Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

lin

Filasse textile, dont l’usage remonte aux origines de la confection du vêtement, extraite de la tige d’une plante annuelle herbacée du genre Linum, de la famille des Linacées.



Généralités

Parmi les quelque deux cents espèces qui constituent le genre Linum, Linum usitatissimum L. est seul cultivé à la fois pour ses fibres et pour ses graines. Cependant, chacune de ces exploitations s’adresse à des plantes dont les variétés, les aspects, les comportements, les zones de culture sont différents. Les lins oléagineux sont plus courts, plus ramifiés, plus clairsemés, plus méridionaux ; leurs fibres sont plus rares, plus grossières, plus friables que celles des lins textiles. Inversement, ces derniers sont moins riches en graines, lesquelles recèlent moins d’huile.

Le lin textile se présente sous forme d’une tige droite, dressée, cylindrique de 0,80 à 1,20 m de haut, de 1 à 3 mm de diamètre, à racine pivotante et courte. Les fibres sont disséminées par faisceaux dans une couronne péricyclique, dite « liber », qui entoure la partie interne ligneuse de la tige. Le lin est donc une fibre libérienne comme le jute, le chanvre et la ramie.


Culture

Les terres d’élection pour la culture du lin sont localisées sur le littoral de la Baltique, de la mer du Nord et de la Manche. Elles doivent être profondes et à bonnes réserves hydriques. En dehors de la France, principal producteur de l’Europe occidentale (40 000 ha), réputée pour la qualité inégalable des fibres de son lin, la culture du lin est surtout développée en Europe de l’Est, notamment en U. R. S. S., premier producteur mondial avec plus de 1 million d’hectares.


Production

Les semis en ligne, à raison de 120 à 150 kg/ha, ont lieu à la fin de mars ou au début d’avril. En principe, après 100 jours (1 cm de croissance par jour), soit 30 à 40 jours après la floraison, les tiges sont arrachées et déposées à plat sur le sol en andains.

• Rouissage. Pour décoller la couronne fibreuse du bois central, les tiges avec leurs graines sont laissées sur le sol afin que s’y développe, grâce à l’alternance du soleil, de la rosée et des pluies, une fermentation fongique : c’est le rouissage à terre, qui dure approximativement trois à cinq semaines. Autrefois, et c’est le cas parfois encore à l’étranger, les pailles de lin étaient rouies par immersion dans une eau portée à 37 °C. La fermentation était alors bactérienne, et, après rouissage, les pailles étaient séchées en plein air sous forme de bottillons évasés (chapelles).

• Teillage. Ce traitement achève mécaniquement la séparation de la filasse et du bois. La machine (turbine), après un broyage sommaire, réalise un battage des tiges par des lames d’acier (écang) et laisse après éjection du bois en particules (anas) une filasse en brins parallèles. Avec les anas sont parties également des fibres courtes, récupérées ensuite par triage (étoupes de teillage).


Filature

La filasse est peignée en maintenant les longs brins parallèles (sérançage) et disposée en un ruban. Pendant cette opération, il se forme également des étoupes, étoupes de peignage, qui, avec les étoupes de teillage, représentent la matière première de départ pour la filature du type cardé. En plus du sérançage, la deuxième particularité de la filature du lin est l’utilisation du métier à filer au mouillé pour réaliser le fil. Les fibres techniques qui constituent la mèche en fin de préparation sont des faisceaux plus ou moins clivés, c’est-à-dire des agglomérats de fibres primaires cellulosiques de 20 mm en moyenne de longueur et de 15 μ environ d’épaisseur, liées ensemble par un ciment composé d’hémicellulose, de matières pectiques et de lignine. Pendant le filage, l’eau gonfle ces ciments et permet aux fibres techniques de s’étirer par glissement des fibres primaires. Lors du séchage du fil, ces fibres s’agglomèrent de nouveau. On peut filer le lin au sec. C’est le cas en général des matières cardées ; le type de filature est alors proche de celui de la laine, et les fils sont plus rustiques, mais absorbent mieux l’eau. Dans le cours de sa filature, on peut adjoindre au lin des fibres synthétiques, le lin amenant dans ce mariage ses qualités de résistance, de fraîcheur de toucher, de lustre, d’hydrophilie, de confort (antiallergique, antidermatose) que seul il est susceptible de rassembler. Dans le cas du drap métis, l’amalgame est au stade du tissage, la chaîne est en coton et la trame en lin (filée au mouillé).


Utilisations

Le plus souvent, le lin est utilisé en pur : linge de maison (pur fil), tissus d’ameublement, étoffes de ressuyage, etc.

Parmi les sous-produits de la production des fibres de lin, outre les anas ligneux, qui sont employés pour la fabrication des panneaux de bois reconstitué, le plus important est la graine, qui, par pressage, produit une huile siccative de très haute qualité et laisse un tourteau riche en lipides et en protéines recherché comme aliment concentré pour le bétail. L’utilisation pratiquement totale de la graine explique l’exploitation du lin en tant que plante oléagineuse, développée notamment au Canada, en Argentine et aux États-Unis.

J. L.

 P. Billaux, le Lin (Baillière, 1970).

Lincoln (Abraham)

Homme d’État américain (près de Hodgenville, Kentucky, 1809 - Washington 1865).



L’homme

En 1816, sa famille s’installe dans l’Indiana ; en 1830, elle se fixe en Illinois. Lincoln est donc, à sa manière, un homme de l’Ouest qui a subi l’empreinte de la démocratie jacksonienne. Il exerce plusieurs métiers, mais n’en poursuit pas moins des études de droit qui lui permettent de s’inscrire au barreau. En 1837, il ouvre un cabinet à Springfield, dont il parviendra à faire la capitale de l’Illinois. Grand, robuste, le visage ingrat, peu soucieux d’élégance, Lincoln est simple, voire humble. Il ne déteste d’ailleurs pas accentuer sa simplicité et son humilité.