Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
J

Jésus (suite)

Au cours des siècles

En un sens, l’histoire de Jésus est contenue tout entière dans les livres qu’on appelle le Nouveau Testament et dont nous venons de rapporter succinctement le témoignage. En un autre sens, elle se poursuit, non seulement comme une œuvre d’art, sans cesse réinterprétée au cours des siècles, mais comme une présence personnelle, tour à tour proclamée ou rejetée, la présence de celui que la foi chrétienne dit être aujourd’hui encore pleinement vivant. Cette présence agit sur les esprits qui tentent d’en traduire le mystère et sur les vies qui s’efforcent d’exister grâce à Jésus.

X. L.-D.

➙ Bible / Christianisme / Hébreux / Jean-Baptiste (saint) / Judaïsme / Morte (manuscrits de la mer) / Testament (Ancien et Nouveau).

 A. Schweitzer, Geschichte der Leben-Jesu-Forschung (Tübingen, 1906 ; 6e éd., 1951). / G. Papini, Storia di Cristo (Florence, 1921 ; trad. fr. Histoire du Christ, Payot, 1922 ; nouv. éd., 1948). / J. Klausner, Jésus de Nazareth (en hébreu, Jérusalem, 1922 ; trad. fr., Payot, 1933). / J. Jeremias, Jerusalem zur Zeit Jesu (Göttingen, 1923-1937 ; 2 vol. ; 3e éd., 1962 ; trad. fr. Jérusalem au temps de Jésus, Éd. du Cerf, 1957) ; Unbekannte Jesusworte (Gütersloh, 1948 ; 4e éd., 1965 ; trad. fr. Paroles inconnues de Jésus, Éd. du Cerf, 1970). / R. Bultmann, Jesus (Berlin, 1926 ; 4e éd., Tübingen, 1964 ; trad. fr. Jésus, mythologie et démythologisation, Éd. du Seuil, 1968). / L. de Grandmaison, Jésus, sa personne, son message, ses preuves (Beauchesne, 1928 ; 2 vol.). / M. J. Lagrange, l’Évangile de Jésus-Christ (Gabalda, 1929). / M. Goguel, la Vie de Jésus (Payot, 1932 ; nouv. éd., Jésus, 1950). / C. Guignebert, Jésus (la Renaissance du livre, 1933 ; nouv. éd., A. Michel, 1969). / F. Mauriac, Vie de Jésus (Flammarion, 1936 ; nouv. éd., 1965). / R. Guardini, Der Herr (Leipzig, 1937 ; trad. fr. le Seigneur, Alsatia, 1946 ; 2 vol.). / G. Ricciotti, Vita di Gesù Cristo (Milan, 1941 ; 2e éd., 1968 ; trad. fr. Vie de Jésus-Christ, Payot, 1948). / Daniel-Rops, Jésus en son temps (Fayard, 1945). / V. Taylor, The Life and Ministry of Jesus (Londres, 1954). / G. Bornkamm, Jesus von Nazareth (Stuttgart, 1956 ; 6e éd., 1963 ; trad. fr. Qui est Jésus de Nazareth ?, Éd. du Seuil, 1973). / J. Guitton, Jésus (Grasset, 1956). / X. Léon-Dufour, les Évangiles et l’histoire de Jésus (Éd. du Seuil, 1963) ; Résurrection de Jésus et message pascal (Éd. du Seuil, 1971). / R. L. Bruckberger, l’Histoire de Jésus-Christ (Grasset, 1965). / D. Flusser, Jésus (Hambourg, 1968 ; trad. fr., Éd. du Seuil, 1970). / E. Schweitzer, Jesus Christus im vielfältigen Zeugnis des Neuen Testaments (Munich, 1968). / H. Braun, Jesus (Stuttgart, 1969). / C. H. Dodd, The Founder of Christianity (New York, 1970 ; trad. fr. le Fondateur du christianisme, Éd. du Seuil, 1972). / J. Guillet, Jésus devant sa vie et sa mort (Aubier-Montaigne, 1971). / E. Trocmé, Jésus de Nazareth vu par les témoins de sa vie (Delachaux et Niestlé, 1972).

Jésus (Compagnie ou Société de)

Ordre religieux fondé au xvie s.


Le mot jésuite n’est pas d’Ignace* de Loyola. Dans le vocabulaire théologique du Moyen Âge, il désignait le chrétien « uni à Jésus dans la gloire » ; il fut appliqué d’abord par occasion aux « compagnons », comme à d’autres religieux, et finit par leur être réservé.


Qui a fondé la Compagnie de Jésus ?

Non pas Ignace seul, mais les dix compagnons de Paris ensemble. Les primi Patres, réunis à Rome, décidèrent librement, en 1539, après une longue « délibération » et non sans peser les inconvénients de leur décision, de se lier à l’un d’entre eux par un vœu d’obéissance et de constituer un institut religieux. En fait, depuis les débuts de leur compagnonnage, Ignace jouissait dans le groupe d’une autorité spirituelle incontestée. En 1541, à l’unanimité, ils le choisirent pour supérieur. Général, Ignace exerça l’autorité avec fermeté ; mais il se considéra toujours comme le délégué des primi Patres pour créer des Constitutions, maintenir l’unité de l’ordre, former les recrues ; et il ne cessa de manifester à ses premiers compagnons, même à l’original Nicolás de Bobadilla et à Simón Rodríguez en sa rébellion (1553), une affection et des égards particuliers.


L’histoire de la Compagnie de Jésus

Trois grandes divisions s’imposent : de la fondation (1539), sanctionnée par une bulle d’approbation pontificale de 1540, à la suppression (1773) ; de la suppression au rétablissement (1814) ; l’ère contemporaine (1814 à nos jours). Découpage commode, mais qui exprime mal l’existence historique de l’ordre. On tentera ici de saisir plutôt le mouvement vital de la Compagnie de Jésus, avec ses progrès, ses crises, ses reculs.


Les vingt-cinq premières années : le temps d’Ignace (1541-1556) et de Laínez (1558-1565)

Années capitales, riches en signification et en options. Au jeune institut, qui n’approuvera définitivement ses Constitutions qu’en 1558, donc après la mort d’Ignace, ce sont ces vingt-cinq années-là qui donnent son rythme, son dynamisme apostolique, son style de vie. En leur libre compagnonnage de Paris et de Venise, les primi Patres avaient connu une expérience extraordinaire, dont ils voulaient sauvegarder l’essentiel à travers les indispensables structurations d’un ordre. Était-ce possible ? Ce fut du moins leur pari. Et, en ce temps d’Ignace et de Diego Laínez, la Compagnie de Jésus « expérimenta », à peu près, tous les avantages et tous les inconvénients de ce pari initial : difficultés de la pauvreté vécue en groupe, crises d’obéissance (l’affaire Rodríguez au Portugal), tensions entre l’élan missionnaire et la régularité religieuse, instabilité d’une spiritualité apostolique sans cesse sollicitée de s’incliner soit vers la contemplation, soit vers l’action, persécutions (Melchor Cano, Juan Martínez Silíceo, le parlement de Paris, etc.), contradictions entre les projets d’organisation et la disponibilité à l’événement (fondations des collèges).