Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gros (Antoine)

Peintre français (Paris 1771 - Meudon 1835).


Fait baron en 1825 par Charles X, il est ordinairement appelé le « baron Gros ». Son père était peintre en miniatures et sa mère pratiquait le dessin ; ce fut dans la collection qu’ils possédaient que l’enfant fit sa première éducation d’artiste.

Dès sa quinzième année, il fréquente l’atelier de Louis David*, qui le considère comme son meilleur élève. Grâce à l’appui de son maître, il obtient un passeport pour l’Italie, où il demeurera jusqu’en 1800. À Gênes, en 1796, il est pris en amitié par Joséphine de Beauharnais, devenue, cette année-là, l’épouse du général Bonaparte. Gros, qui a atteint l’âge de la conscription, la suit à Milan pour y être présenté à celui-ci, qui le nomme inspecteur aux revues, puis membre de la commission chargée de choisir les œuvres d’art que les traités concédaient à la République. À la faveur de ses fonctions, il prend contact avec les chefs-d’œuvre de la Renaissance italienne, mais c’est principalement de Rubens qu’il s’éprend. Entre-temps, il peint des portraits, et surtout Bonaparte franchissant le pont il’Arcole (musée du Louvre).

Après avoir été bloqué à Gênes par la guerre, il est de retour en France en 1800. Il s’installe dans le jeu de paume de Versailles, et c’est là qu’il composera ses chefs-d’œuvre. Avec les Pestiférés de Jaffa (Louvre), il remporte un triomphe au Salon de 1804 ; rompant avec l’enseignement de David, Gros choisit un sujet moderne et non pas antique, qu’il élèvera jusqu’à l’idéal avec la Bataille d’Aboukir (Salon de 1806, musée de Versailles) ; il manifeste sa maîtrise dans la représentation animée du cheval, ainsi qu’une générosité de pâte et une fougue dans le coloris qui annoncent le romantisme et que Delacroix*, en particulier, admirera. De cette magistrale production napoléonienne fait également partie le Champ de bataille d’Eylau (Salon de 1808, Louvre).

L’Empereur, en 1811, l’a chargé de décorer la coupole du Panthéon. Gros y travaillera douze ans, sans recueillir ni mériter les applaudissements de ses précédents admirateurs ; on reproche à cet ouvrage une exécution moins libre et aussi d’être mal adapté au cadre architectural. Sous la Restauration, Louis David, exilé, charge Gros de diriger son atelier, par lequel passeront plus de deux cents élèves. Il lui écrit : « Feuilletez votre Plutarque » et « renoncez aux tableaux de circonstance ». Gros, désormais, refusera les « sujets de bataille » que l’on persiste à lui recommander. Il est élu en 1816 membre de l’Institut et peint opportunément Louis XVIII quittant les Tuileries le 20 mars 1815 (Versailles). Il exécute en 1819 deux lithographies et notamment Chef mameluck appelant à l’aide, dont Delacroix s’inspirera ; celui-ci, pour ses débuts, en 1822, a envoyé au Salon son Dante et Virgile. Gros s’écrie : « C’est du Rubens châtié », fait recevoir le tableau et ordonne qu’on l’encadre à ses frais.

Au Salon de 1827 paraît son Portrait équestre de Charles X. En 1830, ses fameuses Batailles sont tirées des réserves, pour être exposées au Luxembourg. Mais, si la jeunesse s’enthousiasme encore, la critique est sévère. Au Salon de 1835, Gros se renie en exposant un Hercule et Diomède (musée de Toulouse). Il n’en supporte pas le total insuccès et se suicide, par noyade, à Meudon.

Outre le Louvre et le musée de Versailles, de nombreux musées français conservent ses œuvres, tels ceux de Nantes (le Combat de Nazareth), de Nice (Portrait de l’impératrice Joséphine), de Toulouse (Autoportrait), de Troyes (le Geôlier du fils de Louis XVI).

M. G.

 H. Lemonnier, Gros (Laurens, 1905). / R. Escholier, Gros, ses amis, ses élèves (Floury, 1936).

grossesse

État particulier de la femme dont la durée s’étend entre le moment de la fécondation et le moment de l’accouchement.



Physiologie de l’œuf

La fécondation marque le début de la grossesse, ou gestation ; elle précède la nidation et le développement de l’œuf. Celui-ci comporte d’une part des annexes assurant son maintien dans la cavité utérine, d’autre part le fœtus lui-même. La fécondation, ou fusion du spermatozoïde et de l’ovule, a lieu normalement dans la portion ampullaire (large) de la trompe. Elle se produit entre le 12e et le 14e jour après le début des règles, pratiquement contemporaine de l’ovulation. Aussitôt après la pénétration, la tête du spermatozoïde se tuméfie et se transforme en pronucléus mâle (par opposition au pronucléus femelle, ou noyau de l’ovule). Les deux pronucléus émigrent à l’un des pôles de la cellule et se fusionnent au cours de la première mitose de segmentation. Chacune des 23 paires de chromosomes que reconstitue cette fusion comporte un élément d’origine maternelle et un élément d’origine paternelle. En ce qui concerne les chromosomes* sexuels, elle aboutit donc soit à la formule XX, soit à la formule XY. L’œuf, après la fécondation, effectue alors une migration dont la durée s’étale sur 5 à 7 jours. Dans la portion restante de la trompe, c’est la combinaison des mouvements des cils vibratiles, des mouvements péristaltiques et d’un courant liquidien qui assure sa progression pendant 3 ou 4 jours. L’œuf, ayant atteint la cavité utérine, y reste libre pendant 2 ou 3 jours, avant de se fixer à l’intérieur de la muqueuse, en effectuant sa nidation. Ainsi, dans les conditions ordinaires, la nidation s’effectue quelques jours avant la date à laquelle devrait survenir la menstruation, vers le 22e jour du cycle. Au moment où l’œuf pénètre dans la cavité utérine, il est nu et dépourvu de toute enveloppe ; l’activité sécrétoire de la muqueuse utérine est à son apogée. Dans un premier temps, l’œuf, arrêté par un des nombreux plis de cette muqueuse, s’accole à elle pour se nourrir du produit de sécrétion des glandes. Dans un second temps, il pénètre la muqueuse par effraction et se nide à proprement parler. Le succès de la nidation réside dans l’équilibre entre deux processus antagonistes : l’agressivité de la partie périphérique de l’œuf (trophoblaste) et la résistance de la muqueuse, transformée en caduque sous l’action de la progestérone sécrétée par le corps jaune de l’ovaire. Dès lors, l’œuf humain va s’organiser de façon à aboutir progressivement à sa constitution définitive, où s’opposent d’une part l’embryon et d’autre part ses annexes (placenta, membranes et cordon ombilical). Dans les premiers stades, l’œuf est caractérisé par l’importance des enveloppes et les faibles dimensions de l’embryon. À mesure que la grossesse évolue, on assiste à un changement progressif du rapport de ces éléments.