Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Longhena (Baldassare) (suite)

L’édifice (il sera consacré en 1687) est à plan central, avec sanctuaire saillant, selon une disposition déjà employée par Palladio et qui se retrouvera à San Simeone Piccolo (par Giovanni Scalfarotto, 1718) et à la Superga de Juvara*. D’un type exceptionnel, cette coupole à pans, en bois, soutenue par un déambulatoire octogonal, rappelle certains exemples byzantins plutôt que la Santa Maria degli Angioli de Brunelleschi* (Florence, inachevée), où les chapelles, séparées, tendaient à former une enveloppe circulaire. La structure est clairement lisible dès l’abord dans la couronne puissante des consoles en volutes (les orecchioni) et des chapelles subordonnées au frontispice d’entrée.

Passé cet arc triomphal, qui préface déjà l’intérieur dans son ordonnance, le fidèle est insensiblement attiré par la clarté du sanctuaire, après le mirage des perspectives rayonnantes d’un réseau prismatique dépouillé et gris. Aboutissement de procédés locaux et des recherches palladiennes, sensible aux influences orientales et au courant baroque, la Salute reste, même après ses dérivés piémontais, un chef-d’œuvre inégalé.

H. P.

 R. Wittkover, « S. Maria della Salute », dans Saggi e memorie di storia dell’arte, III (Rome, 1963).

longueur

Distance entre deux points spécifiés de l’espace.


Mesurer une longueur, c’est donc déterminer la distance entre les deux points qui la définissent. Souvent, ces points sont marqués sur un objet, mais cela n’est pas nécessaire : ainsi la longueur d’onde est la distance parcourue par une onde (acoustique, lumineuse, électromagnétique) pendant une durée égale à sa période. Nous nous bornerons aux cas où la distance doit être déterminée sur le segment de droite qui joint les deux points et non sur une courbe.

Mesurer une longueur revient à placer à côté de l’objet qui la définit un objet de référence, ou étalon, par exemple une règle divisée, et faire la différence des graduations qui se trouvent en même temps en face des extrémités de la longueur à déterminer. La condition soulignée est essentielle si l’observateur et la règle sont en mouvement l’un par rapport à l’autre (dans ce cas, le résultat de la mesure, selon la théorie de la relativité*, dépend de leur vitesse relative) ; elle est superflue dans la presque totalité des cas usuels.

La mesure des longueurs exige le choix d’une unité, d’étalons représentatifs de cette unité et d’instruments et de méthodes de mesure.


Unité de longueur

La plupart des pays ont adopté le mètre*, défini par la 11e Conférence générale des poids et mesures (1960). Toutefois, certaines disciplines utilisent des unités spéciales (mille, ... unité astronomique, année de lumière, parsec, ... unité X, ...) plus ou moins bien rattachées au mètre.


Étalons de longueur

Il résulte de la définition du mètre que le véritable étalon est actuellement un rayonnement lumineux.


Les étalons primaires successifs

En 1790, sur le rapport de Talleyrand, l’Assemblée constituante voulut créer une unité de longueur qui n’appartînt en propre à aucun pays, donc prise dans la nature. Ainsi fut créé le mètre des Archives, bande formée de mousse de platine agglomérée, de 25,3 mm de largeur et 4 mm d’épaisseur, conforme pour le mieux à la dix millionième partie du quart du méridien terrestre. Il définissait l’unité de longueur par la distance entre ses faces extrêmes ; c’était un mètre à bouts.

Le mètre international fut créé vers 1885. Il est constitué d’une barre de platine iridié (10 p. 100 d’iridium) d’environ 102 cm de longueur, dont la section droite (fig. 1) lui confère une grande rigidité pour une masse relativement faible (environ 3 kg) de l’alliage très coûteux qui le constitue. Cette section a en outre l’avantage de mettre à nu le plan des fibres neutres qui peut recevoir le tracé. Au voisinage de chaque extrémité, une petite surface polie, appelée mouche, porte deux traits longitudinaux séparés de 0,2 mm, dont la droite médiane idéale constitue l’axe longitudinal de la règle. Ces traits sont recoupés par trois traits transversaux à l’espacement de 0,5 mm (fig. 2). La distance comprise entre les axes des seconds traits de chacun des deux groupes de trois est, par définition, exactement 1 m à 0 °C. (Cette distance, définie à 0,2 μm près, est environ 228,8 μm plus courte que la dix millionième partie du quart du méridien terrestre, pris sur l’ellipsoïde de référence international.)

Depuis 1960, le mètre n’est plus défini par un étalon matériel, mais par la longueur d’onde d’un rayonnement lumineux, invariable par nature. Cependant, en raison de la qualité remarquable de l’étalon en platine iridié, un progrès n’a pu être réalisé dans la définition du mètre qu’après la découverte des isotopes*, la mise au point de procédés de séparation, l’étude minutieuse des perturbations des atomes dans le champ des atomes voisins et celle de la variation de longueur d’onde due au mouvement des atomes ainsi que la détermination des corrections permettant de retrouver la longueur d’onde d’une radiation qui serait émise par un atome au repos et soustrait à toute influence perturbatrice. On admet que la mise en pratique de la définition adoptée en 1960 (fig. 3a et 3b) assure une exactitude de 10–8. Le mètre ainsi défini a la même longueur, à 0,2 μm près, que le mètre international.


Les étalons secondaires

Les étalons secondaires sont soit des longueurs d’onde, soit des étalons matériels.

Certaines radiations choisies ont des qualités métrologiques presque aussi bonnes que celles de la radiation étalon primaire (finesse et symétrie du profil spectral, facilité de production, intensité suffisante). Ce sont des radiations du krypton 86, du cadmium 114, du mercure 198 dans le domaine de la lumière visible ou de l’infrarouge proche. D’autres radiations, en nombre très grand (1 016 pour l’arc au fer), mais de qualité moindre, couvrent un domaine étendu de l’ultraviolet à l’infrarouge.