Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

accident

Événement indépendant de la volonté humaine déclenché soit par l’action soudaine et rapide d’une cause extérieure, soit par un mouvement incontrôlé ou mal contrôlé de la victime et qui se traduit par une lésion corporelle ou mentale ou par un dégât matériel.



L’importance des accidents

Les accidents tuent environ 2 000 personnes par jour dans le monde. Dans la majorité des pays, les accidents constituent la quatrième menace pesant sur la vie et la sécurité des hommes (1o maladies en croissance : cancer du poumon, leucémie, cardiopathie coronarienne et maladies mentales ; 2o maladies dont la fréquence paraît stabilisée : cancers autres que celui du poumon, diabète, arthrite et diverses autres maladies chroniques ; 3o maladies en lent recul : bronchite, ulcère du duodénum, etc.). Aux États-Unis, parmi les personnes de moins de trente-cinq ans, plus des deux tiers des décès sont dus à des accidents ; d’après les statistiques américaines, un enfant sur cinq est menacé de mourir d’accident. En 1969, les statisticiens français sont arrivés à la conclusion qu’un enfant sur deux nés au cours de cette même année aura un accident de la circulation au cours de son existence.

Les statistiques des causes de décès accidentels sont centralisées par l’Organisation mondiale de la santé, mais les gouvernements ne tiennent pas toujours les statistiques demandées par cet organisme, et dans certains pays celles-ci ne couvrent qu’une partie de la population ; même lorsqu’elles sont établies correctement, une marge importante de décès accidentels ne peut faire l’objet d’aucune ventilation du fait de l’imprécision des certificats de décès.

Il n’est donc guère possible de connaître l’importance exacte des accidents dans la mortalité mondiale. Il est encore plus difficile (sauf pour les accidents du travail et les accidents de la circulation dans les pays industrialisés) de dénombrer les blessés, alors que de nombreux accidents corporels entraînent non seulement des incapacités temporaires, mais également des incapacités permanentes de travail.

On estime que le nombre des infirmes graves par brûlure, en temps de paix, est égal au nombre des décès. On sait également que 20 000 à 25 000 accidents de ski se produisent chaque année (1,5 p. 100 du nombre des skieurs) en France et 80 000 en Autriche. En matière d’accidents de la circulation, fléau particulièrement grave en France, les 274 476 accidents corporels recensés en 1972 ont fait 388 067 blessés. Pour ce qui est des accidents du travail, les accidents déclarés en France en 1967 ont fait 4 128 morts et 2 496 900 blessés, dont 221 955 graves (cas où la victime souffre d’une incapacité de travail permanente partielle ou totale) et 881 257 dont l’incapacité de travail n’a été que temporaire.

Le dénombrement des accidents matériels est encore plus difficile ; il convient cependant de savoir qu’en France le nombre des accidents matériels de la circulation (les plus coûteux) a été évalué à 4 millions en 1966, représentant environ 2 milliards de perte (45 p. 100 du coût direct des accidents corporels de la route). En France, également, les incendies coûtent directement plus de 1 milliard et indirectement le double. En 1967, pour le monde entier, on a estimé que le nombre des navires détruits par accidents maritimes a été de 337, représentant 823 803 tonnes de jauge brute, et que celui des appareils commerciaux aériens perdus s’est élevé à 13, ayant entraîné la perte de 1 155 personnes (en 1968, le nombre de morts a été de 1 262), dont 977 passagers de lignes régulières.

Les décès accidentels croissent régulièrement. En France, notamment, ils représentent 6,3 p. 100 de l’ensemble des décès en 1965 contre 4,5 p. 100 en 1953.

Les accidents peuvent être classés en six groupes.

• Les accidents de transport. Ils sont responsables de 40 à 50 p. 100 des décès par accidents dans les pays industrialisés, où l’automobile est fortement répandue. En France, en 1970, les décès par suite d’accidents de la circulation se sont élevés à 15 331 (sur un total de 40 015), se décomposant ainsi : chemin de fer, 181 ; piétons victimes de la circulation, 3 302 ; usagers de véhicules à deux roues, 3 738 ; usagers de véhicules automobiles à quatre roues, 8 076 ; victimes d’accidents d’avion, 98 ; victimes de transports par eau, 36. Toutefois, en 1976, le total des décès n’était plus que de 13 787.

Le nombre des accidents de la circulation ne cesse de croître. En France, par exemple, les décès par suite d’accidents de la circulation ont augmenté de 10 p. 100 entre 1953 et 1965. Il faut remarquer que, de 1954 à 1966, le nombre des piétons tués a augmenté de 80 p. 100, alors que la population s’est accrue seulement de 15 p. 100. Par ailleurs, le nombre des automobilistes tués en voitures de tourisme a augmenté de 118 p. 100 entre 1960 et 1966, alors que le parc augmentait de 92 p. 100 (on ne peut attribuer ce fait à un coefficient plus grand d’occupation, car le nombre des conducteurs tués augmentait, lui, de 139 p. 100). L’accroissement du nombre de collisions entre voitures légères est de 118 p. 100, et celui des collisions de voitures légères avec des obstacles est de 180 p. 100. Cependant, la gravité des accidents paraît croître moins vite que leur nombre : 13,4 tués pour 1 000 accidents en 1966 contre 14,5 en 1960.

On estime que la route fait en France un mort toutes les trente-cinq minutes et qu’elle tue en cinq ans une quantité de personnes équivalente à la population de La Rochelle.

Sur le plan international, on a pu calculer le nombre d’automobilistes tués en 1965 par 100 000 voitures de tourisme : 110 en Espagne, où il y a 26 voitures par 1 000 habitants, 74 en Allemagne fédérale (152 voitures pour 1 000 hab.), 63 en France (196 voitures pour 1 000 hab.) ; 49 en Italie (106 voitures pour 1 000 hab.) ; 44 aux États-Unis (385 voitures pour 1 000 hab.) ; 32 en Suède (232 voitures pour 1 000 hab.) ; etc.

D’une enquête effectuée sur une période de seize ans auprès de 27 pays par l’O. M. S., il a été établi que le nombre des accidents de la route atteint son maximum en été, que ces accidents sont le plus fréquents les samedi et dimanche, et que, toute la semaine, ils se produisent en plus grand nombre entre 16 et 19 heures.