Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Acadie (suite)

Pendant les années suivantes, des partis militaires traquèrent les fugitifs cachés dans les bois. On estime que, vers 1760, sur une population de 14 000 à 15 000 Acadiens, environ 5 000 à 6 000 avaient essaimé dans les colonies américaines, d’où quelques centaines réussirent à gagner la Louisiane ; 3 000 ou 4 000 avaient été transportés en France, où ils végétèrent dans les ports ; environ 1 000 demeuraient prisonniers dans les forts de Halifax, de Cumberland et d’Edwards ; plus de 1 500 étaient morts, noyés en mer ou victimes de la faim, du froid ou des épidémies ; les autres demeuraient cachés dans les bois ou s’étaient retirés vers Québec et les îles Miquelon.

Après le traité de Paris (1763), qui céda le Canada à l’Angleterre, les Acadiens demeurés en Nouvelle-Écosse comme prisonniers de guerre furent employés à des travaux publics, puis graduellement relâchés. D’autres revinrent du Québec, des États-Unis, de Miquelon et même de France. Sans aucun droit reconnu, privés même du droit de propriété, en tant que papistes, ils travaillèrent comme manœuvres ou s’installèrent dans des endroits reculés. Peu à peu ils se regroupèrent sur les rives du golfe, à la baie des Chaleurs, à la baie Sainte-Marie et dans la région de Memramcouk, où ils obtinrent des concessions de terres.

Des missionnaires canadiens, quelques Écossais et Irlandais, et des prêtres expulsés de France par la Révolution vinrent s’occuper d’eux et créèrent les premières paroisses. Des esprits généreux, comme Thomas Chandler Haliburton et Mgr Walsh, s’intéressèrent à leur sort. Un poète américain, H. W. Longfellow, raconta leur histoire dans un poème romancé, Evangéline (1847). Des écoles, puis un premier collège (1857) furent fondés, d’où sortirent bientôt une élite instruite, un clergé, des instituteurs, des professionnels, des députés. Comme ils croissaient rapidement, grâce à une forte natalité, les Acadiens commencèrent à exercer une influence politique et à revendiquer leurs droits. De cette époque date ce qu’on a appelé la « Renaissance acadienne ».

Aujourd’hui, les Acadiens comptent environ 350 000 âmes dans les provinces atlantiques du Canada : Nouveau-Brunswick (où ils constituent 40 p. 100 de la population), Nouvelle-Écosse, île du Prince-Édouard, Terre-Neuve. Il s’en trouve aussi des groupes importants en Louisiane et dans diverses régions du Québec, et quelques-uns de leurs descendants vivent encore en France, où deux colonies avaient été fondées, à Belle-Île-en-Mer et en Poitou, pour accueillir les réfugiés. L’Acadie et les Acadiens, bien que n’ayant pas d’existence politique comme tels, forment cependant au Canada une entité ethnique particulière, distincte du Québec, dont la survie et les progrès, dans des circonstances très difficiles, provoquent l’admiration.

R. B.

➙ Canada.

 E. Rameau de Saint-Père, Une colonie féodale en Amérique : l’Acadie (1604-1881 ) [E. Plon, Nourrit et Cie, 1889 ; 2 vol.]. / E. Lauvrière, la Tragédie d’un peuple (Bossard, 1923 ; 2 vol.). / J. B. Brebner, New England’s Outpost, Acadia before the Conquest of Canada (New York, 1927). / A. Bernard, Histoire de la survivance acadienne, 1755-1935 (Montréal, 1935). / R. Rumilly, Histoire des Acadiens (Montréal, 1955). / E. Leblanc, les Acadiens (Montréal, 1963).

Acariens

Animaux de petite taille, appartenant à la classe des Arachnides, à corps généralement globuleux et sans segmentation apparente. Les Acariens se rencontrent dans tous les milieux et ont une biologie très variée ; un bon nombre d’entre eux sont parasites de l’homme, des animaux et des végétaux.



Acariens parasites de l’homme

Ils figurent parmi les meilleurs vecteurs de maladies parasitaires, en raison de leur longévité, de leur résistance et de leur aptitude à se transmettre héréditairement les infestations dont ils sont porteurs.

Parmi les Acariens psoriques cuticoles se situent les agents de diverses gales animales et de la gale humaine, les Sarcoptes. En fait, chaque variété de Sarcopte est responsable d’une gale spécifique. C’est ainsi que, seul, Sarcoptes scabei, en creusant l’épiderme, produit des lésions de la gale* humaine. Au même groupe appartiennent les Démodécidés, dont Demodex folliculorum, responsable des comédons sur les peaux acnéiques ou séborrhéiques. On le trouve dans les glandes sébacées et les follicules pileux.

Les autres Acariens parasites sont hématophages. Pour la plupart, ils transmettent des rickettsioses* exanthématiques ou non, des fièvres récurrentes à spirochètes, des viroses et provoquent par eux-mêmes diverses manifestations.

Les Tiques sont hématophages à tous les stades. Parmi elles, certaines variétés d’Ixodidés (Ixodes, Dermacentor rhipicephalus) sont des commensaux habituels des chiens, aux oreilles desquels elles s’attachent. Ces Tiques, dures et reconnaissables à un écusson dorsal, provoquent chez l’homme de pénibles piqûres pouvant suppurer et surtout se compliquer d’accidents paralytiques (paralysie ascendante à Tiques). De plus, elles peuvent transmettre des méningo-encéphalites, la tularémie et plusieurs rickettsioses : fièvres pourprées américaines, fièvre boutonneuse du littoral méditerranéen, fièvre du Queensland et fièvre à Tiques (tick fever). Cette dernière maladie est caractérisée par une fièvre élevée, une éruption pétéchiale et une escarre d’inoculation. Les Argasidés, ou Tiques molles, sont, elles, dépourvues d’écusson dorsal. Le genre Argas n’est pas pathogène pour l’homme. En revanche, les Ornithodores transmettent des borrelioses, ou fièvres récurrentes. (V. spirochétose.)

Dans la famille des Gamasidés méritent d’être individualisés d’une part les Dermanysses, déterminant des lésions urticariennes et vecteurs de méningo-encéphalites (encéphalite de Saint-Louis), d’autre part Allodermanyssus sanguineus, agent vecteur d’une rickettsiose varicelliforme (Rickettsia pox).