Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grande-Bretagne (suite)

De nombreux artistes ont donné à la peinture de genre, durant cette période, des prolongements de qualité. Animalier exact et brillant, George Stubbs (1724-1806) est le spécialiste des portraits de chevaux. Joseph Wright (1734-1797) a notamment fixé certains aspects de la révolution industrielle. Les dessins de T. Rowlandson* composent une chronique irrévérencieuse de la vie anglaise. George Morland (1763-1804) peint, comme après lui David Wilkie (1785-1841), des scènes inspirées des maîtres flamands et hollandais.

La tentation littéraire est particulièrement forte à l’heure du romantisme*, Henry Fuseli (Johann Heinrich Füssli, 1741-1825), originaire de Suisse, met un langage néo-classique au service de sujets tirés de Shakespeare ou inspirés de cauchemars. William Blake* tente d’exprimer le surnaturel dans ses dessins ou eaux-fortes aquarellés qui illustrent la Bible, Dante, Milton ou ses propres poèmes ; Samuel Palmer (1805-1881), recueillant son message, unira le naturalisme à l’intensité de la vision intérieure.


L’époque victorienne

Sous le long règne de Victoria, l’art britannique sacrifie largement à l’éclectisme qui triomphe en Europe. L’architecture obéit aux deux grands mouvements simultanés du néo-classicisme et du renouveau gothique ; mais l’on trouve aussi des pastiches du style Tudor, surtout dans la construction privée, de la Renaissance italienne et française ou d’autres styles. L’architecture de fer* connaît son triomphe avec le Crystal Palace, élevé à Londres en 1851.

L’éclectisme règne aussi dans la peinture officielle. Edwin Landseer (1802-1873), par exemple, se fait une célébrité en peignant des animaux sur un mode sentimental. Cette esthétique superficielle suscite par réaction le mouvement archaïsant et moralisateur des préraphaélites*. Leur idéal élevé les portait à charger leurs compositions de symboles, au détriment parfois de la qualité artistique. C’est ce que comprit l’Américain J. Whistler*, qui, par sa manière plate et sa recherche des harmonies colorées, affirma les droits de l’art pour l’art. Cependant, de la rénovation des arts et métiers menée par William Morris (1834-1896) et du préraphaélisme découle la contribution de la Grande-Bretagne à l’Art* nouveau, essentiellement à travers l’école de Glasgow*.

B. de M.


Le xxe siècle


Peinture

L’extrême réticence de la Grande-Bretagne à rallier le camp de l’art moderne (sauf en ce qui concerne la filiation du préraphaélisme à l’Art nouveau) se marque d’abord par le retard avec lequel est accueilli l’impressionnisme, qu’illustrent Walter Sickert (1860-1942) et Philip Wilson Steer (1860-1942), Ambrose Mac Evoy (1878-1927), Duncan Grant (né en 1885) et Augustus John (1878-1961) tentent d’accommoder la leçon impressionniste avec la tradition réaliste, laquelle se pare de quelque naïveté chez L. S. Lowry (né en 1887) et Stanley Spencer (1891-1959). Le premier mouvement d’avant-garde, à la veille de la Première Guerre mondiale, sera le vorticisme*, animé par Wyndham Lewis (1884-1957) sur des positions voisines de celles du futurisme. Mais l’art abstrait n’y fera, entre les deux guerres, que trois adeptes : Paule Vezelay (née en 1893), John Piper (né en 1903) et Ben Nicholson* ; et encore ce dernier procède-t-il du cubisme et de la peinture « métaphysique ». Le surréalisme, au contraire, y connaîtra l’écho le plus profond à partir de 1936, avec Eileen Agar (née en 1901), John Banting (né en 1902), Leonora Carrington (née en 1917), Humphrey Jennings (1907-1949), E. L. T. Mesens (Belgique 1903 - Londres 1971), Paul Nash (1889-1946), Roland Penrose (né en 1900), etc. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, on constate d’une part une recrudescence du courant réaliste, qui va de la froideur photographique de Lucian Freud (né en 1922) et de Rodrigo Moynihan (Canaries 1910) à l’expressionnisme diversement tourmenté de Francis Bacon*, de Graham Sutherland (né en 1903), de Frank Auerbach (Allemagne 1911), de Sidney Nolan (Australie 1917) ; d’autre part, un développement de l’art abstrait qui affecte également, derrière Victor Pasmore (né en 1908), l’aile géométrique, avec Anthony Hill (né en 1930), Bridget Riley (né en 1931), Richard Smith (né en 1931), ou, avec Ceri Richards (né en 1903), William Scott (né en 1913), Roger Hilton (né en 1911), Terry Frost (né en 1917), Alan Davie (né en 1920) et Bernard Cohen (né en 1933), l’aile lyrique. Enfin, le pop’art y trouve dès 1955 son appellation et son domaine propres grâce à Richard Hamilton (né en 1922), Peter Blake (né en 1932), R. B. Kitaj (États-Unis 1932), Allen Jones (né en 1937), Peter Phillips (né en 1939), Patrick Caulfield (né en 1936), par rapport auxquels Derek Boshier (né en 1940) et David Hockney (né en 1937) semblent faire figure de maniéristes décadents. Plus récemment sont apparues une tendance surréalisante (David Oxtoby, né en 1938 ; Bert Kitchen, né en 1940) et une abstraction chromatique où se distinguent John Hoyland (né en 1934) et John Walker (né en 1939). S’il fallait désigner les plus importants des peintres britanniques du xxe s., le choix se circonscrirait vraisemblablement aux noms de Bacon, Nicholson, Pasmore, Davie et Jones.


Sculpture

La sculpture moderne est inaugurée en Grande-Bretagne par le Français Henri Gaudier-Brzeska (1891-1915) et l’Américain Jacob Epstein (1880-1959) [Rock Drill, 1913]. Entre 1920 et 1930, c’est le règne du modérantisme d’Eric Gill (1882-1940) et de Frank Dobson (1888-1963). Deux sculpteurs de premier plan, Henry Moore* et Barbara Hepworth*, vont s’imposer au cours de la décennie suivante, au carrefour de l’influence des arts primitifs (Afrique et Mexique précolombien), de Brâncuşi et du surréalisme. Naum Gabo séjourne en Angleterre de 1936 à 1946, et peut-être son exemple encourage-t-il des peintres abstraits comme Nicholson ou Pasmore à s’orienter vers la sculpture. Sensiblement comme dans le domaine pictural, deux courants, l’un expressionniste, l’autre abstrait-géométrique, se manifestent parmi les sculpteurs après la Seconde Guerre mondiale. Reg Butler (né en 1913), Lynn Chadwick (né en 1914), Bernard Meadows (né en 1915), Kenneth Armitage (né en 1916), William Turnbull (né en 1922), Hubert Dalwood (né en 1924), Leslie Thornton (née en 1925), Elisabeth Frink (née en 1930), Ivor Abrahams (né en 1935), Michael Sandle (né en 1936), Barry Flanagan (né en 1941) illustrent la tendance expressionniste, très proche des terreurs élémentaires et faisant volontiers appel aux ressources émotives du matériau. Nés tous deux en 1924, Anthony Caro et Eduardo Paolozzi, après avoir représenté avec force cette première tendance, vont se faire, vers le début des années 60, les prophètes de la tendance opposée qui, d’abord appuyée sur les sages travaux de Kenneth Martin (né en 1905), de Stephen Gilbert (né en 1910) et de Robert Adams (né en 1917), va dès lors connaître un rajeunissement sensible, dû à l’emploi de la couleur et à une plus grande audace dans les combinaisons formelles. Autour de Phillip King (né en 1934), Michael Bolus (né en 1934), William Tucker (né en 1935), David Annesley (né en 1936), Derrick Woodham (né en 1940) constituent une brillante équipe de sculpteurs qui échappent aux catégories strictes du minimal* art et des structures primaires.