Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Légion d’honneur (suite)

Voulant rehausser le prestige de l’ordre, le général de Gaulle décida, par décret du 28 novembre 1962, portant code de la Légion d’honneur et de la médaille militaire, d’en rénover l’organisation. La grande chancellerie, pour être plus indépendante du gouvernement, est directement rattachée au président de la République, grand maître de l’ordre. Le grand chancelier, nommé par le chef de l’État, dirige les travaux d’un conseil de l’ordre de quatorze membres, civils et militaires, titulaires au moins du grade de commandeur et chargés de veiller au respect des statuts et de la discipline de la Légion d’honneur. En dehors des titres exceptionnels du temps de guerre, les conditions demandées pour toute proposition ont été rendues plus exigeantes (pour être admis au grade de chevalier, il faut justifier de vingt ou vingt-cinq ans de service public ou d’activité professionnelle assortis de mérites éminents). Le décret de 1962 précise que le nombre des légionnaires sera ramené par étape à 125 000, dont 75 grands-croix, 250 grands officiers, 1 250 commandeurs, 10 000 officiers et 113 425 chevaliers (il était encore de 279 000 en 1976). L’avancement aux différents grades et dignités doit désormais récompenser des mérites acquis postérieurement à la nomination précédente. Enfin, les décrets portant nomination ou promotion ne prennent effet qu’à compter de la réception dans l’ordre suivant un cérémonial propre à rehausser l’éclat de la récompense et des services rendus.

L’attribution de la Légion d’honneur a été étendue depuis 1815 aux villes et depuis 1859 aux drapeaux et étendards des formations militaires. Aux armoiries de 83 cités figure la croix de chevalier, que 75 régiments et écoles militaires arborent à la cravate de leurs enseignes. Depuis 1851, la Légion d’honneur est également décernée aux femmes : la première décorée à cette date ayant été Angélique Duchemin, veuve Brulon (1772-1859), invalide de guerre.

Le premier insigne du grand maître de l’ordre, un grand collier en or, fut offert à Napoléon Ier par la Ville de Paris : il est conservé dans la crypte des Invalides. Le grand collier de la IIIe République, formé de seize médaillons portant les noms des chefs de l’État d’Adolphe Thiers au général de Gaulle, a été remplacé en 1953 par un insigne analogue au précédent, mais dont les médaillons ont été renouvelés. Il est remis solennellement au président de la République au moment où ce dernier est institué grand maître de la Légion d’honneur par le grand chancelier. Celui-ci est nommé à vie et, dans les cérémonies officielles, prend rang après le vice-président du conseil d’État.

Les dignitaires de la Légion d’honneur portent sur le côté droit de la poitrine (grand officier) ou gauche (grand-croix) une plaque étoilée à cinq branches doublées. Les grands officiers portent en outre la croix d’officier, et les grands-croix une écharpe au bas de laquelle est attachée une croix de commandeur. Les présidents de la République ne portent généralement que les insignes de grand-croix, dignité dont ils restent titulaires à l’expiration de leur mandat.

Les institutions de la Légion d’honneur

• Les maisons d’éducation. Au lendemain d’Austerlitz, Napoléon signait à Schönbrunn, le 15 décembre 1805, le décret créant au château d’Écouen une maison d’éducation (ouverte en 1807) pour les filles des membres de la Légion d’honneur. À la maison d’Écouen s’ajoutaient en 1809 et en 1810 celles de Saint-Denis et des Loges. Ce type particulier d’institution a survécu sans grand changement à travers tous les régimes que la France a connus depuis. Le code de la Légion d’honneur de 1962 a précisé, dans son titre VII, le fonctionnement et le recrutement des maisons qui subsistent sous la haute autorité de la grande chancellerie à Saint-Denis et aux Loges, au bénéfice des filles et petites-filles des légionnaires. Suivant les programmes de l’éducation nationale, celles-ci y reçoivent sous le régime de l’internat un enseignement d’ordre général et professionnel.

• Le musée de la Légion d’honneur a été créé en 1925 par le général Dubail, alors grand chancelier, dans une aile du palais de la Légion d’honneur, rue de Lille à Paris. Construit de 1782 à 1789 pour le compte du prince de Salm, ce palais fut incendié sous la Commune et reconstruit suivant les mêmes plans en 1878 pour la grande chancellerie de l’ordre. Le musée contient une documentation particulièrement riche sur les ordres de chevalerie français et étrangers ainsi que sur l’histoire de la Légion d’honneur et des autres décorations*.

• On notera enfin que, sur le plan moral et social, l’action de la grande chancellerie est complétée par celle de la Société d’entraide des membres de la Légion d’honneur, créée en 1921.

J. C. et P. A. V.

➙ Consulat / Décoration.

 F. Lavenir, la Légion d’honneur (Charles-Lavauzelle, 1936). / J. Daniel, Histoire et organisation de l’ordre national de la Légion d’honneur (Bonne, 1948). / P. Dassault, la Légion d’honneur (Académie Napoléon, 1951).

législatif (pouvoir)

Prérogative reconnue à un ou à plusieurs organes de l’État d’élaborer et de voter la loi.


Par extension, dénomination de cet organe ou de cet ensemble d’organes, par opposition à l’organe ou à l’ensemble d’organes investis du pouvoir exécutif ou (comme on a souvent tendance à dire aujourd’hui) du pouvoir gouvernemental*. (V. législative [fonction].)

législative (Assemblée)

Assemblée qui succéda à l’Assemblée nationale constituante le 1er octobre 1791 et qui fut remplacée par la Convention nationale le 20 septembre 1792.



Finir la Révolution ? (1er oct. 1791 - 20 avr. 1792)

Pour la première fois, les Français ont élu, non comme membres d’un ordre, mais en tant qu’individus, une assemblée politique. Ceux qui viennent d’être choisis par les seuls « citoyens actifs » sont des hommes nouveaux. Ils sont jeunes et, comme leurs prédécesseurs, ce sont souvent des robins. Les problèmes posés aux Constituants demeurent. Ils se résument ainsi : la Révolution est-elle finie ? L’application des institutions nouvellement rédigées n’est-elle pas l’assurance que le mouvement commencé en 1789 est maintenant terminé ?