Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

anarchisme (suite)

anarchiste italien (Messine 1865 - Portoferraio 1911). Avocat, poète, dramaturge, sociologue réputé, ce « chevalier de l’idéal », comme l’appellent ses contemporains, est, avec Malatesta, l’un des principaux propagandistes italiens de l’anarchie dans le monde. « Nouvel Orphée, le camarade Gori a le don d’apprivoiser les bourgeois, qui accourent en foule écouter sa parole. » (Les Temps nouveaux, 24-30 septembre 1898.)


Jean Grave,

anarchiste français (Le Breuil, Puy-de-Dôme, 1854 - Vienne-en-Val, Loiret, 1939). De 1883 à 1914, Jean Grave dirige le Révolté, auquel succèdent le Révolté et les Temps nouveaux. Il se voulut le vigilant gardien de la pure doctrine.


Émile Henry,

anarchiste français (Saint-Martin-Provensals, Espagne, 1872 - Paris 1894). Auteur de plusieurs attentats, Henry fut guillotiné. Il avait déclaré à ses juges : « Vous avez pendu à Chicago, décapité en Allemagne, garrotté à Jerez, fusillé à Barcelone, guillotiné à Montbrison et à Paris, mais ce que vous ne pourrez jamais détruire, c’est l’anarchie. Ses racines sont trop profondes ; elle est née au sein d’une société pourrie qui se disloque, elle est une réaction violente contre l’ordre établi. Elle représente les aspirations égalitaires et libertaires qui viennent battre en brèche l’autorité actuelle, elle est partout, ce qui la rend insaisissable. Elle finira par vous tuer. »


Piotr Alekseïevitch Kropotkine.

V. l’article.


Errico Malatesta,

anarchiste italien (Santa Maria Capua Vetere, près de Caserte, 1853 - Rome 1932). Étudiant en médecine à Naples et déjà républicain, il est converti à l’anarchisme par l’écho de la Commune de Paris. Au congrès de Berne, il préconise la « propagande par le fait ». Condamné à seize mois de prison pour avoir participé à l’insurrection de Bénévent (1877), il vit en exil jusqu’en 1914. Rentré en Italie, il est considéré comme le principal responsable de la « Semaine rouge » d’Ancône. Exilé de nouveau, il rentre en Italie en décembre 1919.


Louise Michel,

anarchiste française (château de Vroncourt, Haute-Marne, 1830 - Marseille 1905). Institutrice à Paris, affiliée à l’Internationale, elle combattit dans les rangs des communards et fut déportée en Nouvelle-Calédonie (1871). Amnistiée (1880), elle reprit sa propagande révolutionnaire. « Ceux qui savent tes vers mystérieux et doux, Tes jours, tes nuits, tes soins, tes pleurs donnés à tous, Ton oubli de toi-même à secourir les autres, Ta parole semblable aux flammes des apôtres [...] Ceux-là, femme, devant ta majesté farouche, Méditaient... » (Victor Hugo, « Viro Major », Toute la lyre) [v. Commune de Paris].


Élisée Reclus,

géographe et anarchiste français (Sainte-Foy-la-Grande 1830 - Thourout, Belgique, 1905). Fils d’un pasteur, auteur d’une monumentale Géographie universelle (1875-1894), anarchiste militant, il participa à la Commune, ce qui le fit condamner à la déportation et ensuite au bannissement.

➙ Communisme / Internationale / Proudhon (P. J.) / Socialisme / Syndicalisme.

 P. Eltzbacher, Der Anarchismus (Berlin, 1900 ; trad. fr. l’Anarchisme, Giard, 1923). / H. Arvon, l’Anarchisme (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1951 ; 4e éd., 1968). / J. Joll, The Anarchists (Londres, 1964). / D. Guérin, l’Anarchisme (Gallimard, 1965) ; Ni Dieu, ni maître (Éd. de Delphes, 1966 ; nouv. éd., Maspéro, 1970). / P. Ansart, Marx et l’anarchisme (P. U. F., 1969) ; Naissance de l’anarchisme (P. U. F., 1970). / M. Nettlau, Histoire de l’anarchie (Éd. du Cercle, 1971). / H. Dubief, les Anarchistes, 1870-1940 (A. Colin, 1972). / A. Lehning, Archives Bakounine (Leyde, en cours d’édition).
FRANCE. J. Maitron, Histoire du mouvement anarchiste en France (1880-1914) [Société universitaire d’éd. et de librairie, 1955] ; Ravachol et les anarchistes (Julliard, coll. « Archives », 1964).
ESPAGNE. R. Lamberet, Mouvements ouvriers et socialistes. l’Espagne (1750-1936) ; [les Éd. ouvrières, 1953]. / G. Brenan, le Labyrinthe espagnol (Paris, Ruado Ibérico, 1963). / E. Giralt, A. Balcells et J. Termes, Els Moviments socials a Catalunya, Pais Valencià i les Illes (Cronologia, 1800-1939) [Barcelone, 1967]. / C. M. Lorenzo, les Anarchistes espagnols et le pouvoir (Éd. du Seuil, 1969). / J. Bécarud et G. Lapouge, Anarchistes d’Espagne (Balland, 1970).
RUSSIE. P. Archinoff, l’Histoire du mouvement makhnoviste (Libr. internationale, 1929). / A. Skirda et coll., les Anarchistes pendant la Révolution russe (la Tête des feuilles, 1973).
ITALIE. A. Lucarelli, Carlo Cafiero (Trani, 1947). / L. Fabbri, Errico Malatesta (Naples, 1951). / A. Borghi, Mezzo secolo di anarchia (1898-1945) [Naples, 1954], / E. Santarelli, Il Socialismo anarchico in Italia (Milan, 1959). / P. C. Masini, Storia degli anarchici italiani, 1862-1892 (Milan, 1969).
AMÉRIQUE LATINE. D. Abad de Santillan, Ricardo Flores Magón el apostol de la Revolución social mexicana (Mexico, 1925). / Federación anarquista del Perú, El Anarcosindicalismo en el Perú (Mexico, 1961). / M. Gonzalez Prada, Horas de lucha (Lima, 1964).

Quelques dates essentielles

juillet 1868

Bakounine adhère à la section centrale de Genève de l’Internationale.

1872

Une section française de l’Association internationale des travailleurs (A. I. T.) est fondée à Buenos Aires.

avril 1877

Cafiero et Malatesta inaugurent dans la province de Bénévent (Italie) la propagande par le fait, leçon de choses de socialisme.

octobre 1880

Le congrès de la Fédération jurassienne, auquel participent Kropotkine, Élisée Reclus et Cafiero, se prononce pour le communisme anarchiste.

1882-1886

Incendies et attentats en Andalousie, attribués à la société secrète la « Mano Negra ». Sauvage répression.

1885

Arrivée de Malatesta en Argentine. Il va fonder les premières sociétés de résistance (1887).

1886

Aux États-Unis, cinq compagnons (George Engel, Adolph Fisher, Louis Lingg, Albert Richard Parsons, August Spies) sont exécutés. Ils avaient été accusés, faussement semble-t-il, de complicité avec ceux qui, début mai 1886, à Chicago, avaient lancé des bombes contre un détachement de police au cours de la grève qui suivit la manifestation du 1er mai pour l’obtention de la journée de 8 heures.

janvier 1891

Au congrès de Capolago, auquel participent Malatesta et Francesco Saverio Merlino, s’organise un parti socialiste anarchiste révolutionnaire, ouvert à tous les socialistes italiens. Un an plus tard, les anarchistes se séparent définitivement des socialistes.

1892-1894

Série d’attentats terroristes en France, avec Ravachol, Vaillant, Émile Henry, Caserio.

mai 1901

Congrès constituant de la F. O. R. A. (Federación Obrera Regional Argentina).

1904

Constitution à Lima de l’Unión de Trabajadores Panaderos, anarcho-syndicaliste.

1906

Programme du parti libéral, de Ricardo Flores Magón.

août 1907

Au congrès anarchiste international tenu à Amsterdam, opposition de Monatte, au nom du syndicalisme révolutionnaire, et de Malatesta, au nom de l’anarchisme.

13 octobre 1909

Exécution de Francisco Ferrer Guardia, à Montjuich.

octobre 1910 - septembre 1911

Création de la C. N. T. espagnole (Confederación Nacional del Trabajo), de tendance libertaire.

juin 1914

« Semaine rouge » d’Ancône, suivie d’une grève générale dans toute l’Italie. Malatesta lance en vain des appels à l’insurrection.

février 1915

Manifeste contre la guerre, signé notamment par Malatesta et Domela Nieuwenhuis.

14 mars 1916

Publication dans la Bataille du « Manifeste des Seize », signé par Kropotkine, Grave, etc., et favorable à l’union sacrée.

été 1918-1921