Légion étrangère (suite)
Les traditions de la Légion étrangère
Malgré l’évolution de son recrutement, qui fait que successivement tel ou tel pays a pu l’emporter par le nombre de ses ressortissants, la Légion présente quelques caractéristiques originales et typiquement françaises qui lui donnent une physionomie particulière.
• Elle est tout d’abord une troupe de métier où tous les hommes sont volontaires, ce qui donne des unités très différentes de celles qui sont issues de la conscription.
• Bien qu’ouvert, en principe, à tout individu de quelque pays qu’il soit, le recrutement est, dans la pratique, essentiellement européen, avec prédominance de l’Europe centrale (Allemands, Tchèques, Hongrois...) ou occidentale (Français, Espagnols, Italiens...), ce qui crée quand même une certaine homogénéité.
• Au moment de son engagement, le légionnaire donne le nom et l’adresse qu’il veut, mais on ne lui demande aucune justification. En contrepartie, on considère que ses déclarations sont sans valeur légale ; aussi, pour retrouver une identité officielle, le légionnaire doit-il faire « rectifier son état civil » par un acte notarié. Une des conséquences de cette situation est que quiconque tient à jeter un voile sur son passé peut le faire tant qu’il est à la Légion : il s’y trouve comme un inconnu.
• Séparé de sa famille, souvent sans contact avec sa patrie, ignorant les permissions, le légionnaire cherche à trouver dans son corps une nouvelle famille. Il aime à avoir un foyer ou un mess où il se sente chez lui, à organiser des fêtes comme Noël, les Rois et surtout Camerone le 30 avril. Ainsi, il fait sienne la devise « Legio Patria Nostra ».
• Le légionnaire tient à son uniforme, qu’il soigne particulièrement (képi blanc, épaulettes, grenade à 7 branches), et à tout ce qui le distingue des autres militaires, qui composent à ses yeux « la régulière ». Il est fier du Boudin, hymne écouté au garde-à-vous par tous les légionnaires.
• Si, en temps de paix, le légionnaire sait pratiquer toutes sortes de travaux, il est au combat un soldat de très haute qualité, remarquablement débrouillard, entraîné par plusieurs années de métier et cherchant toujours à honorer son engagement et le renom de son unité.
• La Légion se fait gloire d’avoir compté dans ses rangs des chefs militaires célèbres, comme les maréchaux de Saint-Arnaud, de Mac-Mahon et Canrobert, les généraux Rollet, Kœnig, Monclar..., de hautes personnalités, telles que le futur roi Pierre Ier de Serbie (sous-lieutenant à la Légion en 1870), le prince Aage de Danemark (1887-1940), qui y servit de 1922 à 1934, l’écrivain Blaise Cendrars (1887-1961) et, après 1920-21, de nombreux officiers russes des armées Wrangel et Koltchak.
La Légion a rassemblé plus de soixante nationalités parmi ses engagés, ce qui explique qu’à la différence des autres drapeaux et étendards de l’armée française, marqués à la devise Honneur et Patrie, ceux de la Légion portent l’inscription Honneur et Fidélité.
H. de N.
P. Mac Orlan, la Légion étrangère (Flammarion, 1933). / J. Weygand, Légionnaire (Flammarion, 1951). / J. Brunon et G. R. Manue, le Livre d’or de la Légion étrangère, 1831-1955 (Charles-Lavauzelle, 1959). / E. O’Ballance, The Story of the French Foreign Legion (Londres, 1961). / J. Des Vallières, Et voici la Légion étrangère (Bonne, 1962). / Mémorial de la Légion étrangère (Éd. du Panthéon, 1966). / E. Bergot, la Légion (Balland, 1972).