les résultats sont loin d’avoir atteint les objectifs. Des travaux de bonification ont été effectués (irrigation, drainage, assainissement, reboisement), et cela a supposé la construction de routes, de canaux d’irrigation, de réservoirs, de digues, d’aqueducs. La réforme agraire a coûté cher et n’avait intéressé, quinze ans après ses débuts, que le dixième de la propriété latifundiaire visée par les nouvelles mesures. Les actions tendent à être modulées selon les secteurs. On distingue trois zones différentes d’intervention. Il y a des zones à « agriculture consolidée », territoires de culture traditionnellement intensive (vigne, fruits, légumes, oliviers) ; ce sont des régions de plaine où l’occupation humaine est intense et ancienne. C’est le cas d’une partie de la Campanie, des régions de Bari et de Brindisi, de la presqu’île du Salento, de la côte sicilienne et de quelques secteurs de la Sardaigne ou de la Calabre. Il y a ensuite des zones à « haute réceptivité », où les conditions naturelles peuvent devenir favorables si certaines actions sont menées (notamment l’irrigation). L’installation humaine y est le plus souvent récente et dispersée. Ce sont des secteurs côtiers comme les plaines du Volturno, du Sele, les régions du Métaponte, de Tarente, de Catane, de Cagliari et d’Oristano. Enfin, il y a les zones d’« agriculture extensive », dans les collines et les montagnes intérieures, avec prédominance de la polyculture et de l’élevage. Ce sont les régions les plus affectées par l’émigration, et l’on a pu dire, pour exprimer leur sous-développement croissant, qu’il se formait ici « un Sud dans le Sud ».

Mais l’industrie est aujourd’hui le grand espoir. Après une attente souvent décourageante, les premières réussites viennent récompenser les efforts consentis. L’extension de l’industrie est inégale selon les régions. Dans le Mezzogiorno continental, ce sont encore les secteurs montagneux qui sont les plus défavorisés. Dans les régions des Abruzzes et du Molise, les industries, mises à part des productions traditionnelles (les dragées de Sulmona par exemple), sont essentiellement des branches extractives. La découverte d’hydrocarbures à Alanno, à Cellino et surtout à San Salvo, près de Vasto, n’a pas attiré d’industries, cette richesse étant exportée. Il en va en partie de même pour les équipements hydro-électriques. Dans le domaine manufacturier, les établissements sont rares : une usine du travail de la bauxite à Bussi, des sucreries à Avezzano et à Celano ; pour le reste, il s’agit d’activités artisanales, le plus souvent alimentaires. Le centre de Pescara commence cependant à s’industrialiser. Le tableau est analogue dans le Basilicate. Les uniques initiatives récentes que l’on peut relever sont au nombre de deux. Dans la vallée du Basento, les puits méthaniers de Ferrandina alimentent des exploitations pétrochimiques et d’engrais ainsi qu’une usine de produits de revêtement routier. À Maratea, une grosse usine lainière a été installée. En Calabre, la construction d’usines hydro-électriques dans le massif de la Sila a éliminé un des facteurs qui freinaient la croissance industrielle, le manque d’énergie. Il n’y a pourtant encore qu’un seul centre industriel, celui de Crotone (fabrication d’acide sulfurique, d’engrais et travail des minerais sardes). Ailleurs, on note des initiatives isolées : cimenterie à Catanzaro Marittima, manufacture de laine à Praia a Mare, entreprises de mécanique et de fibres synthétiques à Vibo Valentia. Reggio di Calabria possède une petite industrie mécanique, mais espère devenir un nouveau centre sidérurgique.

D’autres régions sont mieux dotées. Le « pôle industriel » de la Pouille, s’il n’a pas vraiment encore réussi une intégration des activités industrielles, présente des réalisations importantes. Les anciennes industries, comme la transformation des produits agricoles ou l’extraction de la bauxite à San Giovanni Rotondo ou à Spinazzo, sont dépassées par des éléments nouveaux. À Bari, l’industrie de transformation domine. Brindisi est le domaine de la chimie lourde avec le grand établissement de la Montedison (polyéthylène, polypropylène et polystyrol, composants de la fibre « Terital »). Tarente a diverses industries, mais elle est avant tout un des grands centres sidérurgiques italiens, création de l’IRI : en 1969, on a décidé de doubler la capacité de son industrie sidérurgique, qui était alors de 2,5 Mt d’acier par an. Sur la façade tyrrhénienne, il y a également des secteurs bien équipés. Le sud du Latium a profité de sa situation à proximité de Rome et de son inclusion dans le domaine d’action de la Caisse du Midi. Cela a renforcé les anciennes industries du papier de la province de Frosinone ainsi que le port de Gaète, qui a reçu une raffinerie et une fabrique de carreaux et d’appareils sanitaires. Mais cela a surtout aidé au développement de la zone de Latina, où un grand nombre de petites industries (textiles, mécanique, produits pharmaceutiques) ont fixé leurs établissements. Enfin, il y a le secteur de Naples. Il s’agit en fait de toutes les initiatives nées dans les provinces de Naples, de Salerne et de Caserte. La Campanie, déjà industrialisée avant l’unité italienne, a connu un réveil industriel dès avant la Première Guerre mondiale grâce à l’action de l’État. Cela s’est affirmé après la Seconde Guerre mondiale, au point que la Campanie est devenue aujourd’hui la cinquième région industrielle italienne. Ce sont les plaines qui ont reçu les implantations, les secteurs montagneux étant limités à des équipements hydro-électriques ou à des industries extractives (matériaux de construction). Les 300 000 emplois industriels se répartissent dans une gamme variée, dont les secteurs principaux sont la métallurgie-mécanique, le textile-habillement, les industries alimentaires, le travail du bois, celui des minéraux non métallifères et la chimie. Au nord de Naples, Caserte (soie, habillement, verre, mécanique) commande à une petite région industrielle avec Capoue (sucrerie, produits pharmaceutiques) et Santa Maria Capua Vetere (pâtes, cuirs, appareils téléphoniques, etc.). Au sud-est de Naples, le pôle de Nocera est fondé sur l’industrie des conserves. Plus loin, Salerne, avec Battipaglia, Pontecagnano, Eboli, a des activités plus variées, mais dont la dominante demeure la transformation des produits agricoles. Autour de Naples, l’industrie s’est d’abord massée le long de la côte. On trouve ainsi Pouzzoles (machines à écrire Olivetti, pneus Pirelli), Bagnoli (fabrique d’engrais, confiserie Motta-Sud, cimenterie et surtout le très important centre sidérurgique). La ville de Naples n’est pas exempte d’industries malgré son manque d’espace ; il s’agit d’industries légères de transformation, avec aussi une usine de montage de la Fiat et une autre de fibres synthétiques (Snia-Viscosa). Torre Annunziata et Castellammare di Stabia, outre les usines alimentaires, possèdent des entreprises métallurgiques (fabrique de tubes) et mécaniques (chantiers navals). Mais le tissu industriel s’épaissit vers l’intérieur, vers Casoria (chimie), Frattamaggiore et Aversa (confection, chaussures), Nola (pâtes alimentaires), etc. C’est au nord de Naples, à Pomigliano d’Arco, que l’on a installé une grosse industrie mécanique avec l’Alfa-Sud, dont la production de voitures a commencé en 1972.