Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Leipzig (suite)

Le xvie s. fut en effet pour la ville une époque de particulier rayonnement. La Réforme, introduite seulement en 1539, ne troubla guère le climat de la cité, qui se livrait à un commerce extrêmement actif et qui découvrait dans l’imprimerie et le commerce des livres une nouvelle source de profits et d’influence. Malgré les événements de ce que l’on appelle la guerre de Trente Ans et bien que la Saxe se trouvât plusieurs fois mêlée directement au conflit (bataille de Lützen, près de Leipzig, en 1632), Leipzig resta un centre économique et culturel important ; le Leipziger Münzfuss s’imposa dans une grande partie des États du Saint Empire (1690) ; la dynastie des théologiens et juristes de la famille de Carpzow, plus tard C. Thomasius (1655-1728) ainsi que Leibniz* illustrèrent la cité, où furent éditées vers la fin du xviie s. deux importantes revues, les Acta eruditorum (1682) et les Monatsgespräche (1688). Ce rôle économique et intellectuel de premier plan fut confirmé au xviiie s. en partie grâce à l’association de la Saxe et de la Pologne ; Leipzig fut la ville du musicien Bach* et de l’actrice Frederike Caroline Neuber (1697-1760), et son université attirait de nombreux étudiants saxons et étrangers, dont Goethe*. 23 000 habitants y vivaient vers la fin du xviie s., et 32 000 vers la fin du xviiie s.

Le xixe s. fut une nouvelle époque de prospérité, surtout grâce au développement des grosses industries et des chemins de fer. Cela permit à Leipzig de surmonter la crise née de la perte, en 1815, des importants districts saxons de Lusace ; le Zollverein favorisa cette porte de l’Europe orientale et des Balkans qu’était Leipzig, et l’essor de l’imprimerie et de la librairie fit beaucoup pour confirmer le rôle de capitale du livre, que la ville garda jusqu’en 1945 et qu’elle est en train de reconquérir. La musique fut représentée par l’orchestre du Gewandhaus, par Mendelssohn*, Schumann* et Wagner*.

En 1850, la ville comptait près de 62 000 habitants et se trouvait être un des centres importants du mouvement démocratique : c’est à Leipzig que Lassalle fonda en 1863 l’Allgemeiner Deutscher Arbeiterverein et qu’agirent Bebel* et W. Liebknecht. En 1870, il y avait 100 000 habitants ; en 1895, il y en avait 400 000 environ (nombreuses incorporations de communes de banlieue). La Cour suprême (Reichsgericht) y fut installée en 1879 ; en 1893 s’y tint la première Mustermesse (MM) ; en 1913 y furent érigés le monument commémoratif de la défaite française de 1813 (présenté encore aujourd’hui comme le monument de la fraternité d’armes germano-russe) ainsi qu’une église russe du souvenir ; en 1915 était achevée la gare monumentale, la plus grande d’Europe (aujourd’hui reconstruite).

Après la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle elle eut beaucoup à souffrir, la ville fut remodelée (grands bâtiments neufs dans le centre, stade de 100 000 places) ; siège de plusieurs hautes écoles, capitale de l’un des plus riches districts de la R. D. A., elle retrouve progressivement sa place de cité des lettres, des arts et de l’économie.

J. B. N.


La ville actuelle

La ville actuelle reste fidèle à son passé, mais les transformations dues à la guerre et au régime de la R. D. A. sont très sensibles. Les bombardements aériens ont détruit plus de 40 p. 100 des immeubles et provoqué de grands vides dans le tissu urbain. Une population nouvelle de réfugiés de l’Est est venue s’y établir. Une autre partie de la population a émigré en direction de la République fédérale. Ces brassages ont entraîné un net fléchissement de l’effectif, comme dans toutes les villes de la R. D. A. Les pertes et les départs l’ayant nettement emporté sur l’immigration, la population tombe à 600 000 en 1945 ; elle passe par un maximum de 617 000 en 1950 et se stabilise au-dessous de 600 000 après l’érection du mur de Berlin.

Les fonctions restent attachées au passé. Leipzig est, après Berlin-Est, le second foyer industriel de la R. D. A. par la valeur globale de la production et l’effectif de la main-d’œuvre, et peut-être le premier pour la variété et la qualité de ses produits. Les foires de printemps et d’automne, les expositions techniques attirent les visiteurs de l’Est, mais aussi ceux de l’Ouest, et, dans une certaine mesure, Leipzig joue un rôle de trait d’union entre les deux Allemagnes et les deux blocs. Le maintien de l’université dénommée « Karl Marx » et l’intensité de la vie artistique en font un des grands foyers intellectuels de l’Europe de l’Est. La tradition de la « librairie » (édition et imprimerie) s’y perpétue. Les industries urbaines et même de luxe sont représentées par la pelleterie et la fourrure. Le secteur industriel assure encore, comme avant 1940, la transformation des produits agricoles (sucreries et distilleries), la fourniture de machines pour l’industrie alimentaire et l’agriculture.

Le nouveau régime a favorisé le développement de nouvelles branches. La ville est devenue le centre d’une puissante industrie mécanique qui livre du matériel de transport et de manutention, notamment des machines pour l’extraction des minerais, exportées dans presque tous les pays socialistes.

Elle est également située au centre de plusieurs bassins de lignite, sur lesquels se sont développées la carbochimie, les centrales thermiques géantes et la sidérurgie, dont les productions alimentent les industries urbaines. L’arrivée de l’oléoduc soviétique de l’Amitié, prolongé de Schwedt (sur l’Oder) vers la région de Leipzig, doit entraîner le développement du raffinage et de la pétrochimie. Le dynamisme de la région est lié au destin de la R. D. A.

A. B.

 E. Kroker, Handelsgeschichte der Stadt Leipzig (Leipzig, 1925). / H. Arndt et coll., Leipzig in acht Jahrhunderten (Leipzig, 1965).

leishmanioses

Affections dues à des parasites intracellulaires du genre Leishmania (du nom du médecin anglais sir William Boog Leishman [1865-1926]), protozoaires flagellés de la classe des trypanosomidés.