Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Guillaume III (suite)

Or, voici que, le 1er février 1701, Louis XIV a fait enregistrer par le parlement de Paris le maintien des droits de Philippe V d’Espagne à la couronne de France ; en même temps, des troupes françaises ont pris la place des garnisons hollandaises dans les forteresses de la Barrière ; le roi s’est fait accorder par son petit-fils le gouvernement de fait dans les forteresses de la Barrière. De plus, Philippe V octroie aux marchands français l’asiento, ou monopole de l’introduction des esclaves noirs dans les colonies espagnoles, privilège que possédaient jusque-là les Hollandais. Dès lors, Guillaume III, appuyé par le grand pensionnaire Anthonie Heinsius, réussit facilement à convaincre les états généraux des Provinces-Unies de prendre la tête de la Grande Alliance de La Haye (Empereur, Angleterre, Provinces-Unies), signée le 7 septembre 1701. Louis XIV ayant répliqué le 16 septembre — jour de la mort de Jacques II à Saint-Germain-en-Laye —, en reconnaissant Jacques III, son fils, comme roi d’Angleterre, Guillaume III et le peuple anglais, ouvertement bravés, se préparent activement à la terrible guerre dite « de la Succession d’Espagne ».

La mort inopinée de Guillaume III le 19 mars 1702 — des suites d’une chute de cheval — ne change rien à la détermination des coalisés. Mais, si Heinsius poursuit la lutte, l’ère du stathoudérat est close pour longtemps dans les Provinces-Unies, qui vont sortir épuisées de quarante ans de guerre. Quant à l’Angleterre des Hanovre*, elle va passer sans heurts et définitivement dans l’ère du parlementarisme.

P. P.

➙ Grande-Bretagne / Guillaume II / Hollande / Jacques II / Louis XIV / Orange-Nassau / Provinces-Unies.

 Letters of William III and Louis XIV and their Ministers (Londres, 1848 ; 2 vol.). / Archives ou Correspondance inédite de la maison d’Orange-Nassau, 1584-1688 (Utrecht, 1857-1862 ; 5 vol.). / Correspondentie van Willem III en van Hans Willem Bentinck (La Haye, 1927-1937 ; 5 vol.). / M. Bowen, William, Prince of Orange, 1650-1673 (Londres, 1928). / N. Japikse, Prins Willem III, de stathouder-koning (Amsterdam, 1930-1933 ; 2 vol.). / W. Gérard, Guillaume III d’Orange, William Rex conquérant de l’Angleterre (S. E. P. F. E., 1960). / S. B. Baxter, William III (Londres, 1966).

Guillaume Ier

(Berlin 1797 - id. 1888), roi de Prusse (1861-1888) et empereur allemand (1871-1888).


Deuxième fils de Frédéric-Guillaume III (1770-1840), roi de Prusse (1797-1840), et de la populaire reine Louise, il participe, enfant, aux humiliations de sa famille et au réveil de sa nation face à Napoléon. Capitaine en 1813, il accompagne son père dans la France envahie ; il reçoit la croix de fer au combat de Bar-sur-Aube. En juin 1815, il est dans l’armée de Blücher, qui, avec celle de Wellington, a définitivement raison de l’Empire français. Il commande une division en 1820 et la garde royale en 1825. Il épouse en 1829 Augusta de Saxe-Weimar (1811-1890), princesse aux tendances libérales et sympathique aux catholiques, qui, plus tard, incarnera à la Cour le parti antibismarckien. Le couple aura deux enfants : le futur Frédéric III (né en 1831) et Louise (née en 1838), qui épousera le grand-duc de Bade Frédéric Ier.

À la mort de son père, Frédéric-Guillaume III, et lors de l’avènement de son frère Frédéric-Guillaume IV (1840), Guillaume reçoit le titre de prince de Prusse. Conservateur en politique, il participe en 1848 à l’écrasement dans le sang des révolutionnaires berlinois (18 mars) ; en 1849, il conduit l’armée chargée d’étouffer la révolution badoise — ce qui lui vaut d’essuyer un attentat —, puis il est nommé gouverneur militaire de la Rhénanie-Westphalie. Cinq ans plus tard, il est feld-maréchal et gouverneur de Mayence.

Frédéric-Guillaume IV souffrant de troubles mentaux, Guillaume assure la régence à partir du 7 octobre 1858 ; le 2 janvier 1861, il devient le roi Guillaume Ier. Il n’a rien d’un Frédéric II, mais, convaincu de la vocation exceptionnelle de l’Allemagne et du rôle privilégié de la Prusse — notamment dans l’unité allemande —, il va s’entourer d’hommes capables d’atteindre ce but.

En premier lieu, décidé à doter la Prusse d’une armée efficace, il recourt aux services de von Roon (1803-1879), capable, comme ministre de la Guerre (1859), de la forger. Pour la diriger, il a nommé, au temps de sa régence, le général von Moltke* comme chef d’état-major général.

Cependant, il se heurte au Landtag, qui lui refuse les crédits nécessaires. Il songe à abdiquer, quand il appelle de Paris Bismarck*, qui devient ministre président de Prusse (sept. 1862) et qui obtient les crédits demandés. Désormais, l’action de Guillaume Ier et celle de Bismarck seront indissociables, malgré des divergences de caractère et de vues. On peut même dire que la forte personnalité du futur chancelier estompera celle du roi.

Il semble que Guillaume Ier ait été, en politique étrangère, beaucoup moins résolu que Bismarck, pour qui tous les moyens étaient bons lorsqu’il s’agissait d’atteindre le but : l’unité allemande réalisée autour de la Prusse. Ainsi, après la guerre des Duchés (1864-65), le roi, impressionné par le prestige des Habsbourg, hésite à se rendre aux raisons de Bismarck, qui réussit, cependant, à provoquer un conflit avec l’Autriche. Mais, après Sadowa (3 juill. 1866), Bismarck, soucieux de ménager le vaincu, retient difficilement le roi, qui veut opérer des annexions à ses dépens.

En 1870, Guillaume Ier essaie d’éviter la guerre avec la France ; il accepte que la candidature de Léopold de Hohenzollern soit retirée, comme le demande la France, mais, Bismarck ayant tiré parti des déclarations du roi à l’ambassadeur Benedetti (dépêche d’Ems), le conflit franco-prussien éclate. Quand Guillaume Ier quitte Berlin pour l’armée, le 31 juillet 1870, toute la nation est derrière lui. Le roi assiste de Versailles, où est le quartier général, au siège de Paris ; le 18 janvier 1871, il est proclamé empereur d’Allemagne dans la galerie des Glaces. Le 21 mars, il inaugure le Parlement allemand ; le 16 juin, il entre triomphalement à Berlin.